Dans un nouveau rapport publié aujourd’hui, le Centre palestinien pour les droits humains (PCHR) confirme que l’assaut militaire israélien en cours sur la bande de Gaza, qui a commencé en octobre 2023, a délibérément et largement ciblé le secteur agricole et les systèmes de production alimentaire de Gaza. Cet assaut a entraîné l’effondrement quasi-total d’un secteur essentiel à la survie de la population. Le PCHR révèle que cette destruction fait partie d’une stratégie systématique et de longue date de l’armée israélienne visant à exterminer le peuple palestinien et à déraciner son existence. Cet objectif est devenu une politique centrale du gouvernement israélien actuel, qui utilise la destruction et la famine comme des armes de guerre dans le cadre plus large du crime de génocide visant à éliminer les Palestiniens et à les priver des moyens de survie les plus élémentaires.
Le rapport, intitulé« We Will Leave Them Nothing : The Israeli Systematic Destruction of the Agricultural Sector and Food Production Systems in Gaza » (Nous ne leur laisserons rien : la destruction systématique par Israël du secteur agricole et des systèmes de production alimentaire à Gaza), documente méticuleusement la destruction délibérée et à grande échelle de l’infrastructure agricole de Gaza par les forces de l’ordre israéliennes. Près de 75 % des terres agricoles et des vergers ont été rasés au bulldozer et anéantis. La grande majorité des installations agricoles - y compris les serres, les entrepôts de stockage, le matériel agricole, les systèmes d’irrigation et l’alimentation électrique - ont été détruites. En outre, les installations d’élevage et de pêche, qui sont des piliers essentiels du système de sécurité alimentaire de Gaza, ont également été décimées.
Le rapport souligne que l’armée israélienne s’est emparée de plus de 130 km² de terres dans la bande de Gaza, en grande partie agricoles, et les a transformées en zones tampons militaires. Cette mesure a privé les Palestiniens de vastes zones essentielles à la production alimentaire, ce qui constitue une violation flagrante des dispositions de la quatrième convention de Genève relatives à la protection des biens civils en temps de guerre et à l’interdiction de s’emparer des terres des populations occupées. Le rapport souligne également que ces attaques sans précédent contre les sources de nourriture de Gaza ont été aggravées par l’intensification du blocus, le refus de l’aide humanitaire et de l’approvisionnement en nourriture, et l’utilisation systématique de la famine comme arme de guerre. Ces actes ont eu des conséquences catastrophiques sur la sécurité alimentaire, déclenchant une grave crise de la faim et une montée en flèche de la malnutrition.
Le PCHR avertit que la destruction des systèmes alimentaires de Gaza ne menace pas seulement la survie actuelle de la population, mais constitue également une attaque contre l’avenir de l’existence palestinienne dans la bande de Gaza. Elle consacre une réalité dévastatrice de faim et de dépendance en éliminant les fondements de la reprise et en forçant la population de Gaza à dépendre totalement de l’aide extérieure. Cela reflète l’objectif colonial à long terme d’Israël : dépeupler la terre, s’emparer de ses ressources et supprimer toute possibilité d’autosuffisance ou de résilience palestinienne. Ce comportement, affirme le rapport, viole directement l’article II de la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide, qui criminalise l’imposition de conditions de vie calculées pour détruire un groupe physiquement et psychologiquement.
Le rapport affirme en outre que ces actes constituent de graves violations du droit international, en particulier du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, et notamment de son article 11, qui garantit le droit à une nourriture suffisante et à une vie digne. Ils violent également l’article 54 du protocole additionnel I aux conventions de Genève, qui interdit de prendre pour cible « les biens indispensables à la survie de la population civile ». Selon l’article 8 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale, ces actes constituent un crime de guerre à part entière.
Dans ses recommandations, le PCHR appelle la communauté internationale à rompre son silence et à assumer ses responsabilités juridiques et morales face à ces crimes contre les civils palestiniens et leurs sources de subsistance. Il demande instamment que des mesures efficaces soient prises pour qu’Israël rende des comptes, pour que cesse le génocide en cours à Gaza et pour qu’un soutien international soit apporté d’urgence à la réhabilitation du secteur agricole. Le PCHR souligne également la nécessité de restaurer la souveraineté des Palestiniens sur leurs systèmes alimentaires et leurs terres, et exige qu’il soit mis fin à la culture de l’impunité qui permet la répétition des crimes israéliens et sape les fondements de la justice internationale.