Photo : siège des Nations unies, à New York / Source : Wikipedia
Le ministre de la défense israélien, Yoav Gallant, et un haut responsable palestinien ont parlé des violences survenues en Cisjordanie occupée. Le bureau de M. Galant a déclaré qu’il avait assuré son homologue de l’intention d’Israël de sévir contre les colons israéliens qui ont attaqué des communautés palestiniennes.
L’annonce, mardi, de la tenue de discussions entre des responsables israéliens et palestiniens survient alors que les États-Unis expriment de plus en plus leur inquiétude face à la situation en Cisjordanie occupée et que le Conseil de sécurité des Nations unies appelle toutes les parties à œuvrer à la désescalade des tensions, a rapporté l’agence de presse Reuters.
« Israël prend très au sérieux la violence infligée aux civils palestiniens ces derniers jours par des éléments extrémistes », a déclaré le bureau de M. Gallant à Hussein Al-Sheikh, un haut fonctionnaire de l’Autorité palestinienne.
« Israël infligerait aux fauteurs de trouble les peines prévues par la loi », a ajouté M. Gallant, qui a expliqué qu’il était dans l’intérêt commun de M. Al-Sheikh et lui d’apaiser les tensions en Cisjordanie occupée.
Le bureau de M. Al-Sheikh n’a pas fait de commentaire dans l’immédiat.
Les chefs de l’armée, de la police et des services de sécurité intérieure israéliens ont publié une déclaration commune samedi, à la suite d’une série d’attaques de colons israéliens contre des villages palestiniens au cours de la semaine précédente, déclarant qu’ils prendraient des mesures contre ce qui a été décrit comme du « terrorisme nationaliste ».
Le Conseil de sécurité des Nations unies a « demandé à toutes les parties de s’abstenir de toute action unilatérale susceptible d’aggraver les tensions » et les a invitées à faire preuve de retenue pour éviter une nouvelle escalade.
Violence extrême des colons
La déclaration du Conseil de sécurité fait suite à un discours de l’envoyé des Nations unies pour le Moyen-Orient, Tor Wennesland, dans lequel il a fait état d’un « pic de violence alarmant » en Cisjordanie, qui a fait de nombreuses victimes palestiniennes et israéliennes. L’envoyé a averti le Conseil que « si des mesures fermes ne sont pas prises dès maintenant pour endiguer la violence, il existe un risque important que la situation se détériore davantage ».
M. Wennesland s’est déclaré particulièrement inquiet des « niveaux extrêmes de violence des colons, dont un grand nombre, souvent armés, attaquent systématiquement les villages palestiniens, terrorisant les communautés », parfois avec le soutien des forces israéliennes.
« Israël, en tant que puissance occupante, a l’obligation de protéger les Palestiniens et leurs propriétés dans les territoires palestiniens occupés et de garantir des enquêtes rapides, indépendantes, impartiales et transparentes sur tous les actes de violence », a-t-il déclaré.
Il a également prévenu que « l’expansion incessante » des colonies illégales par Israël exacerbait la violence et « entravait l’accès des Palestiniens à leurs terres et à leurs ressources, redessinait la géographie de la Cisjordanie occupée et menaçait la viabilité d’un futur État palestinien ».
Les États-Unis, le plus proche allié d’Israël, ont appuyé la déclaration du Conseil mardi et leur ambassadeur adjoint auprès des Nations unies, Robert Wood, a déclaré au Conseil que l’administration du président Joe Biden partageait l’inquiétude de M. Wennesland quant à la situation en Cisjordanie occupée.
« Nous appelons toutes les parties à s’abstenir de toute action unilatérale, y compris les activités de colonisation, les expulsions et les démolitions de maisons palestiniennes, le terrorisme et l’incitation à la violence, qui ne font qu’envenimer la situation », a déclaré M. Wood.
Cette année a été l’une des plus meurtrières pour les Palestiniens en Cisjordanie occupée et la semaine dernière a été marquée par une intensification de la violence des colons.
Au moins 137 Palestiniens ont également été tués par les forces israéliennes en Cisjordanie occupée depuis le début de l’année 2023. Du côté israélien, 24 personnes ont été tuées dans des attaques palestiniennes.
« Personne ne viendra leur porter secours »
Riyad Mansour, ambassadeur palestinien auprès des Nations unies, a déclaré que les colons israéliens étaient conscients que leurs actions faisaient l’objet d’une condamnation internationale, mais qu’ils bénéficiaient d’un soutien militaire, financier et politique de la part du gouvernement israélien, tandis que les Palestiniens ne disposaient d’aucun soutien réel pour les arrêter, bien qu’ils aient « l’ascendant moral » et que le droit international soit de leur côté.
Les Palestiniens sont convaincus chaque jour davantage que « personne ne viendra leur porter secours », a déclaré M. Mansour qui a exhorté le Conseil de l’ONU « Montrez leur que l’aide est en route ».
Le rédacteur « diplomatie » d’Al Jazeera, James Bays a relevé - depuis le siège de l’ONU à New York - qu’il était inhabituel pour les États-Unis de se joindre à la « critique d’Israël » au cours d’une réunion du Conseil de sécurité.
Mardi, l’ONU a également publié son rapport annuel sur les enfants tués et blessés dans les conflits armés à travers le monde, dans lequel est dressé une liste noire des armées et des groupes armés qui ont infligé des dommages à des enfants.
« Cette année encore, Israël n’a pas été placé sur cette liste », a déclaré M. Bays, expliquant que l’ONU soutenait que les forces israéliennes avaient tué et mutilé moins d’enfants palestiniens en 2022 qu’un an plus tôt.
Mais depuis le début de l’année, les forces israéliennes ont déjà tué 27 enfants et M. Bays a demandé à la représentante spéciale de l’ONU pour les enfants dans les conflits armés, Virginia Gamba, pourquoi Israël n’avait pas été placé sur la liste noire.
« C’est pourquoi nous sommes très inquiets, comme nous l’avons dit, nous sommes très inquiets de l’escalade que nous constatons cette année », a déclaré Mme Gamba à M. Bays.
Selon M. Bays, la Russie a été placée sur la liste noire pour la première fois de son histoire, en raison de sa guerre en Ukraine. En revanche, Israël n’a jamais été inscrit sur la liste, bien qu’il tue des enfants palestiniens chaque année.
« Les organisations de défense des droits humains craignent que cette liste noire ne se transforment en une sorte de blanchiment », a ajouté M. Bays
Traduit par : AFPS