Photo : Manifestation pour la commémoration de la Nakba, Londres, mai 2021
Une nouvelle législation adoptée par le Parlement britannique interdirait aux organismes publics de boycotter Israël. Le projet de loi, présenté par le ministre britannique en charge des communautés au Royaume-Uni - Michael Gove -, inclurairent les boycotts des Territoires palestiniens illégalement occupés ainsi que le plateau du Golan.
Le projet de loi faisait partie du manifeste 2019 du Parti conservateur.
« Il est tout simplement inadmissible que des organismes publics aient gaspillé le temps et l’argent des contribuables en poursuivant leur propre programme de politique étrangère », a déclaré M. Gove au Telegraph. « Le Royaume-Uni doit avoir une approche cohérente de la politique étrangère, définie par le gouvernement britannique ».
L’expression « organismes publics » désignent les institutions financées par l’État, telles que les universités et les conseils locaux.
Une coalition de près de 70 organisations de la société civile a publié une déclaration appelant le gouvernement britannique à mettre un terme à cette initiative. « Du boycott des bus contre la ségrégation raciale au retrait des entreprises de combustibles fossiles, - en passant par les embargos sur les armes pour lutter contre l’apartheid -, les campagnes de boycott, de désinvestissement et de sanctions ont été appliquées tout au long de l’histoire pour exercer une pression économique, culturelle ou politique sur un régime, une institution ou une entreprise afin de les contraindre à modifier des politiques abusives, discriminatoires ou illégales », peut-on lire dans la déclaration.
« Si elle est adoptée, cette loi étouffera un large éventail de campagnes relatives au commerce des armes, à la justice climatique, aux droits humains, au droit et à la solidarité internationaux avec les peuples opprimés en lutte pour la justice. La loi proposée représente une menace pour la liberté d’expression et la capacité des organismes publics et des institutions démocratiques à faire des dépenses, des investissements et du commerce de manière éthique, dans le respect du droit international et des droits humains. »
« En tant que personnes engagées dans la défense des droits humains et la résistance à l’oppression, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nous opposer à cette législation draconienne », a expliqué Shamiul Joarder, responsable des affaires publiques de l’association des Amis d’Al Aqsa (FOA), dans une déclaration à Mondoweiss. « Il s’agit d’une grave atteinte à nos droits fondamentaux et à notre capacité à défendre les droits humains, non seulement en Palestine, mais aussi dans le monde entier. Pour l’instant, le projet de loi n’en est qu’à ses débuts. En agissant rapidement tous ensemble, nous avons le pouvoir d’empêcher qu’il ne devienne une loi ». La FOA a lancé une campagne invitant les citoyens à contacter leurs députés pour qu’ils s’y opposent.
« Le boycott, le désinvestissement et les sanctions ont contribué à mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud. Ils seront également essentiels pour mettre fin au régime d’apartheid en Israël », a tweeté l’ancien dirigeant du Parti travailliste britannique Jeremy Corbyn. « Je m’opposerai fermement au projet de loi anti-BDS du gouvernement. Il s’agit d’une attaque honteuse contre notre liberté de lutter pour les droits humains, la justice et la paix ».
Les représentants des groupes de jeunes juifs du Royaume-Uni (Habonim Dror, RSY Netzer, LJY Netzer et Noam Masorti Youth) ont également rédigé une déclaration dans laquelle ils condamnent cette initiative. « Nous ne soutenons pas le mouvement BDS et restons attachés à Israël en tant qu’État juif et démocratique », peut-on y lire. « Nous croyons aussi fermement que le droit fondamental à la contestation non violente doit être sauvegardé. La défense de nos droits civiques et de notre liberté d’expression nécessite que nous protégions le droit d’exprimer des opinions avec lesquelles nous ne sommes pas d’accord. Nous reconnaissons que le BDS est l’une des nombreuses formes de protestation non violente que le gouvernement britannique cherche à interdire avec ce projet de loi ».
En 2016, le gouvernement britannique a publié des directives interdisant aux systèmes de retraite des collectivités locales (LGPS) de mettre fin à leurs investissements dans des pays étrangers. En juin 2017, la Campagne de solidarité avec la Palestine (PSC) a engagé une procédure d’examen judiciaire qui a abouti à ce que les orientations soient jugées illégales. La Cour d’appel a d’abord annulé la décision, mais la PSC a finalement obtenu gain de cause devant le tribunal.
Traduit par : AFPS