Photo : Des colons attaquent les agriculteurs palestiniens lors de la récolte des olives, Hébron, Cisjordanie occupée, 12 octobre 2025 © Mosab Shawer / Activestills
Israël doit tenir dimanche des audiences pour 27 activistes étrangers menacés d’expulsion après être venus aider les habitants palestiniens à récolter les olives dans le village de Burin, près de Naplouse.
Les activistes, détenus au centre de détention de Givon, dans le centre d’Israël, ont été arrêtés jeudi et devraient être expulsés à l’issue d’une audience avec le service de l’immigration.
Cinq autres militants ont été arrêtés au même moment ; leurs audiences d’expulsion ont eu lieu vendredi, mais on ne sait pas encore s’ils ont été expulsés.
Au total, 32 personnes ont été arrêtées après que la police a déclaré que la zone où elles travaillaient était une zone militaire fermée. L’armée israélienne a déclaré que les activistes étaient entrés dans les oliveraies sans autorisation préalable et avaient refusé de s’identifier ou de quitter les lieux lorsqu’on leur avait demandé.
Les activistes viennent du Royaume-Uni, d’Italie, de France, d’Allemagne, de Grèce, des États-Unis et d’Irlande. Ils ont fait valoir que l’ordre militaire déclarant la zone de récolte des olives et toutes les terres du village zone militaire fermée était inhabituel, car il n’y avait eu aucun affrontement avec les colons. Selon les activistes, après la publication de l’ordre, ils ont quitté les oliveraies et se sont rendus dans des maisons palestiniennes, où ils ont été arrêtés par l’armée, qui a déclaré que l’ordre s’appliquait également à cet endroit.
Au départ, la police a arrêté sept activistes portant des symboles liés à l’Union des comités de travail agricole (UAWC), un groupe palestinien que Israël considère comme une organisation terroriste. Les autres ont d’abord été classés comme simplement « détenus », mais les autorités ont ensuite décidé de les expulser tous, même ceux qui ne portaient aucun symbole. L’UAWC a été qualifiée d’organisation terroriste en 2021 par le ministre de la Défense de l’époque, Benny Gantz, en tant que branche du Front populaire de libération de la Palestine. En 2022, neuf pays européens ont déclaré qu’ils continueraient à coopérer avec elle, invoquant l’insuffisance des preuves fournies par Israël pour justifier un changement de politique.
L’avocate Lea Tsemel, qui fournit des conseils juridiques aux militants aux côtés de l’avocate Inbar Vardi, a déclaré à Haaretz qu’« il s’agit d’un incident très inhabituel par rapport aux années précédentes ». Elle a ajouté que l’ordre militaire avait probablement été émis « en sachant que des militants étrangers viendraient aider à la récolte des olives ». Elle a ajouté : « Il est clair pour moi que cet ordre était un prétexte pour empêcher les étrangers d’aider les Palestiniens ou de leur témoigner leur solidarité, et il n’y avait aucune raison de croire que leur présence constituait une menace pour la sécurité, comme le prétend l’ordre. »
Un autre militant familier avec l’affaire a déclaré que cet ordre semblait être une manœuvre militaire délibérée visant à éloigner les militants étrangers, sans qu’il y ait eu de provocation de leur part.
Le militant a ajouté que l’ordre s’appliquait à l’ensemble du village, y compris aux zones urbanisées, obligeant ainsi les militants à enfreindre une directive militaire afin d’être expulsés. « Ils ont fermé les zones urbanisées du village afin d’expulser les activistes étrangers et d’essayer d’effacer la réalité de la dépossession et de l’expulsion », a-t-il déclaré. Tsemel a souligné que « l’ordre n’avait été publié qu’en hébreu, une langue que les étrangers ne peuvent pas lire ».
Selon les avocats, aucun fonctionnaire ne les a informés de la situation des activistes depuis vendredi matin. « Je ne sais toujours pas s’ils ont été ou seront expulsés », a déclaré Tsemel. « On m’a promis que je serais informée de la décision finale, mais je n’ai reçu aucune nouvelle. Il n’y a pas de politique claire. » Elle a ajouté que même les policiers avec lesquels elle s’était entretenue à l’aéroport Ben Gourion après avoir interrogé certains des détenus « ne savaient pas exactement ce qui se passait ».
Tsemel a déclaré que les activistes étaient venus en Israël pour des raisons religieuses et pour faire du bénévolat en Cisjordanie. « À un moment où Israël tente de se remettre de sa crise diplomatique, choisir d’expulser des activistes étrangers comme ceux-ci est une grave erreur. Cet incident pourrait ternir la réputation d’Israël et même alimenter l’antisémitisme », a-t-elle ajouté.
L’armée israélienne a déclaré : « Jeudi, des dizaines de ressortissants étrangers, dont certains arboraient des symboles associés au Front populaire de libération de la Palestine, sont arrivés sans coordination préalable, comme cela était requis, sur le site de la récolte des olives de la division de Samarie. L’armée israélienne et les forces de police ont été dépêchées sur place pour disperser le rassemblement et ont arrêté les personnes qui refusaient de s’identifier, de partir et qui perturbaient l’ordre public. La zone a été déclarée zone militaire fermée afin de disperser le rassemblement. »
L’armée israélienne a ajouté que « la récolte coordonnée des olives devrait commencer le 19 octobre, sauf dans des cas particuliers, et que la coordination est limitée aux seuls propriétaires fonciers palestiniens ».
Traduction : AFPS