’Pourquoi êtes-vous là ? Où est né votre père ?’
En Algérie … Quand l’Algérie était française. Le regard désapprobateur s’efface. Lui et la camarade présente à ses cotés n’osent pas demander que le le tampon du visa soit apposé sur un papier libre, plutôt que sur les passeports. Les deux qui le demandent se voient essuyer un refus agressif. La douanière n’est pas du genre à faire un effort pour que des jeunes, plus ou moins basanés, puissent voyager ensuite dans des pays arabes. Nous apprendrons le soir qu’un Français né en Egypte a subi la veille quatre heures d’interrogatoire à cause de son origine suspecte.
Nous sommes peu après à Jerusalem-Est, capitale du futur Etat palestinien. Les termes « colonisations » et « apartheid » y prennent tout leur sens : Tout d’abord, les troupes d’occupation de l’armée israélienne sont omniprésentes dans un territoire conquis par la force, au mépris du droit international et des résolutions de l’ONU. Ensuite, nous constatons que les bâtiments officiels, dont le Ministère de la « Justice » pullulent en toute illegalité sur un territoire que tous les pays, hormis Israël, considèrent comme une colonie. Enfin, non contente de boucler la Cisjordanie pour que « la Pâque juive se déroule dans le calme », l’armée israélienne a décidé de restreindre l’accès de la Mosquée d’Al-Aqsa, qui cristallise un certain nombre de tensions. Cette provocation rappellerait-elle celle de Sharon, à l’origine de la seconde intifada ? Chacun jugera.
La droitisation de la société israélienne semble avoir décomplexe l’armée et les colons : Le quartier de Sheik Jarrah et plus particulièrement la rue Othman Ben Afan, offrent une preuve de l’ignominie inhérente au colonialisme. Depuis le mois d’août, les colons et l’armée occupent cette rue et ont chassé certains de ses habitants de leurs maisons. Le motif est que des familles juives y auraient habité avant la création de l’Etat d’Israël ... Plusieurs familles palestiniennes résistent. L’une d’entre elles voit quotidiennement, depuis le 2 décembre 2009, les militaires et les colons entrer chez elle.
Les provocations sont constantes. Le plus souvent, les colons envoient courageusement leurs gosses fanatisés harceler les palestiniens. Des associations internationales de solidarité se relaient pour garder une des maisons. Nous décidons de nous joindre à elles. Les militants anticolonialistes israéliens sont aussi très actifs dans l’organisation de cette Résistance. Parmi les pacifistes israéliens, des membres de Ta Ayjsh, association dont le but est de créer un lien entre juifs et palestiniens, ou encore les Anarchistes Contre le Mur. Le courage de ces personnes n’a d’égal que la haine qui habite les colons. Les enfants de ces derniers ne comprennent pas les « traitres à leur patrie ». Comique de situation : Dans une discussion avec ces enfants, un anarchiste invoque le droit international pour démontrer que Jerusalem-Est est palestinienne, et ses jeunes interlocuteurs, répétant le discours haineux de leurs parents, disent se foutre des lois. Evidemment, les persécutions de l’Etat sont féroces. Mikhail, militant anarchiste israélien, a été arrêté il y a quinze jours à son domicile. La même semaine, une centaine de militants a été interpellée dans une manifestation pour la paix. A l’heure où sont écrites ces lignes, un palestinien est toujours en garde à vue.
Les touristes qui fréquentent les musées de propagande, et dont certains sont assez méprisables pour se prendre en photo avec l’armée d’occupation, savent-ils tout cela ? Au mieux, certains remarquent que des enfants palestiniens travaillent, et que certains sont contraints de fouiller dans les poubelles … En opposition au tourisme, une association israélienne organise des « excusions » dans la rue Othman Ben
Afan pour que des militants internationaux puissent observer l’ignominie de la colonisation. Une vieille femme explique avoir été expulsée de son logement en 1948 et conserver précieusement la clef, comme elle garde maintenant le titre de propriété de la maison que les colons lui ont volée. Certains promettent d’écrire des articles sur le sujet. Ce sont des militants. Il n’y a pas de Justice pour les palestiniens.
Baptiste, Katia, Malika, Vivian