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Accueil > Informations > Analyses > Israël prépare la plus grande opération de « nettoyage archéologique » jamais réalisée en Cisjordanie
Analyses
vendredi 12 décembre 2025
+972 Magazine par Alon Arad

Israël prépare la plus grande opération de « nettoyage archéologique » jamais réalisée en Cisjordanie

Subordonnant la valeur scientifique à l’expansion coloniale, les archéologues israéliens n’opposent aucune résistance alors que l’État s’apprête à exproprier des pans entiers de Sebastia.

Photo : La cité antique de Sebastia, au nord de Naplouse en Cisjordanie occupée, 2018 © Bukvoed

Alors que les habitants de Sebastia, un village palestinien situé au nord de Naplouse, en Cisjordanie occupée, se réunissaient en urgence pour discuter d’un nouveau projet israélien visant à s’emparer d’une partie importante de leur village sous prétexte de « développer » son site archéologique, les archéologues israéliens se rassemblaient à Boston pour la 125e conférence annuelle de l’American Society of Overseas Research (ASOR).

Anciennement American School of Oriental Research, l’ASOR a remplacé la lettre « O » dans son nom en 2021 afin de signaler ostensiblement son éloignement de l’héritage colonial de l’archéologie et son orientation vers une recherche fondée sur un partenariat égalitaire avec les populations locales. Pour les archéologues israéliens, cependant, ce changement semble largement cosmétique : alors qu’ils assistaient à cette prestigieuse conférence – leur principale tribune pour cultiver des liens avec la communauté universitaire mondiale –, leur gouvernement s’employait à utiliser l’archéologie comme un outil pour maintenir son contrôle colonial sur les Palestiniens.

Le 19 novembre, l’administration civile israélienne a annoncé son intention d’exproprier 550 parcelles privées de Sebastia, soit environ 1 800 dunams (450 acres) de terres qui sont depuis des siècles au cœur des moyens de subsistance, du patrimoine culturel et de l’identité du village. Les habitants affirment que ce projet va dévaster l’agriculture locale, notamment en détruisant quelque 3 000 oliviers, dont certains sont centenaires.

Sebastia est indéniablement un site archéologique aux multiples facettes et d’une valeur extraordinaire. Autrefois ville de Samarie à l’âge du fer, capitale du royaume d’Israël, elle abrite les vestiges du palais du roi Achab, mis au jour dans les années 1930. Au Ier siècle avant notre ère, le roi Hérode du royaume de Judée a reconstruit la ville, laissant derrière lui un temple en l’honneur de son ami, l’empereur romain Auguste, près des ruines plus anciennes. Un théâtre romain bien conservé, une église byzantine et d’autres antiquités ont également été mis au jour dans la région.

Mais l’importance archéologique de Sebastia ne fait qu’accentuer la contradiction politique actuelle : alors que le site mérite d’être étudié avec soin, le fossé entre les engagements éthiques revendiqués par les archéologues israéliens et la violence d’État exercée au nom de l’archéologie pour justifier les mesures visant à annexer la Cisjordanie n’a jamais été aussi flagrant.

La prise de contrôle de Sebastia par Israël a commencé en mai 2023, lorsque le gouvernement a alloué 32 millions de NIS à la « restauration et au développement » du site. La campagne s’est intensifiée en juillet 2024, lorsque l’armée s’est emparée du sommet de Tel Sebastia (le point culminant du village, qui abrite ses vestiges archéologiques les plus importants) en invoquant de vagues « raisons de sécurité ». Peu après, le gouvernement a fait part de son intention de s’emparer d’une partie encore plus importante du village.

Les résidents palestiniens, en collaboration avec Emek Shaveh, l’organisation que je dirige, ont déposé une objection formelle auprès de l’administration civile, arguant que le droit international interdit l’utilisation de biens culturels à des fins militaires. Cette objection a finalement été rejetée.

Le ministre du Patrimoine, Amichai Eliyahu, a célébré l’expropriation en ligne. « Nous ne céderons plus notre héritage à des meurtriers », a-t-il écrit sur X le mois dernier. Eliyahu, fervent défenseur de l’annexion de la Cisjordanie et de la réinstallation des Juifs à Gaza, a ajouté : « C’est notre patrie historique ; nous ne quitterons jamais cet endroit. »

Bien que la zone actuellement visée par les fouilles se trouve techniquement dans la zone C (sous contrôle total d’Israël) et que la majeure partie du village construit de Sebastia se trouve dans la zone B (sous administration civile palestinienne et contrôle sécuritaire israélien), dans la pratique, les deux zones forment un seul et même paysage continu. Les antiquités du village sont historiquement et culturellement indissociables de celles situées dans la zone C.

Le nouveau plan d’expropriation menace de rompre complètement ce lien. Il prévoit de détourner les visiteurs israéliens vers une route que les colons ont l’intention de construire et qui contourne complètement le village palestinien, et comprend la construction d’un centre d’accueil des visiteurs, la clôture de la zone archéologique et la mise en place de droits d’entrée. Si elles sont mises en œuvre, ces mesures couperaient effectivement les habitants de Sébaste de leurs terres et de leur patrimoine.

L’archéologie au service de l’annexation

L’utilisation par Israël de l’archéologie pour faciliter la prise de contrôle des terres palestiniennes – une pratique que l’on peut qualifier à juste titre de « nettoyage archéologique » – est bien antérieure à Sebastia. Depuis des décennies, l’État déploie cette stratégie à la fois à l’intérieur des frontières de 1948 et à travers la Cisjordanie : dans le parc de la Cité de David à Jérusalem-Est, dans le village de Susya dans les collines du sud d’Hébron, dans le parc national de Nabi Samwil, à Shiloh et dans de nombreux autres sites.

Une grande partie de la communauté archéologique israélienne a abandonné les principes professionnels fondamentaux et les normes éthiques visant à faire respecter le droit international et à protéger le patrimoine culturel. Beaucoup ont collaboré ouvertement avec les dirigeants des colonies et les autorités israéliennes chargées de l’application de la loi, fournissant à la fois une couverture idéologique et une infrastructure physique pour l’expansion des colonies. Pas plus tard que l’année dernière, plusieurs archéologues locaux ont participé à une conférence à Jérusalem organisée par le ministre du Patrimoine, Eliyahu, certains acceptant même des hébergements à l’hôtel financés par le gouvernement.

La communauté archéologique israélienne a toujours refusé de mener une réflexion interne sérieuse sur les implications éthiques de son travail. Pendant des années, ses chercheurs ont ignoré les débats fondamentaux sur les lieux où les fouilles peuvent être légitimement menées et dans quelles conditions, malgré les avertissements répétés, les rapports politiques et les résolutions des principaux organismes internationaux – notamment l’UNESCO, la Commission d’enquête indépendante des Nations unies et la Cour internationale de justice – exhortant Israël à mettre fin à ses activités archéologiques dans les territoires occupés.

Dans ce contexte, l’archéologie à Jérusalem-Est et en Cisjordanie a depuis longtemps perdu sa valeur scientifique objective. L’engagement de cette discipline à étudier le passé afin d’approfondir la compréhension humaine a été subordonné à un projet politique de suprématie juive, dans lequel l’archéologie est utilisée comme un outil de contrôle territorial. Plutôt que de défendre l’intégrité de leur domaine, de nombreux archéologues israéliens sont devenus une extension de l’appareil politique de l’État.

À l’approche de la conférence de l’ASOR, certains participants internationaux ont demandé que la participation des archéologues israéliens soit restreinte compte tenu de ces pratiques. Des débats similaires ont eu lieu en Europe, notamment au sein de l’Association européenne des archéologues (EAA), où certains membres ont proposé de n’autoriser la participation des chercheurs israéliens que s’ils renonçaient à leur affiliation institutionnelle.

Plutôt que de répondre à ces critiques de fond, de nombreux archéologues israéliens ont recours à l’argument de l’antisémitisme et se présentent comme des victimes perpétuelles. Cette attitude empêche toute discussion constructive sur les questions éthiques fondamentales : la légitimité des fouilles dans les territoires occupés contre la volonté des communautés locales et en violation du droit international ; la collaboration avec les organisations de colons ; et les conditions dans lesquelles une recherche éthique en Israël pourrait encore être possible.

La dissonance entre les archéologues israéliens qui présentent leurs travaux à Boston tout en participant à l’appropriation de Sébaste illustre pourquoi leurs collègues internationaux sont de moins en moins disposés à collaborer avec eux. En ignorant les normes internationales et en s’alignant sur ceux qui utilisent l’archéologie comme une arme pour déplacer et déposséder des populations, ils sapent leur propre crédibilité scientifique.

La Cisjordanie compte plus de 6 000 sites archéologiques connus. N’importe où ailleurs, une telle richesse serait considérée comme un trésor culturel. Mais pour les Palestiniens, elle est devenue une malédiction : chaque site – dont la majorité n’a aucun lien avec l’histoire juive dans la région – est traité comme un outil potentiel pour affirmer la domination territoriale. Les sites qui renferment des siècles d’histoire palestinienne sont détruits soit par une négligence systématique, soit par l’appropriation, puis utilisés dans le cadre d’un projet idéologique qui menace l’existence future des Palestiniens.

L’archéologie est devenue un mécanisme d’oppression supplémentaire, au même titre que la violence des colons et de l’armée, les restrictions de mouvement et les spoliations quotidiennes. Et tandis que les communautés palestiniennes résistent avec les maigres moyens dont elles disposent, les archéologues israéliens continuent de légitimer et de promouvoir ces forces.

Si les archéologues israéliens souhaitent conserver leur légitimité académique – et, plus important encore, cesser de participer à un projet colonialiste contraire à l’éthique –, ils doivent tenir compte des avertissements de leurs pairs internationaux et rejeter l’exploitation cynique de leur profession par l’État.

Alon Arad est archéologue et directeur exécutif d’Emek Shaveh, une ONG israélienne qui œuvre pour la défense des droits liés au patrimoine culturel et la protection des sites anciens en tant que biens publics appartenant à tous les membres de toutes les communautés, confessions et peuples.

Traduction : AFPS

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Mots clés

  • Colonies et colonisation
  • Politique et société palestiniennes
  • Fin de l’occupation israélienne de la Palestine
  • Reconnaissance de l’apartheid
  • Chronique de l’occupation
  • Justice pour la Palestine

Source

Publié par : +972 Magazine

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