Alors qu’Israël avait annoncé lancer son offensive sur la bande de Gaza pour éradiquer le Hamas, l’Égypte vient de révéler qu’un accord de trêve de dix-huit mois serait officialisé demain. « Nous avons donné notre accord à une trêve avec la partie israélienne pour une durée d’un an et demi », a confirmé Moussa Abou Marzouk, numéro 2 du bureau politique du mouvement islamiste - palestinien. L’accord prévoit « l’ouverture des six points de passage entre Gaza et Israël et l’arrêt de toute activité militaire et agression », a précisé Abou Marzouk. Il a ajouté que la question de la libération du soldat franco-israélien Gilad Shalit, aux mains du Hamas, ne faisait pas partie de l’accord de trêve.
plus de 1 300 morts
Si cette annonce était confirmée - mais tout le confirme actuellement -, elle mettrait évidemment à mal le prétexte israélien de l’attaque sanglante sur Gaza qui a fait plus de 1 300 morts. Non seulement le Hamas ne serait pas anéanti, mais il serait un partenaire digne de signer une convention avec Israël ! Si l’on ne peut que se réjouir de la - levée du blocus inhumain imposé à la population de Gaza, on comprend mal les motivations politiques israéliennes. D’autant que cela survient alors que les tractations sont en cours pour la formation d’un nouveau gouvernement israélien. Mais, pour l’heure, on ne fait aucun commentaire du côté de Tel-Aviv. Comme si l’armée, organe semble-t-il indépendant, dirigeait les opérations militaires aussi bien que politiques. Ainsi, un adolescent palestinien a été tué, hier, par l’armée israélienne en Cisjordanie, alors que la bande de Gaza était de nouveau la cible des avions de chasse israéliens.
Par ailleurs des responsables du Fatah et du Hamas se sont rencontrés au Caire pour préparer une réunion de réconciliation prévue le 22 février en Égypte. Une délégation du Fatah, dirigée par l’ancien premier ministre, Ahmed Qoreï, et une autre du Hamas, conduite par Moussa Abou Marzouk, se sont entretenues jeudi soir au Caire « dans le cadre des efforts déployés par l’Égypte pour une réconciliation », selon les termes utilisés par les deux partis dans un communiqué commun. Les deux délégations sont convenues lors de la rencontre de « mettre fin aux attaques réciproques dans les médias », de « clore le dossier des arrestations » politiques et de poursuivre les rencontres en vue de préparer le dialogue. Les discussions ont également porté sur les efforts de l’Égypte pour négocier une trêve à Gaza.
Reste toujours en suspens, côté israélien, la libération de Gilad Shalit. « Nous voulons la libération de nos prisonniers contre ce soldat », a affirmé Abou Marzouk, indiquant que le Hamas avait remis à l’Égypte une liste comprenant les noms des prisonniers palestiniens. « Si la partie israélienne l’accepte, l’échange aura lieu », a-t-il dit. « Israël essaie de mélanger les dossiers et de lier son sort à l’ouverture des points de passage (entre l’État hébreu et le territoire palestinien). Nous refusons cela et nous l’avons dit aux autorités égyptiennes », a expliqué Khaled Mechaal, le chef du Hamas, qui déploie une intense activité diplomatique auprès des pays membres de l’Organisation de la communauté islamique (OCI). Selon le Hamas, Israël a proposé lors des négociations d’ouvrir de « 70 % à 80 % » les passages dans le cadre de la trêve et les 20 % restants au moment du règlement de l’affaire du soldat israélien Gilad Shalit capturé en juin 2006.
Le résultat de ces négociations confirme la volonté qui se fait jour depuis plusieurs semaines maintenant d’intégrer le Hamas dans des négociations plus globales. Si tout le monde convient que l’unité palestinienne est maintenant la condition sine qua non pour que le dossier concernant la création d’un État palestinien avance, reste à y mettre un contenu comme le demandent les organisations de la gauche palestinienne, à commencer par le Parti du peuple palestinien (PPP, communiste), qui parle d’un État laïc et démocratique dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale et un règlement du droit au retour des réfugiés. Laisser seuls, face à face, le Fatah et le Hamas serait dommageable pour le mouvement national palestinien, son unité et l’avenir de l’OLP.