Une nouvelle rencontre a réuni, lundi dernier 16 juillet, Mahmoud Abbass et Ehud Olmert. Comme les précédentes, elle n’a pas abouti à des mesures concrètes visant à relancer la paix. La stratégie israélienne étant de discuter de sujets portant uniquement sur le court terme, gagnant ainsi toujours plus de temps. Désormais, ces questions tournent autour d’un seul objectif : écarter au maximum les islamistes et diminuer leurs influences sur le terrain.
Avant la réunion, le négociateur en chef palestinien, Saëb Eraqat, avait indiqué que l’objectif de M. Abbass était d’« insister sur la nécessité de reprendre les négociations sur le statut définitif » de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, pratiquement interrompues par Israël depuis septembre 2000, après le déclenchement de la seconde Intifada. Côté israélien, la porte-parole du premier ministre, Miri Eisin, a fait part de l’intention de M. Olmert de réclamer que l’Autorité palestinienne « prouve sa détermination à combattre le terrorisme, condition sine qua non pour engager une négociation de paix sur les questions de fond ». Des vues qui ne s’annoncent pas convergentes, et des priorités bien différentes.
Plutôt que d’œuvrer à relancer la paix au sens propre du terme, le premier ministre israélien, en rencontrant le président palestinien, semble uniquement vouloir renforcer l’Autorité palestinienne face aux islamistes du Hamas. Les quelques gestes de bonne volonté faits par Israël s’inscrivent en effet dans cette optique. Lors de la dernière rencontre, le 25 juin à Charm Al-Cheikh (Egypte), M. Olmert avait annoncé le déblocage d’une partie des fonds dus à l’Autorité palestinienne. Quelque 118 millions de dollars ont été versés depuis au gouvernement Fayyad. Israël avait aussi décidé à Charm Al-Cheikh de libérer 250 prisonniers palestiniens du Fatah, le mouvement de M. Abbass. En outre, Israël a autorisé le chef du Front Démocratique de Libération de la Palestine (FDLP), Nayef Hawatmeh, à se rendre en Cisjordanie pour participer à une réunion à Ramallah de la direction de l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine).
Le président palestinien Mahmoud Abbass a en outre obtenu d’Israël l’arrêt des poursuites contre environ 200 activistes recherchés en Cisjordanie afin de se renforcer face aux islamistes du Hamas, maître de la bande de Gaza. 189 activistes, dont des chefs militaires du Fatah, ont accepté de cesser leurs attaques anti-israéliennes en échange de la promesse de rayer leur nom de la liste des Palestiniens recherchés, établie par l’armée israélienne. Ce geste est intervenu à la veille d’une rencontre prévue entre les deux hommes. Selon des responsables palestiniens, Israël a transmis vendredi soir une liste des 189 activistes amnistiables à l’Autorité palestinienne, après des demandes en ce sens faites par M. Abbass et le chef du gouvernement Salam Fayyad. La majorité de ces activistes font partie des Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa, liées au Fatah de Mahmoud Abbass. L’un des chefs les plus recherchés de ce groupe en Cisjordanie, Zakaria Zoubeidi, fait partie des activistes ayant accepté l’accord. Un responsable sécuritaire palestinien a précisé que les 189 activistes s’étaient engagés par écrit à rendre les armes et à séjourner dans les quartiers généraux des services de sécurité palestiniens pendant une semaine. Il leur sera également interdit, pendant une période de trois mois, de quitter les zones A de Cisjordanie, sous contrôle de l’Autorité palestinienne, et ils devront dormir chaque nuit dans les QG des services de sécurité. Pour Zakaria Zoubeidi, ce geste a pour objectif de soutenir le président Abbass. « Les Brigades Al-Aqsa sont au côté du président Abou-Mazen (Mahmoud Abbass) et soutiennent le gouvernement de Salam Fayyad pour qu’il ait une chance d’assurer la sécurité et de mettre fin au chaos dans les rues », a-t-il dit.
Soutenir le président Abbass, tel est donc le mot-clé. Pour l’Etat hébreu, qui craint une contagion islamiste en Cisjordanie après la prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas le 15 juin, Mahmoud Abbass est l’unique salut. Loin de là pour autant une relance du processus de paix .