L’évacuation mardi 7 août de deux familles de colons israéliens de la vieille ville de Hébron a relancé de plus belle en Israël un débat qui avait déjà eu lieu au moment de l’évacuation des colons de la bande de Gaza autour du refus de soldats extrémistes d’obéir aux ordres.
Rien à voir, cette fois, avec les objecteurs de conscience, les « refuzniks », qui refusent de servir dans les territoires palestiniens occupés. Il s’agit au contraire de soldats religieux qui soutiennent la colonisation de la terre palestinienne, et par ce fait refusent de participer à toute action allant à l’encontre de celle-ci. Sur la trentaine de soldats israéliens qui ont refusé de participer à l’évacuation des colons à Hébron mardi, estimant « immoral d’expulser des juifs » de « leurs » maisons, une dizaine doivent passer en cour martiale et cinq au moins ont été condamnés à 28 jours de prison militaire. Des sanctions jugées généralement pas assez dissuasives pour enrayer le phénomène, qui laisse ouverte une question clé : qui commande réellement au sein de l’armée israélienne ?
Certains officiers ont en effet avoué leur inquiétude face au phénomène de soldats « prêts à obéir aux ordres de leurs rabbins avant ceux de leurs commandants ». La question est d’autant plus sensible que ces recrues sont de plus en plus nombreuses, voire majoritaires dans les unités combattantes et font preuve d’une « motivation » tout à fait exceptionnelle lorsque les cibles de leurs missions sont palestiniennes... Des rabbins ont pour leur part accusé l’armée de vilipender injustement leurs yeshivot, qui allient enseignement de la religion et du combat et préparent leurs ouailles à faire leur service militaire, rappelant que la plupart se conforment aux ordres. D’autres ont dénoncé les manoeuvres de l’extrême droite et menacent désormais de mener campagne contre l’enrôlement des jeunes religieux.
Beaucoup d’analystes rejettent en fait la faute à la fois sur les religieux et les laïques, estimant que le refus de plus en plus de jeunes de faire leur service militaire, pour des questions de conscience ou par simple désintérêt, a laissé la place libre à ces jeunes religieux qui sont aussi parfois eux-mêmes des colons. Les derniers cas d’insubordination cette semaine illustrent en tout cas à nouveau la montée de l’influence au sein de l’armée israélienne de l’extrême droite et des rabbins des colonies les plus ouvertement racistes et violentes comme celles de Kyriat Arba, à Hébron.
Et qui dit influence dans l’armée, dit influence dans la société israélienne elle-même dont la crise entre laïques et religieux, pauvres et riches, ou encore citoyens arabes et juifs, ne cesse de s’accentuer.