Photo : Mahmoud Abbas, président de l’Etat de Palestine, prend la parole à la 79ème session de l’Assemblée générale des Nations unies © UN Photo-Loey Felipe
Le Premier ministre canadien Mark Carney a déclaré que son pays avait l’intention de reconnaître officiellement l’État palestinien lors de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre, à la suite d’annonces similaires faites par la France et le Royaume-Uni.
Carney a déclaré mercredi soir aux journalistes que sa décision était fondée sur l’engagement pris par le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, de mener des réformes essentielles, notamment « d’organiser des élections générales en 2026 auxquelles le Hamas ne pourra pas participer, et de démilitariser l’État palestinien ».
M. Carney a déclaré que le Canada s’était longtemps engagé en faveur d’une solution à deux États dans le cadre d’un processus de paix négocié, mais que « cette approche n’est plus tenable ».
« La perspective d’un État palestinien s’érode sous nos yeux », a-t-il déclaré.
Le Premier ministre canadien a également déploré la situation désastreuse à Gaza, où près de 160 adultes et enfants palestiniens sont morts de faim depuis le début de l’offensive israélienne en octobre 2023.
« Le niveau de souffrance humaine à Gaza est intolérable et se détériore rapidement », a déclaré M. Carney.
« Des dizaines de milliers de Palestiniens ont été tués. Des milliers d’autres sont au bord de la famine. Le Canada condamne le fait que le gouvernement israélien ait laissé la situation se détériorer à ce point à Gaza », a-t-il ajouté.
Au début de la semaine, un organisme mondial de sécurité alimentaire soutenu par l’ONU a déclaré qu’une famine se développait dans l’enclave assiégée, un enfant sur trois à Gaza souffrant de malnutrition aiguë.
« Les dernières données indiquent que le seuil de famine a été atteint en matière de consommation alimentaire dans la majeure partie de la bande de Gaza et en matière de malnutrition aiguë à Gaza », a déclaré l’IPC (Integrated Food Security Phase Classification) soutenu par l’ONU dans un nouveau rapport.
« Dans un contexte de conflit incessant, de déplacements massifs, d’accès humanitaire fortement restreint et d’effondrement des services essentiels, notamment des soins de santé, la crise a atteint un tournant alarmant et mortel. »
Le projet du Canada fait suite à des annonces similaires de la France et du Royaume-Uni visant à reconnaître officiellement la Palestine.
Plus tôt mercredi, la Nouvelle-Zélande et l’Australie ont également signé une déclaration indiquant qu’elles pourraient suivre le mouvement dans les mois à venir.
L’Appel de New York, publié par le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, indique que 15 États « réaffirmeront leur engagement indéfectible en faveur de la solution à deux États, dans laquelle deux États démocratiques, Israël et la Palestine, coexistent pacifiquement à l’intérieur de frontières sûres et reconnues ».
Parmi les signataires figurent l’Andorre, l’Australie, le Canada, la Finlande, le Luxembourg, la Nouvelle-Zélande, le Portugal et Saint-Marin, qui n’ont pas encore reconnu l’État palestinien indépendant.
Les autres pays sont l’Islande, l’Irlande, Malte, la Norvège, la Slovénie et l’Espagne, qui l’ont fait.
Trump menace le Canada
À la suite de l’annonce de Carney, l’ambassadeur d’Israël au Canada, Iddo Moed, a déclaré que son pays « ne céderait pas à la campagne de pression internationale déformée menée à son encontre ».
Dans le même temps, le président américain Donald Trump a déclaré qu’il serait difficile de conclure un accord commercial avec le Canada après que celui-ci ait annoncé son soutien à la création d’un État palestinien.
« Wow ! Le Canada vient d’annoncer qu’il soutenait la création d’un État palestinien. Cela va rendre très difficile la conclusion d’un accord commercial avec eux. Oh, Canada !!! », a écrit Trump sur sa plateforme de réseau social Truth Social.
Les États-Unis ont rejeté toute initiative visant à reconnaître un État palestinien, affirmant que cette politique récompensait le Hamas. L’administration Trump a toujours soutenu Israël sans compromis, malgré les accusations des experts de l’ONU et des groupes de défense des droits humains selon lesquelles l’allié des États-Unis commettait un génocide contre les Palestiniens.
Trump lui-même a déclaré que la famine sévissait clairement à Gaza, malgré les dénégations d’Israël.
Son envoyé spécial au Moyen-Orient, Steve Witkoff, devrait arriver en Israël jeudi pour des pourparlers sur le cessez-le-feu et l’aide humanitaire.
Avec l’annonce faite mercredi, Carney a positionné le Canada aux côtés de la France, après que le président Emmanuel Macron ait déclaré que son pays reconnaîtrait officiellement un État palestinien lors de la même réunion de l’ONU.
Son plan va plus loin que l’annonce faite par le Premier ministre britannique Keir Starmer en début de semaine, qui a déclaré que le Royaume-Uni ne reconnaîtrait officiellement l’État de Palestine que si Israël ne prenait pas diverses « mesures substantielles », notamment en acceptant un cessez-le-feu à Gaza.
Traduction : AFPS