Le contraste est frappant entre les électeurs américains et les “électeurs” étrangers. Les Américains demandent à leurs deux candidats de ne pas s’intéresser à la politique étrangère, hormis l’Irak, alors que les étrangers ne pensent qu’à l’attitude qu’aura la nouvelle administration américaine vis-à-vis de leurs pays.
Récemment, de nombreux Jordaniens ont eu l’impression que leur destin était en jeu : hommes politiques, analystes et journalistes ne parlaient plus que d’une déclaration attribuée à John McCain dans laquelle il aurait dit qu’il ne croyait pas en la solution de deux Etats – palestinien et israélien – côte à côte et qu’en conséquence il était favorable à la “solution jordanienne”, qui consiste à transformer la Jordanie en patrie alternative pour les Palestiniens. Ensuite, cette déclaration a été attribuée non plus à McCain, mais à Robert Kagan, son conseiller pour la politique étrangère. Mais Kagan a démenti et expliqué que cette déclaration lui avait été attribuée à tort par un site Internet israélien. Finalement, on a appris que c’est un site proche du Hezbollah qui se trouvait à l’origine de l’“information”. Mais peu importe, finalement, d’où cela était parti : ce qui est significatif, c’est la tempête provoquée. McCain s’est ainsi, du jour au lendemain, transformé en “ennemi” à cause d’une déclaration qu’il n’a jamais faite.
Aujourd’hui, concernant McCain et Obama, le monde arabe n’a pas la même perception de la modération et de l’extrémisme. La popularité d’Obama a beaucoup reculé chez les Arabes lorsqu’il a parlé de Jérusalem comme capitale unifiée d’Israël, mais il reste le candidat préféré des Arabes radicaux qui sont en colère contre les Américains. Les régimes arabo-musulmans considérés comme extrémistes – tels que l’Iran et la Syrie – soutiennent Obama, tandis que les soutiens de McCain se comptent parmi ceux qui sont considérés comme des régimes arabes “modérés”.
Cela étant, il faut rester réaliste dans l’analyse de la politique américaine. Les deux candidats sont dans la continuité des liens organiques américano-israéliens et ne renonceront sous aucune condition à l’alliance avec Israël. Il est clair finalement que ni Obama ni McCain ne précipiteront le retrait d’Irak.