Photos : Mur de séparation à Jérusalem (Active Stills)/ Mohammed Tamimi, 2 ans et demi, tué par des soldats israéliens / Ahmed Saqr, 12 ans, tué par des soldats israéliens / Sadeel Naghniyeh, 14 ans, tuée par des soldats israéliens (sources : Twitter)
Les Nations unies ont placé l’armée russe et les groupes armés alliés sur leur « liste de la honte » pour le meurtre et la mutilation de centaines d’enfants lors de la guerre contre l’Ukraine. Pourtant, les forces israéliennes en sont absentes, bien qu’elles aient tué plus de 40 enfants palestiniens l’année dernière, selon certaines informations.
Les organisations de défense des droits humains ont demandé à plusieurs reprises qu’Israël soit ajouté à la liste noire de l’ONU pour le meurtre et la mutilation d’enfants palestiniens en Cisjordanie occupée.
L’ambassadeur palestinien auprès de l’ONU, Riyad Mansour, a qualifié jeudi de « grosse erreur » la décision du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, d’exclure Israël de cette liste.
Dans le rapport annuel de l’ONU sur le sort fait aux enfants dans les zones de conflit, distribué aux membres du Conseil de sécurité ce jeudi, M. Guterres s’est dit « consterné par le nombre élevé de violations graves commises à l’encontre des enfants en Ukraine » en 2022.
Selon les organes de presse, qui ont eu accès à une copie du rapport, 477 enfants ont été tués en Ukraine l’année dernière, dont 136 décès directement attribués aux forces russes et à des groupes affiliés.
Les forces armées ukrainiennes ont tué 80 enfants, selon ce même rapport. Pour ce qui est des autres enfants victimes, aucune des deux parties belligérantes n’a pu être mise en cause avec certitude. Les enfants ont pour la plupart été tués par des attaques aériennes, selon le rapport de l’ONU.
Les Nations unies ont également constaté que les forces russes et les groupes affiliés ont mutilé 518 enfants en Ukraine et ont mené 480 attaques contre des écoles et des hôpitaux. Les forces armées russes ont également utilisé 91 enfants comme boucliers humains, selon le rapport. Les forces armées ukrainiennes ont mutilé 175 enfants et mené 212 attaques contre des écoles et des hôpitaux. Les forces ukrainiennes n’ont pas été placées sur la liste.
Le chef de l’ONU s’est déclaré « profondément préoccupé » au vue du nombre d’enfants palestiniens tués par les forces israéliennes en 2022.
Selon le rapport, 42 enfants palestiniens ont été tués et 933 blessés en 2022 par les forces israéliennes. En 2021, les forces israéliennes avaient tué 78 enfants palestiniens.
Israël n’a jamais figuré sur la liste des Nations unies des pays honnis pour avoir tué des enfants.
M. Guterres a déclaré qu’il avait noté une « diminution significative du nombre d’enfants tués par les forces israéliennes, y compris dans des frappes aériennes » l’année dernière par rapport au rapport précédent.
Human Rights Watch a salué la décision de l’ONU de nommer les forces russes, mais a critiqué la décision du chef de l’ONU d’exclure Israël de la liste de la honte, déclarant qu’il avait « une fois de plus laissé tomber les enfants palestiniens ».
« En inscrivant les forces russes sur sa liste de la honte, le secrétaire général leur impose de rendre compte des terribles violations commises à l’encontre des enfants », a déclaré Jo Becker, directrice du plaidoyer pour les droits de l’enfant au sein de Human Rights Watch.
« Sa réticence [de Guterres], année après année, à obliger les forces israéliennes à répondre de leurs actes de violence graves à l’encontre des enfants s’est retournée contre lui, ne faisant qu’encourager les forces israéliennes à utiliser une force meurtrière illégale contre les enfants palestiniens », a déclaré Mme Becker.
« Entre 2015 et 2020, l’ONU a attribué aux forces israéliennes plus de 6700 victimes parmi les enfants. Elle vient d’en attester 975 de plus en 2022. Pourtant, Israël n’est toujours pas inscrite sur sa liste de la honte », a twitté Mme Becker.
M. Mansour, ambassadeur palestinien auprès des Nations unies, a déclaré que l’exclusion d’Israël de la liste des Nations unies était "très décevante pour le peuple palestinien et ses enfants".
« Le secrétaire général a commis une erreur grave en n’inscrivant pas l’actuel gouvernement israélien sur la liste. Il s’agit de la coalition la plus extrémiste, composée d’éléments fascistes. Si vous n’inscrivez pas ce gouvernement sur la liste maintenant, quand allez-vous le faire ? », a déclaré M. Mansour. « Il est très regrettable qu’il ait choisi de ne pas les citer. »
Ce rapport des Nations unies est depuis longtemps controversé, des diplomates affirmant que l’Arabie saoudite et Israël ont exercé des pressions ces dernières années pour tenter de ne pas figurer sur la liste de la honte. Une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite a été retirée de la liste en 2020, plusieurs années après y avoir été citée une première fois pour avoir tué et blessé des enfants au Yémen.
Le rédacteur chargé des questions diplomatiques à Al Jazeera, James Bays, a déclaré que l’inclusion de la Russie était un tournant. Pour la première fois, « un membre permanent du Conseil de sécurité figure sur cette liste noire ».
« Encore une fois, le document est controversé. C’est en partie à cause d’Israël, qui, selon le rapport, a tué 42 enfants en 2022. Aujourd’hui, le Secrétaire général affirme qu’il s’agit d’une baisse significative et qu’il ne les met pas sur la liste noire », a déclaré M. Bays, tout en notant que la guerre d’Israël contre Gaza en 2021 a duré 11 jours et que celle d’août 2022 n’a duré que trois jours.
« La réalité est qu’Israël continue de tuer de nombreux enfants », a écrit M. Bays dans un tweet.
Le rapport des Nations unies a également condamné la violence exercée contre les enfants en République démocratique du Congo, en Somalie, en Syrie, en Haïti et dans d’autres pays.
Traduit par : AFPS
>> Lire notre communiqué sur la protection des enfants palestiniens.