Du 6 au 10 décembre 2013
Le cinéaste palestinien-citoyen d’Israël, Alaa Ashkar, a présenté son film Route 60 [1] lors d’une tournée de 5 jours à Tulle (19), Ussel (19), Clermont-Ferrand (63), Issoire (63) et Vayrac (46). Environ 270 spectateurs ont vu le film (dans les 5 villes successives) : 30 au cinéma Le Palace, 45 au Carnot, 70 au RIO, 90 au Strapontin (en présence du Maire d’Issoire) et 35 à l’Uxello. Le public a été varié, avec des citoyens d’origines diverses et multinationales.
Cette tournée a été organisée en partenariat entre l’AFPS de Clermont-Ferrand, les Amis de Jayyous de Tulle, Le Repaire Là-bas si j’y suis d’Ussel, les Gais savoirs-Mairie d’Issoire et la section Martel-Haut Quercy de la LDH. Une campagne de communication a été effectuée auparavant par les différentes associations et leurs réseaux, par les salles de cinéma et parfois par voie de presse (voir encart joint) et affichage.
Après chaque séance (voir photos) des débats passionnants ont eu lieu sur la Palestine en général, sur la Cisjordanie et sur les Palestiniens d’Israël, mais aussi sur Gaza et les réfugiés. Les questions posées et les discussions ont par exemple concerné, au fil de la tournée : les différentes positions des Palestiniens pour sortir de l’occupation ; la force d’Israël du fait de l’inertie et de la complicité des gouvernements comme celui de la France ; les responsabilités d’Israël dans la situation au Proche- et Moyen-Orient ; la vie des Palestiniens d’Israël (papiers d’identité, études universitaires et non-octroi de bourses aux étudiants arabes ne faisant pas le service militaire, ...) ; les interrogations sur le rôle joué par l’Autorité Palestinienne et sa collaboration avec l’occupant ; la colonisation au sein de l’Etat d’Israël (expulsions et divers moyens pour restreindre le terrain occupé par les Palestiniens) ; les expulsions des paysans en Cisjordanie (privations d’eau, raisons « sécuritaires » arbitraires) ; le nombre de militants laïques palestiniens et israéliens ; l’importance réelle des mouvements sociaux en Israël et leur lien aux Palestiniens ; les activités économiques en Cisjordanie ; les pèlerinages chrétiens contrôlés par Israël ; le contrôle de l’économie palestinienne par l’occupant ; l’apartheid et ses différentes formes selon les territoires ; le racisme anti-arabe en Israël et les cohabitations (par ex. Nazareth vs. Nazareth-Elite) ; les mariages mixtes ou laïques (en Israël seul le mariage religieux est légal) ; les divisions entre Palestiniens chrétiens et musulmans entretenues par Israël (par ex. sur le service militaire) ; qui est « l’autre » pour un Palestinien d’Israël ? ; les rapports entre les Palestiniens d’Israël et de Cisjordanie ; la résistance des Palestiniens d’Israël de 1948 à nos jours ; l’absence ou les différentes formes de « printemps palestinien » ? ; le rôle de l’éducation et les grandes disparités entre les réfugiés des camps et les autres (fort niveau d’éducation) ; la religion et l’entretien du « choc des civilisations » ; le marché des consommateurs palestiniens capté par Israël (destruction de l’agriculture palestinienne au profit des colons, subventions de l’UE aux Palestiniens qui au final profitent à Israël sur ce marché de consommation) ; la longue patience des Palestiniens face à ce qu’ils subissent ; les réactions du public lors de la tournée de Route 60 en France ; Alaa a-t-il rencontré des problèmes de tournage en Cisjordanie ? ; la solution à 2 Etats qui paraît obsolète du fait du morcellement de la Palestine ; quel rôle joue la démographie dans la recherche d’une solution à deux Etats ou à un Etat binational ; les espoirs pour l’avenir ; les écoles mixtes ou séparées en Israël, selon les origines des citoyens ; l’apprentissage des langues (l’arabe est seconde langue officielle mais les juifs ne l’apprennent pas, seul l’hébreu est utilisé à l’université, le russe se développe) ; l’hébraïsation des noms arabes ; le poids des immigrants russes qui ont développé leurs structures (journaux, partis, etc) et manifestent souvent du racisme anti-arabe voire anti-juif sépharade ; comment faire appel aux tribunaux internationaux pour faire respecter les droits de l’homme en Israël ? ; les procès en cours en France (militants BDS (Boycott-Désinvestissement-Sanctions), Alstom-Véolia) ; le BDS peut-il porter tort aux Palestiniens du point de vue de l’emploi ? le parallèle Afrique du Sud-Palestine concernant l’apartheid ; un Mandela palestinien ? (Marwan Barghouti ?)…
Les débats ont été très appréciés par leur caractère ouvert et du fait de la qualité et de la clarté des réponses du cinéaste, et parce que la condition des arabes israéliens est mal connue en France. La disparition de Mandela à la veille de cette tournée a aussi ajouté de l’émotion et suscité des questions sur l’apartheid en Israël-Palestine et les différentes formes de résistance.
Les débats ont été suivis à Ussel, Clermont et Issoire de tables de presse (tracts, brochures) et de signatures de trois pétitions : deux BDS sur Orange et sur les produits des colonies (74 signatures), et une contre la circulaire Alliot-Marie (61 signatures, dont celle d’une vice-présidente du conseil général 63) (http://www.france-palestine.org/Boycott-Desinvestissement,20332 ). À Clermont, dégustation, et vente de produits artisanaux palestiniens (424 euros). Une quarantaine de DVD du film a été vendue par Alaa lors de la tournée.
Cette tournée très positive a aussi été l’occasion de rencontres et d’échanges fructueux entre les différentes associations partenaires des 5 villes, qui s’associent à ce compte-rendu.