Les hauts responsables de l’Église catholique ont condamné la décision israélienne de cette semaine d’interdire un événement à Jérusalem-Est parce qu’il serait lié à l’Autorité palestinienne.
Mardi, le ministre de la sécurité publique, Omer Bar-Lev, a signé un ordre interdisant le festival de trois jours dans le complexe de Beit Abraham, invoquant une clause des accords d’Oslo qui interdit toute activité de l’Autorité palestinienne à Jérusalem.
Dans une déclaration publiée mercredi, l’Assemblée des Ordinaires catholiques de Terre Sainte, une association ecclésiastique affiliée au Patriarcat latin de Jérusalem, a dénoncé cette décision comme étant "dure et injustifiable" et a accusé le gouvernement de réprimer l’identité palestinienne.
"Nous avons été informés par les responsables du Beit Abraham que l’événement qu’ils ont organisé était purement culturel et qu’il était soutenu et sponsorisé par des organisations françaises et autrichiennes", peut-on lire dans la lettre.
"Nous ne pouvons donc pas comprendre les raisons d’une décision aussi dure et injustifiable", ont ajouté les responsables.
"Bien sûr, l’événement culturel avait un caractère palestinien : la Maison est située à Jérusalem-Est, et depuis le début, l’objectif de la Maison était et est toujours de créer un milieu pacifique et constructif dans le contexte voisin", a écrit le groupe.
L’Assemblée a déclaré qu’elle s’efforçait de contrer une attitude de plus en plus "agressive et répressive des autorités locales israéliennes envers tout ce qui est considéré comme palestinien, comme si les Palestiniens n’avaient pas le droit de s’exprimer dans la Ville sainte, comme s’ils n’en faisaient pas partie, comme si Jérusalem n’était pas pour eux."
Déclarant que le complexe de Beit Abraham et d’autres institutions de Jérusalem-Est ont le droit de "promouvoir et soutenir tout ce qu’ils considèrent comme approprié pour le développement de la communauté et de leurs relations avec tous les habitants de la ville sainte", le groupe a ajouté que la capitale "devrait être une ville inclusive et non exclusive, accueillante et non rejetante, étant sainte pour les trois religions monothéistes et d’une extrême importance pour les Israéliens comme pour les Palestiniens".
Selon Bernard Thibaud, qui dirige Beit Abraham, l’ensemble du festival est parrainé par les gouvernements autrichien et français par le biais du programme de développement des Nations unies et n’a aucun lien avec l’AP. L’événement est co-géré avec le groupe théâtral El-Hakawati.
Mardi, un spectacle a eu lieu dans le cadre du festival pour deux écoles de Jérusalem-Est. Le consul général de France à Jérusalem, M. René Troccaz, était également présent lorsque la police est arrivée en montrant à Thibaud l’interdiction signée par Bar-Lev.
Le mandat se lit comme suit : "Il a été porté à mon attention qu’il y a une intention d’organiser un événement dans le complexe Yad Ibrahim dans le quartier Ras al-Amud de Jérusalem sous les auspices et le financement de l’Autorité palestinienne, sans qu’une autorisation ne soit accordée."
Thibaud a déclaré à l’époque qu’il annulerait les événements prévus, mais qu’il soulèverait également la question auprès du consulat de France et du ministère des affaires étrangères et qu’il "porterait l’affaire devant les tribunaux".
Ces dernières années, de nombreux événements ont été interdits à Jérusalem-Est, parfois par la force. Il s’agissait notamment d’un tournoi de football entre familles dans la vieille ville, de lancements de livres, de festivals pour enfants et d’un événement pour la Journée de la femme.
En réponse, le bureau d’Omer Bar-Lev a déclaré : "Il existe des informations fondées selon lesquelles il y a un lien entre l’Autorité palestinienne et le festival. Comme il s’agit d’un événement qui se déroule en territoire israélien, l’événement n’est pas autorisé."
Traduction : AFPS