Paris, le 29 mars 2011
A l’attention du comité d’éthique du salon "planète durable"
Mesdames, Messieurs,
Nous apprenons avec stupéfaction que dans le cadre du salon « Planète Durable » à la Porte de Versailles, qui doit se tenir la semaine prochaine du jeudi 31 mars au dimanche 3 avril, il y aura un
stand « Sodastream » présentant une machine « Génésis Eco ». Or, il se trouve que la société « Sodastream » est une entreprise israélienne dont la seule unité de fabrication de ses machines est implantée dans la plus grande colonie israélienne, Ma’ale Adumim, située en pleine Cisjordanie, en territoire palestinien occupé donc.
Nul besoin de rappeler l’illégalité, au regard du droit international, maintes fois rappelée depuis 1967 par les plus hautes instances internationales, de ces colonies. Cela seul fait devrait suffire à exclure ce produit de votre salon.
Mais de plus, il se trouve que cette société ne respecte pas les critères sociaux posés par votre Charte d’éthique ce qui aurait dû vous amener à refuser un exposant dont le produit ne répond pas aux critères requis.
En effet, ainsi que vous pourrez le constater sur le rapport joint à la présente (effectué par une organisation israélienne « Who profits », à partir des constatations faites par l’ONG israélienne « Kavla’oved » qui défend les droits des travailleurs précaires employés en Israël ou par des Israéliens, en Territoire occupé – pages 18 et suivantes), les travailleurs palestiniens, dans cette unité de fabrication, souffrent non seulement de leur exploitation par leur employeur et de discrimination à raison de leur origine mais encore du fait qu’étant sujets occupés.
Ils ne jouissent pas des droits les plus élémentaires et dépendent de leur employeur pour leur permis de travail (qui constitue aussi leur permis de circulation) qui leur est retiré dès qu’ils revendiquent
des droits (deux de ces travailleurs ont été licenciés à raison de leurs liens avec l’ONG « Kavla’oved » qui était intervenue pour faire reconnaître leurs droits).
Vainement serait-il objecté que la machine serait maintenant « Made in China ». Cela se trouve démenti par les propres dires de la société SC qui, dans le rapport financier (joint au présent message) publié en novembre 2010 à l’occasion de son entrée au NASDAQ, ne prétend produire en Chine que certaines pièces constitutives de la carafe, la seule unité de fabrication étant à Ma’ale Adumim.
Cela a été jugé par la Cour européenne de Justice dans un arrêt connu sous le nom de « arrêt Brita ».
Permettre dans ces conditions la promotion d’un tel produit constitue par suite un soutien implicite à la politique de colonisation des autorités israéliennes dont il est demandé de partout qu’elle soit stoppée – tandis que cette colonie de 40.000 personnes croît au contraire chaque jour d’avantage –, ce qui ne saurait être acceptable.
Dès lors nous vous demandons instamment de retirer ce produit de ce salon et pour le cas où vous décideriez du maintien de ce stand, il en résulterait nécessairement des manifestations de protestation dont vous porteriez la responsabilité et qui attendrait l’image de ce salon qui serait mis à l’index pour piétiner, malgré cette mise en garde, ses propres engagements contenus dans sa Charte éthique.
Je vous prie de croire, Mesdames, Messieurs, en l’assurance de mes sentiments distingués.
M. Jean-Claude Lefort
Député honoraire
Président de l’AFPS