« Les élections anticipées sont une tentative de contourner la volonté du peuple palestinien et cette tentative est vouée à l’échec. Elle échouera. Nous, le peuple palestinien, la ferons échouer », a déclaré, lors d’une conférence de presse à Gaza, l’un des principaux chefs du mouvement islamiste, Mahmoud Zahar. « Le peuple palestinien, dont le Hamas fait partie, n’acceptera pas des élections anticipées destinées à satisfaire l’Amérique. Nous sommes à 100 % sûrs que ces élections seront truquées », a-t-il ajouté. Les 132 députés du Parlement actuel de l’Autorité palestinienne, dominé par le Hamas, avaient été élus en janvier 2006 pour un mandat de quatre ans.
Feu vert du Comité Cebtral de l’OLP à un scrutin anticipé
Le dirigeant islamiste réagissait à une allocution de M. Abbas prononcé la veille à Ramallah au cours de laquelle il avait appelé l’OLP à décider de la tenue d’élections générales anticipées après la prise du pouvoir à Gaza par le Hamas qui avait mis en déroute, à la mi-juin, les services de sécurité de l’Autorité palestinienne.
Hier soir, le Conseil central de l’Organisation de libération de la Palestine (CCOLP) a répondu à l’appel de Abbas en le chargeant d’organiser ces élections anticipées à une date qu’il doit encore déterminer.
Alors que le Hamas réservait jusqu’ici ses critiques les plus acerbes aux collaborateurs du président de l’Autorité palestinienne, M. Zahar s’est déchaîné contre M. Abbas, affirmant qu’il n’était pas digne de diriger son peuple. « Il complote avec l’ennemi pour faire assassiner les chefs du Hamas en affirmant que ceux-ci creusent leur propre tombe. Il existe un plan israélien de pénétrer dans la bande de Gaza avec l’accord d’Abou Mazen (Abbas) », a-t-il affirmé. « Est-ce qu’un homme qui s’allie avec l’ennemi contre son peuple peut rester président de ce peuple ? » s’est-il interrogé.
Il a affirmé que le déploiement d’une force internationale à Gaza préconisé par M. Abbas équivaudrait à une nouvelle occupation.
M. Zahar a aussi accusé M. Abbas d’être « directement responsable » de la fermeture du terminal de Rafah, entre la bande de Gaza et l’Égypte, et des souffrances des quelque 6 000 Palestiniens qui y sont bloqués depuis le coup de force du Hamas. « Abbas a perdu toute crédibilité en tant que président du peuple palestinien », a-t-il encore dit. Il a aussi affirmé que le Hamas ne céderait pas le contrôle des QG des services de sécurité dont il s’est emparé à l’issue d’une semaine de combats interpalestiniens à Gaza.
« Ces déclarations vont directement à la poubelle », a affirmé un proche collaborateur de M. Abbas, Nabil Amr, en réaction aux propos de M. Zahar.
Cette diatribe intervient en outre alors que le président Abbas doit accueillir aujourd’hui les 256 prisonniers palestiniens qu’Israël doit libérer. Un geste destiné à le renforcer face au Hamas. Il s’agira du plus grand nombre de Palestiniens libérés par Israël en une seule fois après les 400 relâchés en janvier 2004 dans le cadre d’un échange avec le Hezbollah [1].
Parallèlement, un haut responsable militaire israélien a déclaré hier à la presse, sous le couvert de l’anonymat, que le Hamas met en place à Gaza une « véritable armée ». Le Hamas dispose dès à présent de 12 000 à 13 000 hommes, formant quatre régiments bien équipés et bien entraînés, a ajouté cet officier. Selon lui, le Hamas a réussi à faire passer clandestinement d’Égypte pas moins de « 20 tonnes d’explosifs et des armes automatiques » en un mois. Selon des informations de l’armée, le Hamas se dote en missiles antichars et antiaériens. « Il ne faudra pas longtemps avant que le Hamas se dote de roquettes katioucha de plusieurs dizaines de kilomètres de portée », a ajouté ce responsable. Hier, une roquette tirée par des Palestiniens à partir de la bande de Gaza a d’ailleurs explosé dans la ville israélienne de Sdérot causant des dégâts mineurs et sans faire de blessé.
Le responsable militaire a par ailleurs déclaré que le moment étiat propice pour attaquer le Hamas et que l’armée était prête. « C’est le moment aujourd’hui avant que le monde ne s’habitue à la nouvelle entité du Hamas et que celui-ci n’ait achevé de renforcer ses capacités militaires », a-t-il déclaré. Le Premier ministre Ehud Olmert, échaudé par l’échec de son opération de nettoyage du Hezbollah l’été dernier au Liban-Sud, a fait savoir par le truchement de sa porte-parole Miri Eisin que l’opinion du général n’engageait que lui-même.