Au cours des deux premières semaines de décembre, l’armée israélienne a poursuivi les massacres perpétrés contre la population de la Bande de Gaza. Il y a les chiffres humains (plus de 18.000 mort.es et 50.000 blessé.es, les données humanitaires et les conditions sanitaires qui se détériorent chaque jour un peu plus. A Gaza, des centaines de frappes aériennes touchent chaque jours des cibles civiles, l’armée israélienne a revendiqué en avoir déclenché des centaines chaque jour avec l’aide de l’intelligence artificielle.
Watch | The extent of destruction caused by the occupation missiles to civilian homes in Rafah, Southern Gaza. pic.twitter.com/Ic31ucgUlL
— TIMES OF GAZA (@Timesofgaza) December 13, 2023
Mais il y a aussi les destructions symboliques, les humiliations et la volonté de faire taire les témoignages de ce qu’inflige l’armée israélienne aux plus de deux millions de Gazaoui.es. Il y a aussi la volonté de détruire tout ce qui symbolise le lien social, la mémoire et la politique dans cette enclave côtière, sous blocus aérien, terrestre et maritime depuis 16 ans.
A Gaza, plus de 40 000 édifices ont été bombardés, dont plus d’un quart ont été intégralement détruits. Cela représente au moins 18% des bâtiments de l’enclave. 296 personnels médicaux et 32 secouristes ont été tués dans l’offensive israélienne. L’UNRWA, agence onusienne consacrée à la protection des réfugié.es palestinien.nes a vu 134 de ses membres périr dans les frappes aériennes. Un représentant de l’Organisation Mondiale de la Santé a lui aussi été assassiné.
Au cours des offensive et des sièges contre les hôpitaux de Gaza, les humiliations et vagues d’arrestations injustifiées se sont multipliées. Les frappes aériennes contre des centres d’oncologie, cardiologie ou des services de pédiatrie. Des coupures d’eau et d’électricité dans des services dont le fonctionnement y est totalement conditionné. A l’heure actuelle, seulement un quart des hôpitaux de Gaza continuent de fonctionner mais avec des capacités partielles. Plus de 200 attaques contre des établissements de santé, des frappes aériennes qui en ont touché 60 et 76 ambulances détruites dans les bombardements.
Mardi 12 décembre 2023, après plusieurs jours de siège et de frappes aériennes, l’armée israélienne a pris d’assaut l’hôpital Kamal Adwan dans la ville de Gaza, y a capturé plus de 70 personnels soignants et a emporté les captifs vers un lieu inconnu. Parmi les personnes capturées on retrouve le directeur de l’hôpital, le Dr Ahmed Al-Khalout, mois d’un mois après l’arrestation du directeur d’Al-Shifa, plus grand centre hospitalier de la Bande de Gaza, le Dr Abou Salmiya.
Israeli forces have arrested Ahmed al-Kahlout, the director of the Kamal Adwan Hospital, in the northern Gaza Strip, along with dozens of medical personnel. https://t.co/wJgJxH1ZVe pic.twitter.com/ekZYoIUptU
— The Palestine Chronicle (@PalestineChron) December 13, 2023
Ces pratiques, celles qui reposent sur le fait de capturer des civil.es et de les humilier ont lieu depuis plusieurs semaines. Il y a eu les mises en scènes et mauvais traitements infligés à des centaines de civil.es présenté.es par l’armée israélienne comme des combattants du Hamas. Parmi ces personnes, l’intégralité des palestinien.nes identifié.es sont des humanitaires, professeur.es, soignant.es, boulanger.es et journalistes.
Original picture :
The detainees that were released a few days later recount being subjected to horrific torture & abuse by the IDF as well as starvation & degrading treatment
These actions & the fact that Israeli soldiers are taking & posting pictures of this are all WAR CRIMES pic.twitter.com/LMbEwUGAou
— Muhammad Shehada (@muhammadshehad2) December 11, 2023
L’armée israélienne a tenté de mettre en scène des mascarades de redditions de « combattants » en capturant des dizaines de civil.es abrité.es dans les écoles de l’UNRWA, en les déshabillant puis en leur demandant à plusieurs reprises que l’une des personnes capturées vienne déposer une arme devant les caméras des troupes israéliennes.
🚨Identity Confirmed : Munir Qeshta al-Masry, a small business owner of an aluminium workshop in Beit Lahia. NEVER a Hamas member !
This is depraved on many levels ; forcing civilians to strip & stand almost completely naked at gun point & filming/posting this for a victory image🧵 pic.twitter.com/FfnJAA9cl8
— Muhammad Shehada (@muhammadshehad2) December 9, 2023
L’autre méthode employée par l’armée israélienne pour tenter de briser la société gazaouie est de détruire ou d’endommager les lieux symboliques, politiques et éducatifs de la population Gazaouie.
C’est dans cette perspective que le 8 décembre 2023, l’artillerie terrestre et aérienne israélienne a pilonné la grande Mosquée Al-Omari, le plus grand centre religieux de Gaza et l’un des plus vieux monument historique Gazaoui.
Of the footage that has emerged from Gaza recently, yesterday's video which documents the devastation of the Great al-Omari mosque, the oldest in Gaza – now reduced to rubble – is particularly eerie. pic.twitter.com/WPnTd9IlNd
— Emek Shaveh (@EmekShaveh) December 9, 2023
Quelques jours plus tard, le 13 décembre, les chars israéliens ont dévasté le cimetière Al-Faluja à Jabaliya.
Invading Israeli tanks vandalize Palestinian graves in the Al-Faluja cemetery in Jabalia refugee camp, northern Gaza. pic.twitter.com/fF4sHKM4J8
— Quds News Network (@QudsNen) December 13, 2023
L’armée israélienne a aussi mis en scène l’explosion de plusieurs édifices symboliques de la Bande de Gaza. S’il semble difficile de dresser une liste exhaustive de ces destructions, il semble néanmoins possible d’en détailler la méthode. Chaque fois après des siège des édifices qui durent plus ou moins longtemps, l’armée israélienne fait expulser des centaines de personnes, victimes de déplacement forcé qui s’y étaient abrités. Les troupes capturent de nombreux civils et envahissent puis occupent le bâtiment en question, une fois entièrement vidé, l’édifice est rempli d’explosifs et d’autres soldats filment sa destruction.
C’est cette méthode qui a été employée lors de la destruction de la Faculté de Médecine de Gaza le 8 décembre 2023.
🚨Israel blows up the Medical Faculty of the IUG to the south of Gaza city.
This was NOT an airstrike, but explosives that soldiers planted in person there ; meaning the buildings constituted ZERO security risk !
Israel has detained & killed several doctors since Oct 7 (1/2) pic.twitter.com/0Dw4p93lrS
— Muhammad Shehada (@muhammadshehad2) December 8, 2023
C’est la même méthode qui a été employée pour la destruction du "Palais de justice" de Gaza, mais cette mise en scène avait peut-être d’autres motivations. L’édifice abritait en effet la Cour suprême palestinienne, la Cour d’appel et le Tribunal de première instance. Des centaines de milliers de documents juridiques ont disparu dans cette explosion.
Israel blows up Gaza's "Palace of Justice" compound which housed the Palestinian Supreme Court, the Court of Appeal, the Court of First Instance & the Magistrate.
100,000s of vital case documents are gone.
Deliberately targeting civilian infrastructure is a War Crime ! pic.twitter.com/feXcl02YWD
— Muhammad Shehada (@muhammadshehad2) December 4, 2023
Enfin, dans l’interminable liste de personnalités reconnues pour leur engagement, leur art ou leur savoir qui ont été éliminées par l’armée israélienne, il convient de signaler que le Dr Refaat Alareer, poète, écrivain, professeur, traducteur et activiste gazaoui, co-fondateur de We Are Not Numbers, a été assassiné par une frappe aérienne le 7 décembre 2023.
Le 1er novembre dernier, il publiait un poème dont le titre est « si je dois mourir ».
If I must die, let it be a tale. #FreePalestine #Gaza pic.twitter.com/ODPx3TiH1a
— Refaat in Gaza 🇵🇸 (@itranslate123) November 1, 2023
Sources : WAFA / Eye on Palestine / Quds News Network / Refaat Alareer / Times of Gaza / Muhammad Shehada / Emek Shaveh
Photo : Quds News Network