Dans le mur de silence et de connivences qui cachaient les secrets (qui ne le sont plus) de Dimona, celui qui a ouvert une brèche décisive n’a pas été un pays ou une organisation mais un homme seul, seul avec sa conscience.
C’est un technicien israélien, Mordechaï Vanunu, qui, en 1986, a 32 ans. Il travaille sur l’installation de Dimona depuis 1976.
Lorsque, au bout d’un certain temps, il s’aperçoit que celle-ci produit des armes nucléaires, Vanunu décide de rassembler les preuves, réussissant même à prendre des photos.
Après avoir quitté Dimona en 1985, il s’inscrit en philosophie et se convertit à la religion anglicane (il est lui-même d’origine australienne). Il décide alors de rendre publiques les preuves rassemblées.
Il va à Londres où il prend contact avec le journal The Sunday Times. La rédaction, avant de publier son témoignage, le fait évaluer par plusieurs plusieurs experts reconnus (Frank Barnaby, qui a travaillé au contre de recherches britannique sur les armes nucléaires, Théodore Taylor, qui a travaillé au projet de première bombe américaine).
Conforté par la garantie des experts, le journal publie les documents le 5 octobre 1986. Entre temps, Vanunu a été enlevé à Rome et transporté en Israël par des agents du Mossad. Il est condamné à 18 ans de réclusion. Le procès, super secret, a été défini comme un des plus étranges qui se soit déroulé dans une juridiction d’un Etat de droit. Vanunu est en effet accusé et condamné sur la base du code pénal, pour avoir révélé l’existence de quelque chose dont le gouvernement israélien nie l’existence : personne n’explique comment il peut avoir mis en danger la sécurité de l’Etat en diffusant des informations secrètes, aidant ainsi un ennemi en guerre contre Israël, si l’usine d’armes nucléaires n’existe pas.
En fait le vrai crime de Vanunu c’est de casser le tabou et par conséquent de mettre le nucléaire israélien sur l’agenda politique de la communauté internationale. C’est pour cela qu’il a été tenu pendant 12 ans dans un isolement complet, recevant, une fois par mois, sous contrôle étroit, un membre de sa famille, ou son avocat, ou un prêtre. Ses conditions de détentions ont été définies par Amnesty International comme « cruelles, inhumaines et dégradantes ». Il devrait être libéré le 22 avril prochain. Mais son avocat, Avigdor Feldman, inquiet, a présenté à la Haute Cour israélienne une requête pour avoir les garanties que son client sera effectivement libéré ce jour.
Sur la campagne internationale pour la libération de Vanunu, animée par son frère Meir, consulter : www.vanunu.freeserve.co.uk