Les chefs des plus grandes églises de Jérusalem ont demandé au ministre israélien de la protection de l’environnement d’arrêter le projet d’extension du parc national des remparts de Jérusalem, qui entoure la vieille ville.
Le projet prévoit d’étendre le parc national situé sur les pentes du Mont des Oliviers à des propriétés appartenant à plusieurs églises différentes. Les chefs des principales confessions religieuses estiment que ce projet portera atteinte à leurs droits sur les sites et au statu quo qui y règne.
Actuellement, le parc national, qui a été créé après la guerre des Six Jours, en 1968, s’étend sur de vastes zones comprenant le village palestinien de Silwan, la vallée de Hinnom et des terrains jouxtant les murs de la vieille ville. La partie principale du parc, dans la zone de la Cité de David-Silwan, est contrôlée par la Fondation de la Cité de David, alias Elad, une organisation de droite qui, ces dernières années, a étendu son contrôle sur de nouvelles parcelles de terrain.
Aujourd’hui, le parc couvre 1 085 dunams (environ 271 acres). Selon le nouveau plan de l’autorité des parcs, lancé il y a environ un an, il serait agrandi de 275 dunams supplémentaires, principalement sur les pentes du mont des Oliviers, à proximité de plusieurs des églises et sites les plus sacrés du christianisme. Les chrétiens croient que plusieurs événements importants de la vie de Jésus ont eu lieu sur ce mont.
Les remarques explicatives du plan précisent que l’objectif est de garantir le caractère public de la zone en maintenant son importance historique, religieuse et nationale, ainsi que son paysage et son architecture.
Ces dernières semaines, le projet a suscité l’ire des communautés et des dirigeants chrétiens de Jérusalem, qui s’inquiètent des dommages que pourraient subir les sites du Mont des Oliviers. Bien que la définition de la zone en tant que parc national ne permette pas l’expropriation des propriétés des églises en soi, la possibilité d’un développement futur dans la zone serait sévèrement limitée par la nouvelle initiative.
Cette inquiétude a conduit les représentants des trois plus grandes églises de Jérusalem - le patriarche grec orthodoxe Theophilos III, le custode catholique Francesco Patton et le patriarche arménien Nurhan Manougian - à envoyer vendredi une lettre inhabituelle à la ministre Tamar Zandberg pour lui demander d’arrêter le projet.
Bien que leur lettre ne le mentionne pas spécifiquement, il semble que les dirigeants de l’église s’inquiètent du contrôle croissant d’Elad sur de grandes parties du parc national.
"Ces dernières années", écrivent-ils à Zandberg, "nous ne pouvons nous empêcher de penser que diverses entités cherchent à minimiser, pour ne pas dire à éliminer, toute caractéristique non juive de la Ville Sainte en tentant de modifier le statu quo sur cette montagne sainte. Elles ont échoué en raison de l’objection et du manque de coopération des Eglises. Après l’échec de leurs tentatives, ils ont recouru aux pouvoirs statutaires en avançant un plan visant à déclarer de vastes parties de la montagne comme parc national."
Bien que le plan d’expansion ait été officiellement présenté par l’INPA, les chefs religieux ont ajouté qu’"il semble qu’il ait été proposé et qu’il soit orchestré, avancé et promu par des entités dont le seul objectif apparent est de confisquer et de nationaliser l’un des sites les plus sacrés du christianisme et d’en modifier la nature."
"Il s’agit d’une mesure brutale qui constitue une attaque directe et préméditée contre les chrétiens de Terre Sainte, contre les églises et contre leurs droits anciens, internationalement garantis, dans la Ville Sainte. Sous couvert de protection des espaces verts, le plan semble servir un programme idéologique qui nie le statut et les droits des chrétiens de Jérusalem."
L’autorité des parcs a fourni cette réponse : "Nous sommes en dialogue avec toutes les entités avant la réunion [du comité de planification le mois prochain]. La zone située sur la pente du Mont des Oliviers, selon tous les plans depuis l’époque britannique, est destinée à la conservation ; ce n’est pas une zone de construction. Tout ce que le plan fait, c’est renforcer le statut de conservation de la zone".
"Il s’agit de l’un des paysages patrimoniaux les plus importants au monde. Toutes les zones décrites ici sont destinées à la conservation, selon tous les plans valides - des espaces publics ouverts, délimités par le [nouveau] plan pour faire partie du parc national. Aujourd’hui également, aucun droit de construction ne s’applique à la zone en question. Nous ne porterons pas atteinte aux églises".
Traduction : AFPS