L’assassinat de Shireen Abu Akleh par l’armée israélienne, à Jénine le 11 mai dernier, a suscité à juste titre une émotion considérable, émotion encore accrue par les attaques de la police israélienne contre le cortège de ses funérailles. Les médias du monde entier en ont fait largement état, les enquêtes indépendantes convergent toutes vers un assassinat délibéré par l’armée israélienne, l’indignation n’est pas près de retomber.
C’est le caractère monstrueux d’un système d’occupation militaire qui dure depuis 55 ans qui est ainsi mis en évidence, et qui a été repris dans tous les médias.
Les missions de l’AFPS qui ont enfin pu re- prendre vers la Palestine le confirment : la colonisation israélienne s’est considérable- ment développée pendant les deux dernières années, les violences des colons sont continuelles, et les meurtres de Palestiniens par l’armée israélienne se répètent à un rythme quasi quotidien. À Jérusalem, à Beita, dans les collines du sud d’Hébron, les militants de la résistance populaire sont présents sur tous les fronts pour soutenir la population et l’aider à rester sur sa terre. À Gaza, de- puis 15 ans sous blocus, des femmes et des hommes inventent tous les jours les moyens de maintenir l’espoir.
Dans cette situation, notre pire ennemi s’appelle l’indifférence. L’installation aux portes de l’Europe de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine, l’envolée des prix, le dérèglement climatique, sont les premiers sujets qui inquiètent nos compatriotes. Les questions relatives au droit international, aux droits de l’Homme, et plus précisément aux droits du peuple palestinien, ont été peu présentes dans les deux campagnes électorales que nous venons de vivre.
Cette indifférence tourne à la complicité lorsque le président de la République ne fait rien pour la libération de Salah Hamouri, ou quand, tournant le dos à ses propres valeurs, l’Union européenne, incapable de prendre la moindre mesure pour le respect des droits du peuple palestinien, va faire la cour à Israël pour un contrat gazier.
Mais nous devons aussi avoir conscience de notre force. Après sa tentative de dissoudre deux collectifs de solidarité avec la Palestine, le ministre de l’Intérieur s’est fait désavouer par le Conseil d’État qui a sus- pendu ses décrets, et l’AFPS est fière d’y avoir contribué. Et la Cour d’Appel de Lyon a confirmé, en déboutant Teva, le droit d’appeler au boycott.
Nous sommes aussi de plus en plus nom-reux à affirmer, avec maintenant Amnesty International, que la situation subie par le peuple palestinien dans son ensemble a un nom, c’est l’apartheid, il a une définition précise et il constitue un crime contre l’humanité. On ne pourra construire l’avenir qu’en mettant fin à ce régime inhumain d’oppression et de discrimination.
Nous avons le pouvoir de faire changer les choses. L’initiative citoyenne #StopColonies (#StopSettlements) est simple et directe : la colonisation est un scandale, et il est urgent de mettre fin à tout commerce avec ces colonies.
C’est à chacun de nous, c’est à chacun de vous, qu’il appartient maintenant d’agir. Chacune et chacun d’entre nous doit devenir un acteur du succès de cette initiative. Relayez les messages que vous recevrez régulièrement par e-mail ou sur les réseaux sociaux. Et si vous ne les avez pas sous la main, c’est très simple : en tapant StopColonies sur internet, on retrouve immédiatement la page de signature sur le site de la Plateforme française des ONG pour la Palestine. Signez si vous ne l’avez pas encore fait, partagez sans relâche avec votre famille, avec vos amis, avec toutes les personnes que vous connaissez.
Oui, nous sommes révoltés par l’assassinat de Shireen Abu Akleh, nous soutenons nos amis palestiniens qui résistent à l’enfermement et au vol de leurs terres, nous sommes tout simplement indignés que la colonisation existe encore de nos jours : alors soyons toutes et tous des ambassadeurs et des ac- teurs du succès de cette initiative !
Le succès de l’initiative citoyenne européenne #StopColonies est entre nos mains, entre vos mains. Nous avons le pouvoir et le devoir d’agir.
Bertrand Heilbronn, 27 juin 2022