Cette guerre d’indépendance a marqué, en effet, mon entrée en politique et ma formation. Elle a déterminé mes choix ultérieurs. Ceux qui l’ont connue ne peuvent pas ne pas faire le lien avec l’occupation de la Palestine et la résistance du peuple palestinien. Pour le peuple palestinien, elle reste un symbole fort, d’autant que la résistance à la puissance occupante a été victorieuse.
Je me suis donc tournée d’abord vers les « anciens réfractaires non-violents à la guerre d’Algérie » (www.refractairesnonviolentsalgerie1...). Collectivement impécunieux, ils ont été nombreux à nous aider par leurs dons individuels. En assemblée générale, ils ont décidé de soutenir, même symboliquement, ce projet et m’ont déléguée pour demander une subvention à nos amis « anciens appelés en Algérie contre la guerre » (4acg – www.4acg.org).
Nos amis, les 4acg, qui ont « fait la guerre d’Algérie » ont, en effet, pour objectif prioritaire de financer des opérations de développement dans un but de solidarité et de soutien, de réparation vis-à-vis du peuple algérien et en faveur des populations qui souffrent de la guerre, en reversant leur retraite du combattant à l’Association.
Il n’est pas sans intérêt de rappeler les conditions de la création de cette association : les quatre pères fondateurs se définissant comme « des gars du contingent qui ne disaient rien et n’avaient pas eu le courage de hurler leur désaccord au monde », bien que percevant de modestes retraites, ont décidé, en 2004, de demander la retraite du combattant et d’en reverser l’intégralité à des populations qui souffrent des guerres ou à des organismes oeuvrant pour la paix. Comme ils l’ont écrit, alors, « ce que nous avons vécu en Algérie, l’inutilité de ce conflit, la conscience de l’horreur de la guerre, le désir de transmettre cette mémoire aux jeunes générations, nous a poussés dans cette démarche ».
Ils sont maintenant 108 cotisants (seulement ! et 92 amis) et ont fait, depuis 2004 un travail considérable à la mesure de leurs moyens. Leur lien et leur objectif prioritaire restent l’Algérie envers laquelle ils considèrent avoir une dette et un devoir de réparation. Cependant, considérant qu’il y a des similitudes de fond entre la situation des Palestiniens d’aujourd’hui et celle des Algériens du temps de la colonisation et de la guerre, ils cherchent aussi à soutenir le peuple palestinien. Et, à cet égard, ils ont soutenu notamment l’association Medina de soutien à l’enfance dans la bande de Gaza, des activités du Centre social d’Hébron, un centre culturel à Massarah, lieu éducatif et militant non-violent pour les enfants, les adolescents et les femmes, un centre de broderie à Kalandia. Pour notre projet, ils ont fait un effort considérable l’an passé et ont contribué à nous mettre le pied à l’étrier… Cette année, ils ont renouvelé encore leur aide, quand nous retournions nos fonds de poches personnelles pour honorer nos engagements. Je souhaite, pour ma part, que nous parvenions maintenant à voler de nos propres ailes afin qu’ils puissent donner leur aide à d’autres projets (ce ne sont pas les projets qui manquent) qui peinent à démarrer.
Je tenais donc à faire connaître ces soutiens et leur originalité qui jettent des ponts tant dans le temps (entre les générations) que dans l’espace (entre les peuples) et à dire publiquement merci à ces anciens combattants et non combattants de la guerre d’Algérie.