Le véritable objectif de cette procédure exceptionnellement longue (l’examen de l’adhésion du Soudan du Sud avait duré moins d’une journée) était de gagner du temps afin de laisser une chance au Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Union Européenne, Russie, ONU) de relancer les négociations entre Israéliens et Palestiniens. Il n’en a rien été.
Cet échec constaté, le Conseil de sécurité pouvait difficilement faire traîner les choses plus longtemps. « Les choses ont assez duré. Il est temps que ce processus arrive à son terme », s’est agacé le représentant palestinien à l’ONU, Ryad Mansour. Pour les Palestiniens, l’échec pourrait cependant s’avérer plus douloureux que prévu.
En présentant leur demande à l’ONU, Mahmoud Abbas et ses conseillers savaient le veto américain assuré, mais ils pensaient pouvoir isoler les Etats-Unis, comme lors du vote sur la résolution condamnant la colonisation israélienne, le 18 février dernier. Les Etats-Unis avaient alors été les seuls à s’y opposer.
Le soutien de huit pays sur les quinze membres du Conseil
Cette fois, la situation est très différente. Les Palestiniens ont obtenu le soutien assuré ou probable de huit pays seulement sur les quinze membres du Conseil. La Russie, la Chine, le Brésil, l’Inde, le Liban et l’Afrique du Sud soutiennent la demande palestinienne. Le Gabon et le Nigeia ne se sont pas prononcés publiquement, mais voteront probablement « oui ».
Les Etats-Unis s’y opposent. La France, la Grande-Bretagne et la Colombie ont dit qu’ils s’abstiendront. « Le vote positif de la France à l’Unesco était un message aux Palestiniens pour les assurer que nous trouvons légitime leur demande d’indépendance, mais nous ne pouvons pas soutenir une confrontation au Conseil de sécurité », explique l’ambassadeur français Gérard Araud.
L’Allemagne et le Portugal devraient également s’abstenir. Tout comme la Bosnie, dont la présidence collégiale entre Musulmans, Serbes et Croates n’est pas parvenue à s’accorder. Au final, si un vote a lieu au Conseil de sécurité, les Palestiniens échoueront à réunir la majorité requise de neuf voix. La demande d’adhésion sera rejetée et les Etats-Unis n’auront pas même besoin de poser leur veto [1] .
Le statut d’Etat non membre
Les Palestiniens n’ont pas encore dit s’ils ont l’intention de demander ce vote même s’ils sont mis en minorité. Plusieurs pays arabes tentent de les en dissuader. « C’est une situation dangereuse. En l’absence de processus de paix, un échec des Palestiniens au Conseil de sécurité peut entraîner des violences », confie un diplomate du Conseil. « La dernière chose dont la région a besoin en ce moment, c’est de voir brûler des drapeaux américains dans les rues du Caire », renchérit un autre diplomate.
Que leur demande d’adhésion soit rejetée ou enterrée par le Conseil de sécurité, les Palestiniens peuvent encore se tourner vers l’Assemblée générale pour obtenir un statut d’Etat non membre. Ce vote ne demande que la majorité simple des 193 membres des Nations unies. Ce statut permettrait à l’Autorité palestinienne de rejoindre plusieurs agences des Nations unies, comme ils l’ont déjà fait à l’Unesco, ainsi que la Cour pénale internationale.