Soixante-dix-sept années ont passé depuis la catastrophe historique - la Nakba - subie par le peuple palestinien entre 1947 et 1949, et plus précisément au moment de la création de l’État israélien le 15 mai 1948 par décision des Nations unies. Des années terribles où 80% de la population a été expulsée de ses terres et dépossédée de ses biens. Près de 600 villages et quartiers des villes palestiniennes ont été détruits et 31 massacres de civils ont eu lieu dont ceux de Deir Yassin et de Tantura ; quelques 800 000 Palestinien·es ont été expulsé·es vers la Cisjordanie, Gaza ou les pays voisins pour devenir des réfugié·es pendant que des dizaines de milliers étaient déplacé·es à l’intérieur d’Israël, perdant eux aussi leurs biens et leurs terres. Les expulsions, le vol des terres et des biens sont devenus la règle assumée et la loi du plus fort a imposé la colonisation de peuplement et de remplacement avec la complicité des instances internationales.
Depuis 77 ans, malgré une résistance résolue et multiforme, le peuple palestinien subit l’oppression d’un État qui viole ostensiblement le droit international et n’en respecte aucune résolution.
Depuis 77 ans, Israël a maintenu la Nakba dans toute la Palestine par la mise en place d’un régime d’apartheid se traduisant par une multitude de lois discriminatoires « légalisant » la dépossession, par le nettoyage ethnique, une répression féroce, la négation totale des droits humains et du droit à l’autodétermination du peuple palestinien. Elle s’accentue aujourd’hui avec une violence inégalée.
Depuis 19 mois, après l’attaque meurtrière du 7 octobre 2023 menée en Israël par des groupes armés palestiniens, Israël impose une nouvelle Nakba au peuple palestinien : le génocide en cours à Gaza comme le nettoyage ethnique en Cisjordanie occupée témoignent de l’inhumanité de la politique israélienne.
À Gaza, plus de 52 000 morts recensés officiellement par les hôpitaux, sans compter tous les autres, les morts indirects, de blessures ou de maladies, des milliers de disparus, plus de 120 000 blessés, amputés, brisés, près de 2 millions de personnes déplacées de multiples fois qui ont tout perdu dans un environnement de cauchemar, un champ de ruines. 90 % du territoire est dévasté par le largage de 100 000 tonnes de bombes. Plus de 2 200 familles ont été éradiquées. Il n’y a plus d’habitations, d’infrastructures et de services publics intacts. Plus d’universités ni d’écoles, guère plus d’hôpitaux, les journalistes et les soignants sont délibérément visés. Les dommages, y compris à l’environnement, sont pratiquement irréparables.
Le génocide est en marche, établi et dénoncé par de nombreuses ONG sur le terrain, par un rapport exhaustif d’Amnesty International, par les responsables des Nations unies, particulièrement de l’UNRWA.
Depuis le 2 mars 2025, après une trêve de deux mois pendant laquelle Israël s’en est pris violemment à la Cisjordanie, le gouvernement Netanyahou a rompu ses engagements et repris ses attaques quotidiennes contre la population de Gaza. Il les a intensifiées à partir du 18 mars, dans une série tragique de bombardements qui n’épargnent rien ni personne. On compte plus de 2 000 morts et 5 000 blessés depuis cette date.
Pire encore peut-être, plus criminel, Israël utilise l’arme de la faim contre les quelque 2 millions de Palestinien·nes qui tentent de survivre à Gaza. C’est un crime de guerre. La famine tue, notamment les enfants, cible privilégiée de l’armée d’occupation. Plus de 2 mois sans l’entrée de la moindre aide tandis que des centaines de camions sont bloqués à la frontière avec l’Égypte. Les ministres d’extrême-droite au pouvoir à Tel-Aviv s’en glorifient.
Alors que Netanyahou annonce officiellement la « conquête de Gaza », après le projet insensé de Trump de s’emparer de Gaza pour y faire une « riviera », le projet sioniste originel y semble en voie de concrétisation, avec l’appui affirmé des États-Unis et la complicité de facto de la « communauté internationale », pays arabes compris.
En Cisjordanie, le nettoyage ethnique frappe essentiellement les camps de réfugiés : Jénine, Tulkarem, Nour Shams, bientôt Balata et aussi les camps du sud. Depuis plus de 100 jours les camps du nord sont vidés de leurs habitant·es, méticuleusement détruits afin que les Palestinien·nes ne puissent plus y retourner vivre.
La violence débridée des colons s’intensifie encore, avec la complicité de l’armée : maisons détruites, animaux tués, eau et terre confisquées, habitant·es violenté·es. À Masafer Yatta, dans la vallée du Jourdain, Israël fait tout pour les faire partir !
Et à Jérusalem-Est, les bulldozers abattent les maisons palestiniennes, Le gouvernement israélien ferme les écoles de l’UNRWA, tandis que la colonisation à marche forcée annonce l’annexion du territoire, comme le réclament les colons et leurs ministres d’extrême-droite religieuse, ceux-là même qui font des provocations fréquentes sur l’esplanade des Mosquées et qui permettent à Netanyahou de rester au pouvoir.
En Israël même, la répression contre les Palestiniens et ceux qui les soutiennent lors des manifestations d’opposants à Netanyahou est violente. Outre les manifestants qui réclament son départ parce qu’il est corrompu, on voit maintenant des exigences de mettre fin à la guerre contre Gaza. Parce que c’est trop lourd pour le pays, les réservistes sont de plus en plus nombreux à refuser de servir, parce que les familles d’otages, et d’autres, font valoir que c’est cette guerre ignoble qui met en danger les otages détenus à Gaza, sous les bombes.
Il est de la responsabilité des États de mettre fin à cette injustice et à ces crimes qui perdurent. Ils doivent impérativement passer aux actes. Il faut en finir avec l’impunité dont jouit Israël depuis 77 ans. Cela passe par des sanctions immédiates : la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, la fin de toute coopération sécuritaire et militaire, l’arrêt immédiat des ventes d’armes aux génocidaires et un embargo diplomatique et économique.
Les États doivent exiger et obtenir l’arrêt immédiat du génocide à Gaza, l’entrée d’urgence de l’aide humanitaire et la fin du nettoyage ethnique en Cisjordanie occupée.
Par ailleurs, la France et l’UE doivent soutenir pleinement les enquêtes en cours de la Cour pénale internationale ainsi que la procédure contre Israël introduite par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de Justice. Elles doivent exiger d’Israël qu’il applique le droit international, notamment le droit au retour des réfugié·es de Palestine.
La France doit reconnaitre au plus vite et sans conditions l’État de Palestine, premier pas vers la reconnaissance effective du droit à l’autodétermination du peuple palestinien et œuvrer à la fin de l’occupation, de la colonisation et de l’apartheid exigée par l’ONU avant le 18 septembre 2025.
Le Bureau National de l’AFPS,
Le 14 mai 2025
Photo : Réfugiés de Palestine, 1948 © Fred Csasznik / Gaza attaquée, Salah Al-Din Road, 9 novembre 2023 © Mohammed Zaanoun