Quatre Palestiniens ont été tués hier et au moins 20 blessés au cours d’une importante incursion de l’armée israélienne au centre de Ramallah (Cisjordanie). Critiqué par le président égyptien Hosni Moubarak qui le recevait à Charm el-Cheikh, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a exprimé ses regrets pour les « victimes innocentes »
Des dizaines de véhicules de l’armée israélienne, des jeeps blindées et des bulldozers, appuyés par deux hélicoptères, ont mené hier, pendant une heure, une opération dans le centre de Ramallah, où des échanges de tirs ont eu lieu autour de la place Manara ainsi que dans les rues avoisinantes. L’armée a indiqué, sans autre précision, avoir « arrêté quatre Palestiniens recherchés ». Quatre Palestiniens, tous âgés d’une vingtaine d’années, ont néanmoins été tués lors de cette attaque, selon des sources médicales. Il s’agit de la plus importante incursion israélienne depuis mai dans Ramallah, où se trouve le siège de la présidence de l’Autorité palestinienne.
Cette opération est intervenue quelques heures seulement avant le début d’un sommet à Charm el-Cheikh (Égypte) entre le président égyptien Hosni Moubarak et le Premier ministre israélien Ehud Olmert. Lors de cette rencontre, le Premier ministre israélien a exprimé « ses regrets pour les victimes innocentes » palestiniennes de l’opération à Ramallah. « Je regrette si des innocents ont été touchés à Ramallah, mais Israël est obligé de mener des opérations pour assurer sa sécurité », a déclaré M. Olmert, lors d’une conférence conjointe avec le président égyptien.
Ce dernier a publiquement condamné le « recours à la force militaire » qui s’oppose aux efforts de paix puis, répondant à une question sur les tirs de roquettes palestiniennes, il a déclaré : « les roquettes Qassam... mais ils vont en lancer tous les jours ! Est-ce qu’à cause d’une ou deux personnes qui lancent des roquettes, on va arrêter le processus de paix ? »
À plusieurs reprises, notamment sur les problèmes du passage de sommes d’argent et de la contrebande d’armes vers la bande de Gaza, les deux hommes ont paru peu en phase, voire en sérieux désaccord. Le président égyptien n’a notamment pas garanti pouvoir durcir les contrôles à la frontière entre l’Égypte et la bande de Gaza. M. Moubarak est également resté évasif sur les négociations pour obtenir la libération du soldat israélien Gilad Shalit, enlevé fin juin à la lisière de la bande de Gaza par des groupes armés palestiniens, dont la branche militaire du Hamas.
Juste avant cette réunion, des déclarations contradictoires ont fusé sur les négociations visant à échanger Gilad Shalit contre des centaines de prisonniers palestiniens en Israël. De retour à Gaza, après un pèlerinage à La Mecque, le Premier ministre palestinien Ismaïl Haniyeh, membre du Hamas, a fait état de « progrès tangibles » dans ces négociations, affirmant que le principe de l’échange était « désormais accepté » par les Israéliens. Mais le porte-parole de ce gouvernement, Ghazi Hamad, a, lui, estimé que le blocage persistait du fait qu’Israël « exige au préalable la libération du soldat israélien capturé ». À Damas, un autre dirigeant du mouvement islamiste, Moussa Abou Marzouk, a affirmé à l’AFP que les « négociations avancent », révélant qu’une cassette audio de la voix de Gilad Shalit avait été transmise à Israël, prouvant qu’il était en vie. Le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmad Aboul Gheit, a, par ailleurs, plusieurs fois mis en cause l’indécision palestinienne et critiqué des interférences extérieures, en visant implicitement la Syrie.
Le président palestinien, qui a dénoncé l’incursion meurtrière, a déclaré, de son côté, que « l’opération est la preuve que les appels israéliens à la paix et à la sécurité sont mensongers ». Une source proche de M. Abbas a en outre indiqué à l’AFP qu’il avait remis à Israël des demandes de réparations d’un montant de 5 millions de dollars.