Photo : Une femme palestinienne fait face aux soldats de l’occupation israélienne à Jérusalem Est, Avril 2023 - Crédit : Times Of Gaza
Un couple Palestiniens âgé pourrait être expulsé de sa maison de Jérusalem-Est après qu’un groupe de colons juifs a revendiqué la propriété de leur immeuble.
Nora Gaith, 68 ans, et son mari Mustapha, 72 ans, résident depuis longtemps à Aqabat El-Khaldiya, dans la vieille ville, mais sont sur le point de perdre leur maison après qu’un groupe de colons juifs a déposé une demande d’expulsion auprès d’une cour de justice.
Selon Nora, sa famille a loué la maison en 1953 à la Jordanie, à l’époque où le Royaume hachémite contrôlait Jérusalem-Est, et y a toujours vécu depuis.
Depuis l’occupation de Jérusalem-Est par Israël en 1967, des groupes de colons - soutenus par le gouvernement israélien - ont lancé une campagne sans relâche pour « récupérer » les propriétés juives « perdues » pendant la guerre. Nombre de ces revendications sont fausses, affirment les activistes palestiniens.
Assise dans son petit salon qui offre une vue spectaculaire sur le dôme doré du Rocher, Nora semble déterminée à faire face.
« Assez d’occupation, assez de pression, assez de prisons, assez de démolitions, assez de tueries », dit-elle.
Le tribunal peut approuver l’ordre d’expropriation de Nora et de son mari à tout moment, même si l’expulsion prévue la semaine dernière n’a pas été exécutée ; la police israélienne ayant jugé le moment inopportun.
En 2016, un tribunal israélien a décidé que Nora et son mari pouvaient rester dans leur maison pendant encore maximum dix ans. Deux ans plus tard, les colons ont profité de la maladie de Nora pour obtenir une ordonnance d’expulsion, affirmant qu’elle ne vivait pas dans sa maison de la vieille ville.
Nora a fait appel, mais en mars de cette année, la Haute Cour israélienne a confirmé la décision d’expulsion.
La situation critique de Nora et Mustapha rappelle les procès en expulsion intentés par des colons juifs contre des familles palestiniennes à Sheikh Jarrah.
En 2021, des colons israéliens ont tenté de s’emparer de maisons palestiniennes à Sheikh Jarrah, ce qui a déclenché de nombreuses protestations à Jérusalem-Est occupée et dans les villes palestiniennes d’Israël. Cette situation a dégénéré en un conflit de 11 jours avec le Hamas, le groupe islamique qui dirige la bande de Gaza.
Au moins 175 familles palestiniennes font l’objet de procédures d’expulsion à Sheikh Jarrah et Silwan, intentées par diverses organisations de colons, selon « La paix maintenant », l’ONG israélienne de lutte contre la colonisation.
Ra’fat, le plus jeune fils de Nora, soupçonne Ateret Cohanim, une organisation de colons dont l’objectif est de créer une majorité juive dans la partie occupée de Jérusalem-Est, d’être à l’origine de la campagne visant à chasser les Palestiniens de Jérusalem-Est de chez eux.
Ateret Cohanim indique sur son site web que plus de 1 000 familles juives vivent « à proximité de la zone du Mont du Temple », une description que les Juifs utilisent pour désigner le Haram al-Sharif, qui abrite le Dôme du Rocher et la mosquée al-Aqsa.
En vertu de la loi israélienne, les Juifs peuvent récupérer les propriétés perdues pendant le conflit, au contraire des Palestiniens.
En 1970, le parlement israélien a adopté la « loi sur les questions juridiques et administratives », qui permet de saisir les propriétés palestiniennes de Jérusalem-Est, transférées sous le contrôle des Jordaniens en 1948. Cette loi n’a pas été étendue aux propriétaires palestiniens qui ont perdu leurs biens à Jérusalem-Ouest au cours de la même guerre.
Raafat, le plus jeune fils de Nora, est récemment retourné vivre dans la maison familiale pour soutenir ses parents. Ce malgré une décision de justice israélienne de 2016 précisant que seuls Nora et Mustapha peuvent résider dans la maison, et non leurs enfants.
« Ce qui se passe est une forme d’oppression », a-t-il déclaré à The New Arab.
Face à la menace imminente d’expulsion de ce foyer où la famille vit depuis plus de 70 ans, les campagnes de solidarité pour maintenir le couple dans sa maison n’ont cessé de prendre de l’ampleur.
Le soutien de diplomates européens et de certains Israéliens de gauche semble avoir incité le gouvernement israélien à retarder l’expulsion, mais rares sont ceux à penser qu’il s’agit là d’une solution à long terme.
Traduction par : AFPS