Les troupes israéliennes ont tué trois Palestiniens, dont le principal résistant Ibrahim al-Nabulsi, lors d’un raid centré sur une maison dans la ville de Naplouse, en Cisjordanie occupée, mardi 9 août 2022.
Nabulsi, l’un des hommes les plus recherchés par l’armée israélienne dans le nord de la ville de Cisjordanie, a été abattu lors d’échanges de tirs avec des soldats israéliens au cœur de la vieille ville de Naplouse.
Le jeune homme de 24 ans a été déclaré mort plus tard à l’hôpital Rafidia, ainsi que Islam Sobhi et Hussain Jamal Taha, ce qui porte à 129 le nombre de Palestiniens tués par les forces israéliennes en 2022, dont au moins 34 enfants, selon le ministère palestinien de la santé.
Au moins 40 autres Palestiniens ont été blessés au cours du raid.
مصادر محلية : "المقـــاومون يواصلون الاشتباك مع جنود الاحتلال والقوات الخاصة التي تحاصر منزلاً في البلدة القديمة في نابلس". pic.twitter.com/jdyhWZMsUk
— شبكة قدس الإخبارية (@qudsn) August 9, 2022
Traduction : Les combattants continuent d’affronter les soldats de l’occupation et aux forces spéciales qui assiègent une maison dans la vieille ville de Naplouse.
L’armée israélienne a déclaré avoir lancé des grenades propulsées par fusée sur la maison où les combattants s’étaient barricadés. Elle a ajouté que Nabulsi était recherché pour avoir dirigé des attaques contre des cibles israéliennes, notamment dans les environs du Tombeau de Joseph, un point sensible de la ville.
Nabulsi était un membre important de la branche armée du Fatah dénommée les Brigades des martyrs d’al-Aqsa.
Les forces israéliennes ont déjà attaqué Nabulsi à plusieurs reprises, la dernière fois le 24 juillet 2022, lorsqu’il a été encerclé avec un groupe de combattants dans une maison du quartier d’al-Yasmina, dans la vieille ville de Naplouse.
Il a réussi à s’en sortir vivant après de violents combats, tandis que deux autres combattants, Muhammad Azizi, 25 ans, et Abdul Rahman Jamal Suleiman Sobh, 28 ans, ont été tués.
La première tentative connue d’appréhender Nablusi aurait eu lieu en février, lors d’une embuscade meurtrière dans le quartier de Makhfiya. On a d’abord pensé qu’il faisait partie des trois personnes tuées ce jour-là avant qu’il n’apparaisse vivant lors de leurs funérailles.
De même, on n’a su où il se trouvait après le raid du 24 juillet à Al-Yasmina que lorsqu’il s’est présenté aux funérailles de Sobh et d’Azizi, ce qui a renforcé sa réputation de combattant insaisissable dans la ville.
Protégez notre terre-patrie
Des centaines de Palestiniens en deuil se sont rassemblés à l’intérieur et à l’extérieur de l’hôpital Rafidia de Naplouse avant le cortège des trois combattants.
La mère de Nabulsi, s’adressant à la foule de partisans en colère, a pleuré sa mort.
"Ibrahim a triomphé", a-t-elle déclaré en écartant les doigts dans un V de la victoire.
"Mon fils, qui m’est plus cher que ma propre âme, est retourné auprès de son Seigneur".
Le père de Nabulsi a dit : "C’est Ibrahim qui les chassait, et non l’inverse. Chaque fois qu’il entendait parler d’un raid de l’armée israélienne, il était le premier à sortir et à les affronter. C’était son destin. Nous louons Dieu"
والدة إبراهيم النابـــلسي : "في مية إبراهيم بعده... إبراهيم انتصر والحمد لله رب العالمين". pic.twitter.com/PCK6fPeVkF
— شبكة قدس الإخبارية (@qudsn) August 9, 2022
La mort de Nabulsi a déclenché une vague de fureur dans toute la Cisjordanie. Plusieurs villes ont annoncé des grèves et un jour de deuil, notamment Jérusalem, Naplouse, Ramallah et Bethléem.
Des groupes d’étudiants et d’activistes ont lancé un appel pour affronter les soldats israéliens à divers points de contrôle en Cisjordanie.
Un message vocal prétendument enregistré par Nabulsi quelques minutes avant sa mort a été largement rapporté par les médias locaux, dans lequel il demande aux Palestiniens de continuer à résister à Israël.
"Je t’aime, maman. Mon message à tous est de protéger notre patrie. Ne rendez pas vos armes. Je suis barricadé maintenant. Je vais être martyrisé", aurait-il dit dans l’enregistrement.
Photo : Des personnes en deuil portent le corps d’Ibrahim al-Nabulsi, tué par les forces israéliennes, lors de funérailles à Naplouse, en Cisjordanie occupée par Israël, le 9 août 2022 (Reuters).
Les principaux groupes palestiniens, dont le Fatah, le Hamas, le Jihad islamique palestinien et le Front démocratique pour la libération de la Palestine, ont fermement condamné l’assassinat des trois hommes et ont prévenu qu’il entraînerait de nouvelles confrontations avec l’armée israélienne.
Selon l’agence de presse officielle Wafa, Nabil Abu Rudeineh, porte-parole du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, a déclaré qu’Israël se rapproche d’une "confrontation ouverte" avec l’ensemble du peuple palestinien par le biais de son "agression généralisée qui a commencé à Jérusalem, puis s’est étendue à Jénine, à Gaza et aujourd’hui à Naplouse".
Il a averti que si les "agressions israéliennes" se poursuivaient, cela "enflammerait la région et provoquera une dévastation dont personne ne pourra supporter les graves conséquences".
Nouvel élan
La résistance armée à Naplouse a largement faibli depuis 2007, après des années d’opérations israéliennes menées en coordination avec l’Autorité palestinienne pour démanteler les Brigades des martyrs d’al-Aqsa, le principal groupe de résistance de la ville.
Mais depuis la réapparition d’une résistance armée organisée dans la ville de Jénine, à 25 km au nord,on observe un nouvel élan à Naplouse, mené cette fois par la branche armée du Jihad islamique palestinien, les Brigades al-Quds (Saraya al-Quds).
Le groupe a annoncé la création de la Brigade de Naplouse, similaire à la Brigade de Jénine formée l’année dernière.
Si les deux groupes disent s’inspirer du mouvement du Jihad islamique, leurs membres sont affiliés à différents groupes palestiniens, dont le Fatah, le Hamas et le Front populaire de libération de la Palestine.
Les forces de sécurité israéliennes effectuent des raids quasi quotidiens en Cisjordanie et ont tué plus de 80 Palestiniens depuis le début de l’année.
Vendredi, Israël a lancé ce qu’il a appelé un bombardement aérien et d’artillerie "préventif" sur la bande de Gaza. Les combattants de l’enclave côtière assiégée ont tiré des centaines de roquettes en représailles.
Un cessez-le-feu conclu dimanche sous l’égide de l’Égypte a mis fin aux bombardements israéliens, qui ont tué 46 Palestiniens, dont 16 enfants, et en ont blessé au moins 360, selon le ministère de la santé de Gaza.
Traduction et mise en page : AFPS /DD