Monsieur Sepp Blatter
Président de la Fédération Internationale de Football
FIFA-Strasse 20
8044 Zürich
Suisse
Objet : Racisme dans le football israélien.
Paris, le 06 février 2012
Monsieur le Président,
Vous êtes intervenus à plusieurs occasions en 2012 à propos du football palestinien,
En mai d’abord pour demander à Israël de libérer Mahmoud Sarzak emprisonné sans aucun acte d’accusation, en détention administrative depuis 2 an et en grève de la faim pendant 3 mois, pour obtenir sa libération.
En novembre lors de la destruction du stade de Gaza par l’aviation israélienne. A cette occasion vous aviez déclaré : « Je suis très touché parce que je pense que les gens jouent au football parce que le football relie les gens et le football donne de l’espoir. C’est pourquoi détruire quelque chose qui a été fait pour le football me blesse personnellement. » Et vous décidez d’intervenir dans la reconstruction de ce stade. Ce n’était pas la première fois qu’il était visé par des bombardements aveugles israéliens.
Aujourd’hui ce qui amène l’Association France Palestine Solidarité à vous interpeller, c’est le racisme qui gangrène une partie du football israélien. Nous suivons depuis longtemps ce fléau contre lequel la FIFA s’est depuis longtemps levée au point d’inscrire dans ses statuts (article 3) : « Toute discrimination d’un pays, d’un individu ou d’un groupe de personnes pour des raisons d’ethnie, de sexe, de langue, de religion, de politique ou pour toute autre raison est expressément interdite, sous peine de suspension ou d’exclusion ».
L’exemple de ce qui se passe dans certains clubs israéliens et en particulier le Beitar de Jérusalem est édifiant. Nous sommes déjà intervenus largement sur ce sujet auprès de l’UEFA en 2012, sans la moindre réponse de leur part.
C’est un article du journal l’Equipe du 27 janvier qui nous interpelle : « Le Beitar Jérusalem provoque la colère de ses supporters, vent debout contre le projet du propriétaire du club de recruter deux joueurs musulmans, affirmant que l’équipe doit rester « pure ». Les médias israéliens rapportaient samedi qu’Arkady Gaydamak, propriétaire russo-israélien du club, avait décidé de recruter deux joueurs tchétchènes de l’équipe russe Terek Grozny. Lors d’un match samedi soir, certains fans ont scandé des slogans racistes tels que « Aucun arabe ne marchera ici », agitant des banderoles « Beitar pur pour toujours ». Le Beitar est réputé pour avoir un noyau dur de supporters farouchement anti-arabes, dont le comportement a par le passé entraîné des sanctions à l’encontre du club » (L’Equipe du 27 janvier 2013).
Le journal israélien Haaretz expliquait le vendredi 1 février que 150 supporters du Beitar se sont présentés lors d’une séance d’entrainement et ont commencé à insulter et cracher sur les deux nouveaux joueurs tchéchènes qui ont été obligés de quitter le stade sous la protection de la police et des gardes du corps.
Revenant sur cette agression, Avraham Burg , ancien président de la Knesset, lors d’une conférence à Tel Aviv en janvier 2013, reprochait à l’IFA (Fédération israélienne) un laisser faire anormal l’avertissant que si elle ne faisait rien la FIFA agirait et prendrait des sanctions. Burg dénonce les supporters du Beitar Jérusalem qui ont brandit la demande de pureté (ethnique) de leur club. Il va plus loin et les compare avec ceux qui ont exterminé les juifs il y a 70 ans. Un autre conférencier ajoutait que « si par exemple 20% des joueurs de foot en Israël sont arabes et qu’il n’y en a aucun au Beitar Jérusalem alors il ne peut y avoir qu’une seule explication » (Associated Press le 30 janvier 2013). Comme l’ont exprimé d’autres conférenciers, la Fédération Internationale de Football doit confirmer ses positions contre le racisme et agir en lieu et place de la Fédération israélienne.
Dans l’attente de votre réponse, nous vous adressons, Monsieur le Président, nos salutations les plus distinguées.
Yves Goaër
Membre du Conseil National de l’AFPS
21 ter, rue Voltaire
75011 Paris