Le très controversé premier ministre israélien Ariel Sharon est tombé gravement malade mercredi 4 janvier et a subi depuis de nombreux examens médicaux et interventions chirurgicales pour tenter d’arrêter une grave hémorragie cérébrale.
Depuis que Sharon a été admis à l’hôpital Hadassah à Ein Karem, le public israélien de même que les plus hauts responsables sont littéralement tenus en haleine pour savoir si Sharon se remettra de cette attaque massive.
De l’autre côté du Mur de ségrégation et de séparation, les Palestiniens aussi suivent avec attention la détérioration de la santé du premier ministre israélien.
Au moment où de nombreux médecins et analystes disent que les jours politiques de Sharon sont quasiment comptés, cela vaut la peine de réfléchir à ce qui attend la paix (ou l’absence de paix) au Moyen-Orient.
Quand Sharon a pris ses fonctions de premier ministre il a promis au public israélien de mettre fin au soulèvement palestinien, l’Intifada, dans les 100 jours. Il n’a pas tenu ses promesses et le soulèvement palestinien contre l’occupation israélienne illégale et prolongée a continué pendant 5 ans.
Cet échec est l’une des raisons qui a amené le premier ministre à mener une politique plus radicale et inhumaine comme les assassinats ciblés, la poursuite de la construction du Mur d’annexion et de ségrégation, l’extension des colonies existantes et une quantité record de destructions de maisons.
Cette politique a culminé avec le désengagement unilatéral de Gaza, qui a reçu des félicitations internationales,et qui a vu les forces de sécurité israéliennes évacuer quelque 8000 colons de Gaza et d’une partie du nord de la Cisjordanie.
Le désengagement unilatéral de Gaza, le quasi achèvement du Mur d’annexion et de ségrégation, surtout autour de Jérusalem-est, et l’inclusion à Israël des grands blocs de colonies, la création le long de la Cisjordanie de quatre terminaux comme dans les aéroports et enfin l’annexion programmée de la vallée du Jourdain, tout cela est l’œuvre de Sharon.
Il va sans dire (mais c’est peut-être plus clair en le disant) que pendant son règne en tant que premier ministre, toute cette politique, ces développements sur le terrain, ont été menés de manière unilatérale, réduisant l’Autorité Nationale Palestinienne à l’état de simple réceptacle des diktats israéliens.
Avec le premier ministre israélien qui posait, si l’on peut dire, les fondations d’une paix très injuste, on pourrait dire qu’en terme de la réalisation d’un accord de paix réel, recherché par de nombreux Palestiniens et Israéliens aussi, l’avenir paraissait bien sombre.
De plus, contrairement à la croyance populaire et à ce que de nombreux médias et analystes politiques ont affirmé récemment, à savoir que les Palestiniens ont perdu un partenaire avec qui ils pouvaient travailler, en réalité les Palestiniens sont débarrassés d’un dirigeant qui ne pratique que l’unilatéralisme.
Ainsi la question demeure : où va le processus de paix à partir d’ici, ou plus précisément, quels scénarii possibles se profilent ?
D’après Chris Mcgreal du Guardian, il y a quatre candidats potentiels (successeurs de Sharon) pour l’élection législative prévue en Israël le 28 mars. Ce sont :
– 1. Ehud Olmert (Kadima)
– 2. Benyamin Netanyahu (Likud)
– 3. Amir Peretz (Travaillistes)
– 4. Shimon Peres (Kadima)
Pour commencer, dans l’ordre du meilleur partenaire raisonnable pour la paix, Amir Peretz est certainement le meilleur choix, pour les Palestiniens et les Israéliens et en l’occurrence, pour le processus de paix lui-même. Le passé de Peretz parle de lui-même. Ancien militant pacifiste et fervent social démocrate, il a dit qu’ « il ouvrirait immédiatement des négociations pour des discussions sur le statut final et qu’il n’essaierait d’imposer unilatéralement une frontière que si cela échouait ».
Ehud Olmert et Shimon Peres, les alliés de Sharon vont vraisemblablement continuer à mener à l’encontre des dirigeants et du peuple palestiniens le même style de politique, c’est-à-dire une continuation de l’unilatéralisme et de périodes intérimaires qui entraîneront la ghettoïsation de l’état palestinien sur moins de 52% de la Cisjordanie.
Reste Benyamin Netanyahu, un faucon de droite qui a catalogué l’ensemble de la direction palestinienne comme guère différente du « terroriste » Arafat, un partenaire ou un adversaire avec qui les Palestiniens doivent traiter.
Avec la maladie soudaine du premier ministre Ariel Sharon et avec les élections législatives qui approchent en Palestine et en Israël, il est impératif que la communauté internationale, représentée par le Quartette pour la paix au Moyen-Orient, intensifie ses efforts de médiation et aident les deux parties à mettre totalement en œuvre les décisions de la Feuille de Route pour la paix au Moyen-Orient.