Selon l’agence palestinienne Maan News, le ministre des Affaires étrangères danois Villy Sovndal a annoncé que le Danemark est décidé à ce que l’étiquetage permette de distinguer les produits des colonies israéliennes permettant ainsi aux consommateurs, en toute liberté, d’acheter ou pas ces produits. Il a demandé le renforcement des contrôles à l’entrée de ces marchandises produites dans des conditions que rejettent les gouvernements danois et plus généralement européens . Le ministre précise que ce n’était pas un appel au boycott mais, en ciblant la colonisation, un soutien à la solution des deux Etats.
La position du gouvernement danois exprime la volonté montante en Europe de prendre des mesures pour « sauver » la solution des deux Etats, mise en danger de disparaître du fait de la politique israélienne. La sonnette d’alarme a été tirée, une fois de plus serait-on tenté de dire, mais tout de même plus énergiquement, dans le rapport annuel 2011 des chefs de mission des pays européens, basés à Jérusalem ou Ramallah.
Et cette tendance ne se manifeste pas seulement en Europe. Rob Davies, ministre du Commerce et de l’Industrie d’Afrique du Sud, a annoncé qu’il serait dorénavant interdit d’étiqueter les produits de colonies israéliennes « Made in Israel » (voir avis ci-joint). Les négociants devront fournir la preuve du lieu de production.
Certes, à n’en pas douter, les truquages et tricheries dont sont coutumières les autorités et compagnies israéliennes pour falsifier l’origine de leurs productions vont se poursuivre. Mais si en face se manifeste une volonté politique pour pénaliser ces escroqueries, avec des amendes à la clé, elles ne s’éterniseront pas.
L’enjeu en Europe n’est pas simplement l’application de taxes douanières pour ces produits.
Il est avant tout politique. C’est pourquoi les autorités israéliennes s’opposent farouchement à distinguer ces produits. On devine la rage des partisans de « la Judée-Samarie est à nous » de voir inscrit par exemple « Produit de Cisjordanie (colonie israélienne) ».
Un tel étiquetage serait un rappel explicite, public, constant, multiplié par autant de produits mis à disposition des consommateurs, que la colonisation est à l’œuvre, qu’il n’est pas question de « l’oublier ».
Si de plus les distributeurs en France et ailleurs ne pouvaient plus se réfugier derrière des déclarations hypocrites - « nous ne savons pas d’où ils viennent » - nous ne nous en plaindrons pas.
Encore faut-il que nous fassions appliquer en France ce que les Danois veulent faire.
L’Afps y travaille depuis plusieurs années mais nous n’y sommes pas encore. Dernièrement le Parquet de Nantes a classé sans suite le PV d’infraction établi par la DDPP44 contre OPM, importateur de Sodastream. L’Afps et Indecosa-CGT ont décidé de porter plainte directement contre OPM pour tromperie des consommateurs sur l’origine du gazéificateur Sodastream. Il est étiqueté de manière trompeuse étant produit à Mishor Adumim, zone industrielle de la colonie Maale Adumim.
Tout en gardant en perspective que les sanctions économiques - l’embargo des produits des colonies, le boycott des entreprises qui profitent de la colonisation et de l’occupation, l’interdiction des relations commerciales et financières qui renforcent la colonisation, la suspension de l’accord d’association UE-Israël – sont à l’ordre du jour tant qu’Israël continuera à violer le droit international.
Robert Kissous, membre du Bureau national de l’Afps
voir ci-dessous le courrier du ministère du Commerce et de l’Industrie