Photo : Les Palestiniens déplacés rentrent chez eux au nord de Gaza après le cessez-le-feu, janvier 2025
Le cabinet de sécurité israélien a approuvé vendredi matin la proposition du Premier ministre Benjamin Netanyahu visant à instaurer le contrôle israélien sur la bande de Gaza, à l’issue d’une réunion marathon de 10 heures qui s’est tenue pendant la nuit.
La prise de contrôle israélienne devrait commencer par une invasion de la ville de Gaza. Le bureau de Netanyahu a déclaré que l’armée israélienne prendrait le contrôle de la ville « tout en distribuant une aide humanitaire à la population civile en dehors des zones de combat ».
Selon un haut responsable israélien qui s’est entretenu avec Haaretz, « lorsqu’une opération majeure débutera dans la ville de Gaza, la population civile se verra offrir la possibilité d’évacuer vers d’autres zones, pas nécessairement vers les camps centraux, afin d’assurer sa protection ».
C’était le cas, a-t-il dit, au début de la guerre, pendant l’offensive de Rafah et ailleurs.
Un haut responsable israélien a déclaré à Haaretz qu’il n’y avait actuellement aucun projet d’envahir et d’occuper les camps de réfugiés dans le centre de la bande de Gaza, ajoutant qu’Israël pouvait prendre le contrôle effectif de la ville de Gaza sans que les troupes israéliennes soient présentes sur tout son territoire.
Un autre responsable a déclaré à Haaretz que « les efforts visant à obtenir la libération des otages se poursuivront par tous les moyens ». Selon des sources proches du dossier, l’évacuation des habitants de la ville de Gaza vers d’autres zones devrait être achevée d’ici le 7 octobre, après quoi l’armée prendra le contrôle de la ville.
Les responsables militaires israéliens se sont opposés au plan approuvé par le gouvernement, préconisant plutôt de mener des raids ciblés et de prendre le contrôle des principales voies d’accès afin de diviser la bande de Gaza
Après l’approbation du plan de Netanyahu, son bureau a publié une déclaration indiquant qu’« une majorité décisive des ministres du cabinet de sécurité estimait que le plan alternatif qui avait été soumis au cabinet de sécurité ne permettrait ni de vaincre le Hamas ni d’obtenir la libération des otages ».
La déclaration énumérait également cinq principes pour mettre fin à la guerre, à commencer par le désarmement du Hamas, suivi du « retour de tous les otages, vivants ou décédés ».
Les autres principes comprennent « le contrôle sécuritaire israélien dans la bande de Gaza » et « la mise en place d’une administration civile alternative qui ne soit ni le Hamas ni l’Autorité palestinienne ».
La déclaration publiée par le bureau de Netanyahu ne mentionne pas le terme « occupation », qui a des implications juridiques en termes de protection de la population civile et de prévention de son transfert vers d’autres territoires, et se contente du concept vague de « prise de contrôle ».
En outre, les préparatifs nécessaires avant la mise en œuvre du plan offrent une occasion de modifier la décision.
Selon une source bien informée, le chef d’état-major de l’armée israélienne, Eyal Zamir, a mis en garde les ministres qui ont participé à la réunion du cabinet de sécurité contre les répercussions du plan.
« Il n’y a pas de réponse humanitaire pour le million de personnes que nous allons transférer », a déclaré Zamir. « Tout sera compliqué. Je vous suggère de retirer le "retour des otages" des objectifs opérationnels. »
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a accusé le chef militaire d’avoir rendu publique la discussion.
« Cessez de parler aux médias », a-t-il déclaré. « Nous voulons une victoire. Nous nous inquiétons tous pour les otages, mais aussi pour les soldats et les combattants qui exigent la victoire. »
Ben-Gvir a poursuivi : « Il y a constamment des fuites provenant de sources militaires. Vous êtes subordonné à l’échelon politique. Apprenez de la police comment obéir aux décisions des politiciens. »
Le ministre des Finances Smotrich a également soutenu le plan de Netanyahu. « Nous devons parler de victoire. Si nous optons pour un accord temporaire, ce sera une défaite », a-t-il déclaré.
« Nous ne pouvons pas nous arrêter à mi-chemin. Nous devons faire payer le prix au Hamas. Le Hamas doit payer le prix de ses actes. »
Le ministre Zeev Elkin, qui dirige la Direction Tkuma (Renaissance) chargée de restaurer les communautés frontalières de Gaza endommagées lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, a déclaré que la proposition de Zamir transformerait effectivement Gaza en Cisjordanie.
« L’armée propose un plan pour mettre fin aux combats », a déclaré Elkin. « C’est le genre de mesures de sécurité routinières que nous prenons en Cisjordanie. Ce n’est pas une guerre. »
Jeudi, des milliers de personnes ont manifesté contre le plan de Netanyahu devant le bureau du Premier ministre à Jérusalem et dans plusieurs endroits à travers le pays.
Zamir, qui s’oppose à cette mesure, a été vivement critiqué ces derniers jours par l’entourage proche de Netanyahu. Un haut responsable du bureau du Premier ministre aurait déclaré : « Si cela ne convient pas au chef d’état-major, qu’il démissionne. »
Traduction : AFPS