« Nous vous soutenons fermement en tant que dirigeant légitime de tous les Palestiniens et soutenons tous vos efforts visant au rétablissement de la stabilité, (...) à l’unité entre Palestiniens et à la poursuite du processus de paix israélo-palestinien », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov au début d’une rencontre à Moscou avec M. Abbas. M. Lavrov a également « insisté sur la nécessité de rétablir l’unité palestinienne par un dialogue entre toutes les forces politiques » faisant référence aux tensions entre le Fatah, le mouvement du dirigeant palestinien, et le Hamas, a ensuite indiqué un communiqué de son ministère. « Cela créera des conditions favorables pour relancer le processus de (paix) israélo-palestinien », a-t-il estimé.
C’est le premier déplacement en Russie de M. Abbas depuis que le pouvoir à Gaza a été pris par la force le 15 juin par le Hamas que Moscou ne considère pas comme une organisation terroriste à la différence de Washington, de l’Union européenne et d’Israël. À la mi-juin, le dirigeant palestinien a limogé le gouvernement dominé par le Hamas, décrété l’état d’urgence et mis en place un cabinet d’urgence.
De son côté, M. Abbas, a déclaré qu’il ferait bon accueil à toute initiative en faveur d’un rapprochement avec le Hamas, si ce dernier accepte de céder le contrôle de la bande de Gaza. « Nous disons que si nous devions engager un dialogue avec le Hamas en vue d’une réconciliation, ils doivent mettre fin à l’ensemble des causes et conséquences des mesures qu’ils ont prises dans le cadre d’un coup de force contre l’autorité légitime », a-t-il ajouté sur la chaîne de télévision al-Arabia à Moscou. « Nous discuterons avec (le président Vladimir Poutine) de la manière dont il peut nous aider à sortir de l’impasse politique interne », a dit M. Abbas qui doit rencontrer aujourd’hui le chef de l’État russe.
Contrairement à ses partenaires du quartette pour le Proche-Orient (qui compte également les États-Unis, l’UE et l’ONU), la Russie a choisi de dialoguer avec le Hamas qu’elle considère comme un interlocuteur à part entière malgré son refus de reconnaître Israël. Depuis la victoire du Hamas aux législatives palestiniennes en janvier 2006, la Russie s’est démarquée en se prononçant contre des sanctions à l’égard du mouvement islamiste et en accueillant son chef, Khaled Mechaal, deux fois à Moscou. M. Lavrov a encore eu jeudi une conversation téléphonique avec lui.
À Gaza, le Premier ministre palestinien limogé Ismaïl Haniyeh s’est prononcé hier en faveur d’une médiation de Moscou. « Nous accueillons toute initiative palestinienne, arabe, régionale ou internationale pour combler le fossé entre Palestiniens et mettre fin à la crise, et notamment une médiation de la Russie », a déclaré M. Haniyeh, qui rejette l’idée d’élections anticipées.
La Russie, qui entretient de bonnes relations avec l’Iran et la Syrie, cherche à retrouver l’influence perdue de l’URSS au Proche-Orient et la presse russe s’attendait à ce que le Kremlin profite de l’occasion pour jouer les intermédiaires entre le Fateh et le Hamas. « Poutine aidera à réconcilier les Palestiniens », titrait notamment Vedemosti.
Outre ce dossier, MM. Abbas et Poutine vont tenter d’harmoniser leurs positions avant une conférence internationale à l’automne pour relancer les pourparlers de paix, que le président américain George W. Bush a proposé d’organiser. « Avant la conférence internationale, nous cherchons vraiment à coordonner nos positions politiques avec la direction russe », a dit M. Abbas. Le dirigeant palestinien a aussi souligné la nécessité de prendre « des mesures urgentes pour (...) le règlement des problèmes socio-économiques des Palestiniens ». La Russie s’est déclarée « prête à accorder ultérieurement une assistance humanitaire aux Palestiniens ».
Parallèlement, sur le terrain, le corps d’un membre du service palestinien des renseignements relevant du Fateh a été retrouvé criblé de balles hier à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, a-t-on appris de source médicale. Ismaïl al-Michwakhi, 37 ans, a été enlevé la veille par des inconnus armés, a-t-on précisé.
Par ailleurs, Israël a lancé hier un raid aérien contre un véhicule dans le centre de la bande de Gaza, blessant trois activistes palestiniens et quatre civils, a-t-on appris de source médicale.
D’un autre côté, toujours selon l’Orient le Jour, Israël se résout à alléger sous peu les barrages en Cisjordanie [1]
Israël se prépare à lever une partie du demi-millier de barrages installés par ses forces de sécurité en Cisjordanie, comme l’en adjurait Mahmoud Abbas, afin de renforcer localement la main du président palestinien face au Hamas retranché à Gaza.
Après avoir fait durant des mois la sourde oreille aux demandes de Abbas, soutenues par Washington, le Premier ministre Ehud Olmert et son ministre de la Défense Ehud Barak vont sous peu examiner une carte des points de contrôle à démanteler, a-t-on appris hier de source autorisée. « C’est clair que, pour tout le monde, c’est une urgence. Ces mesures seront prises bientôt », déclare-t-on de même source, en soulignant qu’elles seront mise en œuvre par étapes et que ce n’était plus qu’une « question de semaines ».
Israël s’oppose plus particulièrement à un assouplissement du contrôle étroit des allées et venues autour de Naplouse, la plus grande ville du territoire, qui sera vraisemblablement maintenu en l’état.
Parallèlement, Israël a autorisé 41 Palestiniens d’Irak à s’installer en Cisjordanie, ce qui peut s’interpréter comme un geste de bonne volonté vis-à-vis du Premier ministre palestinien Salam Fayyad, a indiqué hier le quotidien Haaretz. Le journal a précisé que la procédure pour permettre à ces Palestiniens de rejoindre des membres de leur famille était en cours auprès du bureau de M. Olmert qui gère ce dossier avec le ministère des Affaires étrangères et les services de sécurité.