Alors que le Conseil de sécurité a voté la mise sous tutelle de la bande de Gaza et que le monde regarde ailleurs, le génocide à Gaza se poursuit à bas bruit tandis que le nettoyage ethnique s’intensifie en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, mené conjointement par l’armée d’occupation et par les colons.
Dès la mise en place du gouvernement en décembre 2022, le ton était donné : intensification de la colonisation, de l’annexion de fait, premiers pogroms de colons contre les villages palestiniens, attaques permanentes des communautés isolées.
Tout comme la violence des colons, celle de l’armée n’a pas attendu le 7 octobre 2023 pour s’accroître mais après cette date elle ne connaît plus de limite. Ces derniers jours ont été marqués par la prise d’assaut de l’université de Birzeit à Ramallah, et du siège de l’UNRWA à Jérusalem, le bombardement du camp de réfugiés de Tubas, l’assassinat filmé de deux hommes mis en joug par des soldats hors de contrôle, félicités par leur ministre Ben Gvir pour leur crime de guerre. Tous les jours des dizaines d’arrestations arbitraires sont recensées.
En toute impunité, les colons - armés par centaines de milliers - sous protection de l’armée israélienne, attaquent les villages palestiniens et leurs habitants, détruisent et incendient voitures et bâtiments, harcèlent les agriculteurs les menaçant de mort pour les forcer à partir, volent et massacrent le bétail, détruisent les cultures. Des milliers d’oliviers ont été saccagés ces dernières semaines. La violence des colons et de l’armée d’occupation a été d’une rare intensité lors de la dernière période de récolte des olives.
Tout le territoire est concerné : de Masafer Yatta où l’armée a récemment déposé des ordres de démolition sur 25 maisons à la vallée du Jourdain où la localité de Ein ad-Duyuk, tout comme tant d’autres villages bédouins avant elle, a connu des attaques extrêmement cruelles, en passant par le village d’Al Mughayyir dans le district de Ramallah. Ce village est attaqué sans cesse depuis des mois et quotidiennement depuis cinq jours. Attaques et menaces de mort contre ses habitants et les militants internationaux menées par les colons sous couvert de l’armée bloquant les entrées du village et empêchant les ambulances d’accéder aux blessés.
Les attaques sur les routes sont quotidiennes et les enlèvements et passages à tabac se multiplient. L’attaque sans retenue des militants internationaux venus assurer des missions de protection et leur expulsion est un des faits majeurs de ces derniers mois.
Si, par exception, un colon ou un soldat est entendu pour répondre de la gravité de certains faits comme le tabassage d’une rare violence d’une vieille femme palestinienne pendant la récolte des olives, il n’est jamais inquiété voire est érigé en héros.
En Israël rares sont ceux qui dénoncent cette violence systémique. Il est plus facile de feindre de croire que ces colons violents seraient des extrémistes isolés alors qu’ils sont partie prenante de ce système qui depuis des décennies pratique la politique du fait accompli préparant ainsi l’annexion de jure de toute la Cisjordanie. Il faut « finir le travail de 1948 » : prendre le maximum de terre avec le moins de Palestiniens.
Depuis le 7 octobre 2023, plus de 130 avant-postes (nouvelles colonies) se sont installés sur des terres volées aux Palestiniens. Dans le même temps 73 communautés agricoles ont été chassées de leurs terres suite au harcèlement des colons, représentant 2700 personnes.
Sans cesse, de nouvelles annonces aggravent l’annexion de fait du territoire palestinien occupé : Israël vient d’installer une nouvelle colonie à Beit Sahour village jouxtant Bethléem, le ministre en charge de la sécurité nationale, Ben Gvir a fait voter une nouvelle législation pour armer toujours plus de colons et le ministre suprémaciste Smotrich annonce l’investissement de 2,7 milliards de shekels pour la création de 17 nouvelles colonies.
Ces violations quotidiennes du droit international et des droits humains ne sont possibles que du fait de l’impunité que lui assurent nos États. Israël doit mettre fin au nettoyage ethnique, à l’occupation, à la colonisation et à l’apartheid. Nos États ont les moyens légaux de faire pression pour le lui imposer et ils ne font rien. Ils portent la responsabilité de leur perpétration. La France doit se conformer à ses obligations légales et mettre fin à l’impunité d’Israël.
Bureau National de l’AFPS,
12 décembre 2025
Photo : Des colons attaquent les agriculteurs palestiniens lors de la récolte des olives, Hébron, Cisjordanie occupée, 12 octobre 2025 © Mosab Shawer / Activestills




