On a en mémoire la remarquable contre-publicité faite ces dernières semaines à Sodastream grâce à l’intervention intempestive de Scarlett Johansson, contrainte de mettre fin à son mandat d’ambassadrice d’Oxfam, et à celle, fort bien venue, de 50 dessinateurs au festival de la BD d’Angoulême, protestant contre le sponsoring du festival par cette entreprise.
L’importateur français de Sodastream avait attaqué l’AFPS depuis 2012 pour « dénigrement » de son produit. Comme si ce produit, un gazéificateur, posait pour nous une question autre que celle du lieu de sa fabrication, une colonie israélienne à l’est de Jérusalem. Comme si les nombreuses actions d’appel au boycott de ce produit avaient un autre objectif que de faire connaître aux citoyens le cancer de la colonisation israélienne, obstacle majeur à une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens.
Nous avions pensé que l’action que nous avions lancée sur le terrain judiciaire, en nous appuyant sur le procès verbal établi par l’administration de la répression des fraudes contre l’étiquetage "Produit en Israël" de ce gazéificateur alors qu’il est fabriqué dans une colonie israélienne, nous permettrait d’obtenir gain de cause, à l’heure où l’Union Européenne a décidé de mettre en place un étiquetage spécifique de ces produits.
Il n’en a pas été ainsi, et le tribunal a condamné l’AFPS pour l’usage de termes et supports jugés « abusifs » (notamment la qualification de « produits illégaux » ou de « tromperie du consommateur »), mais sans mettre en cause, bien au contraire, la pratique de l’appel au boycott dans son principe. La décision précise :
« Attendu qu’il résulte ensemble des articles 1382 du code civil et 10 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales que le principe de la liberté d’expression ne peut subir que les restrictions rendues nécessaires par la défense des droits d’autrui ; que relève de l’exercice de la liberté d’expression la provocation d’autrui à se détourner d’un produit ou « appel au boycott »
Message reçu.
Sans rien lâcher sur le fond, et plutôt que de poursuivre l’action sur le plan judiciaire, en faisant appel de cette décision, nous choisissons de poursuivre et développer notre action sur le terrain citoyen et politique qui est d’abord le nôtre. En dénonçant plus que jamais la colonisation, dont l’illégalité au regard du droit international est incontestée. En appelant les citoyens à boycotter tous les produits fabriqués dans les colonies, y compris donc le gazéificateur Sodastream, et en agissant en direction des entreprises - israéliennes, européennes ou autres - pour les amener à mettre fin à leurs activités qui contribuent à l’existence et au maintien de la colonisation.
Le Bureau national