Dans une confession rare de la part de celui qui est considéré en Israël comme un « animal politique », Ehud Olmert a avoué aux militants de son parti, le Kadima, qu’il était bien conscient de son impopularité. Mais que cela ne l’empêcherait pas pour autant de travailler et de se maintenir à son poste.
Même si ces deux derniers jours, les médias israéliens comparent de récentes photos de lui, où il apparaît défait, blême, des cernes sous des yeux perdus dans le vide, à d’autres qui remontent à son élection, il y a seulement huit mois et où il se montrait flamboyant. « Mon intention est de travailler avec vous pour encore longtemps et je n’ai aucune intention de trahir la confiance de ceux qui ont voté pour moi », a insisté M. Olmert. Et de défendre dans la foulée sa politique de rigueur économique, sa gestion de la guerre menée du 12 juillet au 14 août au Liban et « son engagement personnel total dans les affaires de l’État ».
Mais pour faire oublier les « casseroles » qui se sont accumulées ces derniers mois, Olmert risque d’avoir fort à faire. Dans le collimateur du contrôleur de l’État sur fond de guerre au Liban, il est soupçonné de délit d’initié dans la privatisation d’une banque, de transactions immobilières frauduleuses et de nominations politiques abusives. La presse n’est pas tendre avec lui, les sondages non plus qui lui donnent 2 % de crédibilité au sein de l’opinion, et ses « amis » au sein du Kadima, encore moins. Quant à la commission d’enquête sur les ratages de la guerre au Liban [1], qui doit rendre ses premières conclusions en avril, elle pourrait lui recommander de remettre ses gants au vestiaire, comme l’écrit le Jerusalem Post.
Pourtant, même si tout semble perdu pour le Premier ministre, il pourrait être prématuré de rédiger son oraison funèbre politique. Il dispose en effet et sauf défections d’une majorité de 78 sièges sur les 120 que compte la Knesset.
Mieux : la commission d’enquête sur la guerre du Liban pourrait lui servir de bouée de sauvetage. « Sans une recommandation explicite pour qu’il démissionne, (elle) pourrait même lui rendre service », écrit le Haaretz. Car, dans ce cas de figure, ajoute le quotidien, la Cour suprême ne s’empressera pas de considérer une requête pendante appelant à la démission de M. Olmert, et les « rebelles » du Kadima se calmeront.
Enfin, les primaires travaillistes, prévues dans les prochaines semaines, pourraient permettre un remaniement de son gouvernement en remettant à flot l’ancien Premier ministre et ex-chef d’état-major Ehud Barak. M. Barak remplacerait alors, et avec plus de panache, le ministre de la Défense, Amir Peretz, lui aussi très impopulaire et en conflit ouvert avec M. Olmert.