Photo : Raid de l’armée israélienne sur la ville de Tubas, 14 août 2024 © Wahaj Bani Moufleh / Activestills
Israël a bouclé une grande partie du gouvernorat de Tubas après avoir envoyé d’importants renforts dans le nord de la vallée du Jourdain, isolant ainsi la région du reste de la Cisjordanie occupée et imposant un siège généralisé.
Des habitants ont déclaré mercredi à Al Jazeera que des bulldozers militaires avaient empilé de la terre sur toutes les routes d’accès avant l’aube, tandis que des hélicoptères Apache israéliens tiraient des salves au-dessus des champs vides autour de Tubas afin d’intimider les habitants palestiniens.
Les troupes ont ensuite commencé à fouiller maison par maison dans la ville de Tubas ainsi que dans les quatre villes voisines, dont Tammun et Aqqaba, tandis que l’armée annonçait une nouvelle opération militaire qui, selon elle, visait les combattants de la résistance.
Le gouverneur de Tubas, Ahmed Asaad, a rejeté cette justification, déclarant à Al Jazeera que l’assaut israélien n’avait rien à voir avec la sécurité, mais tout à voir avec la géographie.
« L’attaque vise Tubas en raison de sa situation géographique près de la vallée du Jourdain, dans le cadre d’une nouvelle tentative d’imposer une nouvelle réalité », a-t-il déclaré.
Asaad a indiqué qu’une trentaine de familles avaient été contraintes de quitter leur domicile et que les soldats avaient pris le contrôle de plusieurs bâtiments situés sur les hauteurs surplombant le gouvernorat.
Plus de 50 000 Palestiniens vivent dans les cinq villes désormais encerclées par l’armée.
Une punition collective
Asaad a condamné ce qu’il a qualifié de nouvelle vague de punitions collectives infligées à une communauté déjà confrontée quotidiennement à des incursions et à un harcèlement constant aux postes de contrôle environnants.
Avec le couvre-feu militaire en vigueur, il a déclaré que les autorités locales avaient suspendu les cours dans les écoles et les institutions publiques et activé les comités d’urgence dans tout le gouvernorat.
Les déplacements des ambulances et des équipes médicales ont également été restreints. Asaad a déclaré que les forces israéliennes avaient bloqué l’accès à plusieurs patients qui avaient besoin de soins urgents.
Les responsables locaux ont contacté le Comité international de la Croix-Rouge afin qu’il intervienne et assure les transferts médicaux.
Nettoyage ethnique
Au moins deux Palestiniens ont été transférés à l’hôpital mercredi après avoir été battus par des soldats lors de raids à Tubas et Tammun, selon les médecins de la Société du Croissant-Rouge palestinien.
Des habitants ont déclaré à l’agence de presse palestinienne Wafa que l’ampleur de l’opération, qui a débuté peu après minuit, ressemblait aux grandes invasions menées par Israël en Cisjordanie depuis le début du génocide de Gaza en 2023, au cours desquelles les troupes ont démoli des maisons, rasé des routes, arrêté des milliers de personnes et cherché à procéder à un nettoyage ethnique des Palestiniens de leurs foyers.
Le Hamas a condamné « l’armée d’occupation sioniste criminelle », affirmant que le dernier siège, le couvre-feu et les raids révèlent « l’étendue des crimes systématiques perpétrés par le gouvernement d’occupation extrémiste ».
Le groupe a déclaré que l’assaut s’inscrit dans le cadre d’une politique visant à « écraser toute présence palestinienne afin d’obtenir le contrôle total de la Cisjordanie » et d’une tentative de « nettoyage ethnique » du territoire occupé.
« Cette opération s’inscrit dans le cadre des plans d’annexion et de déplacement en cours, par lesquels l’occupant cherche à transformer les villes et villages de Cisjordanie en zones assiégées et fragmentées », a déclaré le Hamas, ajoutant que le « projet colonial » d’Israël « ne brisera pas la volonté de notre peuple ».
Le Mouvement des moudjahidines palestiniens, une autre faction de la résistance, a publié un communiqué séparé dénonçant le raid comme faisant partie d’une « guerre ouverte » menée par Israël pour annexer la Cisjordanie et expulser de force ses habitants. Il a accusé les États-Unis de permettre « l’agression systématique » d’Israël.
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), rien que cette année, les forces israéliennes ont mené près de 7 500 raids à travers la Cisjordanie.
« La Cisjordanie occupée connaît sa pire crise de déplacement depuis des décennies », a déclaré l’OCHA, citant les démolitions, les opérations militaires et l’escalade de la violence des colons israéliens.
Plus de 1 000 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes en Cisjordanie au cours des deux dernières années.
Au début du mois, Human Rights Watch a déclaré que le déplacement massif de trois camps de réfugiés par Israël constituait un crime de guerre et un crime contre l’humanité.
L’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, estime que près de 32 000 réfugiés palestiniens ont été contraints de quitter ces camps et les quartiers environnants.
Traduction : AFPS




