Ils ne sont pas amis de trente ans mais c’est tout comme. Pour preuve, la longue accolade donnée par Nicolas Sarkozy au premier ministre israélien, Ehud Olmert, reçut officiellement hier à l’Élysée puis à Matignon. Un déplacement diplomatique sans aucune difficulté pour Olmert, qui sait qu’il peut compter sur le soutien sans faille du président français. Ensemble, ils ont fait « un point sur la situation au Proche-Orient avant la conférence d’Annapolis » (États-Unis), prévue le mois prochain.
Le chef du gouvernement israélien « a souhaité que la France joue tout son rôle dans la conférence d’Annapolis », et le chef de l’État français a dit « sa disponibilité à aider d’une manière ou d’une autre » au bon déroulement de cette réunion internationale sur le Proche-Orient. Des propos assez amusants : interrogé hier par l’Humanité pour savoir si l’Union européenne (UE) avait été invitée à cette conférence et si une date était annoncée, le ministère français des Affaires étrangères, en la personne de son porte-parole adjoint, a répondu : « À notre connaissance, aucune invitation n’a encore été envoyée pour la conférence internationale d’Annapolis. »
Ce qui n’a pas empêché Nicolas Sarkozy de souhaiter que ladite conférence soit l’occasion, « dès lors que la sécurité de l’État d’Israël était assurée », de « faire preuve de créativité » et d’« essayer de faire des gestes » sur le chemin de la paix, selon David Martinon, porte-parole de la présidence, sans autre précision. On comprend mieux la position des Affaires étrangères, ainsi exposée à l’Humanité qui demandait si « la France considère que le futur État palestinien doit se construire dans les frontières de 1967 » : « La France considère que le statut final de l’État palestinien et ses frontières devront faire l’objet d’une solution négociée entre les parties, sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies. La relance d’un processus négocié est la seule façon d’aboutir à un règlement juste et durable, sur la base des résolutions de l’ONU, en vue de l’établissement de deux États viables, démocratiques, vivant côte à côte dans la sécurité et dans des frontières sûres et reconnues ».
Dans ces conditions, Sarkozy et Olmert pouvaient bien passer en revue les points qui pourraient être en discussion à Annapolis (droit au retour des Palestiniens, statut de Jérusalem...), en l’espèce le droit international ne semble pas applicable. Contrairement aux résolutions concernant le Liban...
Les deux hommes ont également parlé nucléaire. Pas le nucléaire israélien mais plutôt l’iranien. Israël réclame une nouvelle résolution des Nations unies destinée à empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire, tandis que Téhéran continue d’affirmer vouloir poursuivre ses activités d’enrichissement de l’uranium à des fins pacifiques. « Israël et la France partagent le souhait que le programme iranien se passe dans la plus grande transparence dans un objectif pacifique. Ni pour la France ni pour Israël il n’est acceptable que l’Iran soit doté de l’arme nucléaire », a rappelé David Martinon.
Communiqué de l’UJFP :
Ehud Olmert vient prêcher la guerre en France !
Dans une lettre envoyée au New York Times le 4 décembre 1948, plusieurs éminentes personnalités juives (dont Hannah Arendt et Albert Einstein) s’élevaient contre la visite aux Etats-Unis de Menachem Begin qualifié de terroriste chauvin utilisant des méthodes proches des partis fascistes.
Pour les mêmes raisons, nous nous élevons contre la visite en France du Premier Ministre israélien Ehud Olmert le 22 octobre.
La politique d’Ehud Olmert viole en permanence le droit international. Son gouvernement a mené une agression meurtrière contre le Liban pendant l’été 2006 et l’armée israélienne y a commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Aujourd’hui Olmert récidive : il vient en France pour obtenir un large consensus des dirigeants occidentaux afin d’obtenir une guerre dite « préventive » contre l’Iran en affirmant que l’Iran a un dirigeant qui veut la destruction d’Israël. Une telle guerre qui mettrait à feu et à sang toute la planète, ajoutée à la destruction de l’Irak, est présentée par le gouvernement israélien comme indispensable.
Cette fuite en avant meurtrière ne peut pas masquer la politique menée par le gouvernement Olmert : la société palestinienne est méthodiquement détruite. Le blocus de Gaza, les assassinats ciblés, les milliers de prisonniers politiques (dont de nombreux élus), les confiscations de terre, les expulsions, le pillage de l’eau, les centaines de barrages qui interdisent toute circulation, la progression du Mur dit « de séparation » sont autant de violations de l’ensemble des normes du droit humanitaire international et des droits humains ouvertement assumées par le gouvernement israélien. La colonisation continue. Plus de 450000 Israéliens vivent dans des territoires occupés depuis 1967. Avant toute discussion « de paix », Ehud Olmert affirme que l’essentiel de ces annexions est irréversible et donc que si futur Etat Palestinien il y a, ce ne sera qu’un territoire morcelé, éclaté et non-viable.
Tant que l’occupation durera, l’UJFP demande un boycott politique et économique d’Israël pour obliger ses dirigeants à renoncer à l’occupation. Une paix juste et durable au Proche-Orient repose sur la fin du déni de droit dont est victime l’ensemble de la population palestinienne, de l’occupation, le démantèlement de toutes les colonies, la fin des agressions militaires, l’égalité totale entre les peuples de la région et le droit au retour des réfugiés. La politique de M. Olmert est une politique de guerre, de fuite en avant et de refus de « l’autre ». Cette politique est criminelle pour les Palestiniens, suicidaire pour les Israéliens et dangereuse pour les peuples de la région, pour la paix et la sécurité internationale.
NON, M. Olmert n’est pas le bienvenu.
Union Juive Française pour la Paix (UJFP)
22 octobre 2007
21 ter rue Voltaire, 75011 PARIS
Tél. national : 06 09 73 53 72
Tél. Ile-de-France : 01 42 02 59 76
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