Association France-Palestine-Solidarité
Comité d’Albertville
Comité de Chambéry et de la Maurienne
Paulette BARBERA Michelle BARONIAY Evelyne CHARPENTIER
185 route de la Touale 33 Avenue Sainte Thérèse Les Droux
73200 - Pallud - 73200 - Albertville - 73230 - Les Déserts -
à Messieurs les parlementaires du département de la Savoie
Michel BOUVARD Dominique DORD Thierry REPENTIN
Député de la Savoie Député de la Savoie Sénateur
10, rue Trésorerie 91, rue d’Angleterre 80, place Saint Léger
73000 - Chambéry - 73000 - Chambéry - 73000 - Chambéry -
Vincent ROLLAND Jean-Pierre VIAL
Député de la Savoie Sénateur
5 Place Ferdinand Million 47, avenue de Lyon
73200 - Albertville - 73000 - Chambéry -
Albertville et Chambéry, le 23 novembre 2006
Objet : Palestine occupée
Messieurs les députés, Messieurs les sénateurs,
Nous « Femmes en noir » qui, chaque mois à Chambéry et Albertville nous rassemblons silencieusement pour témoigner de ce qui se passe en Palestine et qui à plusieurs reprises avec le soutien de notre association l’A.F.P.S vous avons alerté sur la situation que vit le peuple palestinien au travers de l’occupation qu’il subit de la part de l’Etat d’Israël, nous vous apportons le témoignage de trois d’entre nous.
Aujourd’hui, nous voulons vous dire notre révolte et notre incompréhension à l’absence de réaction de la communauté française et internationale.
Nous revenons d’une mission de 15 jours de cueillettes d’olives dont le but était la protection de paysans palestiniens afin de leur permettre d’accéder à leurs terres, entre le Mur et les colonies et empêcher l’application de la loi ottomane permettant la récupération des terres si celles-ci ne sont pas entretenues (pendant une durée de 5 ans).
Et ce que nous avons vu et entendu nous a été insupportable et c’est notre devoir de témoigner : nous avons vu des rues bloquées par des monceaux de pierres empêchant toute circulation dans les villages, nous avons vu des files d’attente de plusieurs centaines de mètres aux barrages, avec contrôle systématique de tous les occupants des véhicules et interdiction à certaines tranches d’âge de circuler. Pour notre part, nous avons rencontré jusqu’à 4, nous disons bien 4 barrages sur un trajet de 25 kilomètres avec des heures d’attente, empêchant les salariés, les étudiants d’arriver à l’heure à leur travail ou à leur université. Une jeune étudiante nous disait qu’elle prévoyait 2 h le matin et 3 h pour le retour chaque jour, un autre a abandonné ses études parce que régulièrement mis à genoux aux barrages, son père faisant partie d’une association locale contre le Mur qui a pris à M..... 90 % des terres du village. Nous avons vu l’impossibilité des paysans de charger leurs récoltes d’olives dans leurs voitures parce que leurs champs débouchaient pourtant sur une route mixte, mais cependant interdites de stationnement aux Palestiniens. Nous avons subi les changements de véhicules parce que le permis de circuler n’allait pas au-delà, nous avons vu des enfants aux yeux rougis, larmoyants parce qu’ils avaient été poussés et enfermés dans une boutique dans laquelle les soldats avaient jeté une grenade lacrymogène et que dire et penser, dans ce même village, du jeune garçon parce qu’ayant refusé de danser sur la place à la demande des militaires, a été battu jusqu’à en avoir une jambe brisée, et bien sûr, impossible de le conduire immédiatement à l’hôpital pendant la nuit. Nous avons été accueillis dans des champs par des militaires, des colons en arme. L’un des champs n’avait pas été ramassé depuis 4 ans..... et son propriétaire a perdu 80 % de son oliveraie de par la construction d’une colonie sur sa terre.
Nous avons vu aussi le Mur qui spolie tous les villages, ne respecte pas la ligne verte, pénètre à l’intérieur des terres palestiniennes. A Bethléem, non seulement il encercle la ville, mais serpente à l’intérieur. Dans cette ville qui devrait être la ville de la Paix par excellence, nous avons volontairement traversé à pied le check point, succession de couloirs, de tourniquets, de portes aux rayons X sur 200 mètres environ, de voix invisibles qui hurlent, (en hébreu certainement, nous n’avons rien compris) et nous avons eu honte de l’avilissement que des hommes peuvent faire subir à d’autres hommes. Savez-vous que le Mur sera 3 fois plus long que la ligne verte, ce mur qui pénètre jusqu’à 25 kilomètres à l’intérieur de la terre palestinienne (colonie d’Ariel) alors que le pays n’est large que de 50 en moyenne. Nous ne parlerons pas de la vallée du Jourdain en cours d’annexion et qui réduira encore la largeur du pays.
Que dire aussi des constructions nouvelles de colonies ou de l’extension des colonies existantes : 3500 logements sont en cours : il faut bien caser ceux de Gaza.
Que dire et penser aussi des humiliations permanentes faites aux anciens : les regrouper pendant la nuit sur la place du village et les faire attendre 2 à 3 h sans raison, quel que soit le temps, ou leur demander d’amener leurs ânes à l’école, ou de sortir avec leurs petits enfants d’une tranche d’âge et aussi en particulier, actuellement à Naplouse, de faire hurler, pendant la nuit, des cassettes d’aboiements de chiens, d’explosions, afin d’empêcher la population de dormir. C’est intolérable. Voir arriver, à 22 h, dans le village où nous étions stationnés et qui nous apparaissait bien tranquille car nous le parcourions chaque soir, une voiture automitrailleuse, une jeep et nous faire mettre en joue parce que nous ne réagissions pas suffisamment vite et que nous voulions parler aux soldats.....
Nous pourrions continuer encore hélas longtemps ces témoignages, nous en avons bien d’autres : une maison totalement cernée par le Mur, les destructions de maisons avec des gens à l’intérieur (à Bethléem quelques heures avant notre passage), le témoignage de gens simples, pacifiques mais qui n’en peuvent plus de subir l’occupation.
Monsieur le Député, Monsieur le Sénateur, nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas.
Nous nous devons, et vous en particulier qui êtes notre élu, de rechercher la Paix. Et nous sommes là pour vous y aider. La violence, toutes les violences sont à condamner. Dans cette partie du monde, le Droit International n’est pas respecté, pourtant on l’exige à certains. Pourquoi n’oblige-t-on pas Israël à respecter les décisions de l’ONU et du Tribunal de La Haye, la Convention de Genève ? La France, l’Europe en a les moyens au travers, entre autres, des accords qui sont signés.
Il y a quelques jours, l’ONU a voté, à une très large majorité, une demande de retrait de Gaza par Israël. Que faire pour que ce vote massif ne reste pas comme d’habitude un vœu pieux ?
Au-delà de ce non respect permanent, c’est à la valeur du Droit que nous devrions réfléchir. Que deviendront les Etats, la liberté, la démocratie, si nous ne le respectons plus ?
Nous vous présentons nos sincères salutations.
Paulette Barbera. Michelle Baroniay. Evelyne Charpentier.
Pour l’association France Palestine Solidarité
Maison des associations 67, rue St François de Sales, 73000 Chambéry
Espace Associatif, 21 rue des Fleurs, 73200 - Albertville
Certifié conforme par Denis DAMAMME