Alors qu’elles ont reçu à bras ouverts deux dirigeant·es de l’extrême-droite française au mois de mars, les autorités israéliennes ont refusé leurs visas d’entrée à vingt-sept parlementaires et élus locaux invités par le Consulat général de France à Jérusalem. Ces élu·es devaient se rendre en Israël et en Palestine du 20 au 24 avril dans le cadre d’une délégation organisée par l’Association pour le Jumelage entre les camps de réfugiés palestiniens et les villes françaises (AJPF).
Ainsi, la coalition fasciste au pouvoir à Tel Aviv reçoit les héritiers directs d’un courant politique fondé en France par des antisémites notoires et interdit d’accès en Israël mais aussi en Palestine celles et ceux qui veulent manifester leur solidarité avec un peuple opprimé tout en refusant l’amalgame entre la politique israélienne et les juifs du monde entier.
Ce retrait de leur visas, pourtant délivrés depuis plus d’un mois, leur a été brutalement signifié deux jours avant leur départ et immédiatement assumé par un communiqué de l’ambassade israélienne à Paris. Cette insulte à la diplomatie française est un nouveau coup de force des autorités israéliennes pour décourager et interdire tout contact avec la population palestinienne qu’elles occupent, colonisent et répriment quotidiennement en violation du droit international.
C’est une politique de black-out complet que le gouvernement d’occupation cherche à imposer. D’abord contre les Palestinien·nes, harcelé·es et soumis·es au risque constant d’être arrêté·es sans la moindre raison. Contre les journalistes internationaux dûment encadré·es et interdit·es d’accès à Gaza et pour certain·es en Cisjordanie. Et maintenant contre les élu·es et les militant·es de la solidarité empêché·es de rencontrer les associations des droits humains israéliennes ou les associations de la société civile palestinienne. Cette délégation, accusée de façon surprenante par le ministère de l’Intérieur israélien de vouloir « agir contre l’État d’Israël » est victime d’un véritable délit d’opinion.
Par ailleurs, si la situation n’était pas si difficile en Palestine, le communiqué de l’ambassade d’Israël à Paris aurait peut-être pu prêter à sourire puisqu’il reproche aux élu·es de constituer une délégation de... l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) accusée d’avoir des « liens connus avec des organisations terroristes et de soutien au terrorisme ». Cette confusion entre nos deux associations démontre à quel point la haine est aveuglante. Au-delà de cette confusion absurde entre deux associations amies, les accusations récurrentes de complicité du terrorisme, comme celle d’antisémitisme, proférées à notre égard, relèvent quant à elles de la diffamation et d’une volonté évidente de nous nuire.
La répression contre les associations de la société civile et de la résistance palestinienne à l’occupation est bien réelle. Tout comme sont bien réelles les attaques en règle contre l’UNRWA qui impactent directement les conditions de vie des réfugié·es des camps de Cisjordanie.
C’est pour documenter toutes ces atteintes aux droits humains en Palestine occupée et porter des projets solidaires qu’il est indispensable que des élu·es et des militant·es de la solidarité puissent s’y rendre librement.
Ce n’est pas la première fois que des élu·es dont des parlementaires sont interdit·es par Israël de se rendre en Palestine occupée. L’AFPS avait témoigné fin février sa solidarité aux parlementaires européen·nes (dont des français·es) bloqué·es à l’aéroport Ben Gourion.
Le gouvernement d’Emmanuel Macron, interpellé par les élu·es interdit·es de visas, doit réagir immédiatement. Il ne peut pas d’un côté appeler à la reconnaissance de l’État de Palestine et de l’autre laisser Israël décider arbitrairement qui peut s’y rendre ou pas. La convocation de l’ambassadeur d’Israël en France, après une telle insulte à la représentation nationale, serait un minimum !
Il est tout à fait inacceptable que la France laisse survoler son territoire par Netanyahou sous mandat d’arrêt international pour crime de guerre et crime contre l’humanité alors que des élu·es français·es porteur·euses de projets solidaires sont interdit·es de séjour en Israël et en Palestine occupée !
L’Association France Palestine Solidarité réaffirme son soutien aux élu·es interdit·es de visas, à l’AJPF et aux associations de la société civile palestinienne une fois de plus traînées dans la boue par Israël.
Le Bureau National de l’AFPS, le 25 avril 2025
Photo : Les élu·es interdit·es de visa lors de leur conférence de presse, le 22 avril 2025 © AFPS