De nombreux manifestants ont protesté à travers le monde, dimanche 28 décembre, contre les raids israéliens dirigés sur la bande de Gaza et qui ont fait près de 300 morts et des centaines de blessés depuis 24 heures.
Entre 500 et 1.000 personnes ont manifesté dimanche devant l’ambassade d’Israël à Madrid contre les raids.
Les manifestants appelés à manifester par l’association "Paix maintenant", montraient des pancartes et banderoles où on pouvait lire "Israël terroriste", "Stop au terrorisme d’Etat" ou "Non à l’holocauste palestinien".
Le leader de la coalition écolo-communiste espagnole Izquierda Unida (IU) Cayo Lara qui participait au rassemblement, a estimé que "l’action d’Israël était injustifiée à tous les points de vue" et a appelé le gouvernement espagnol à condamner "fermement" l’action militaire.
Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos a qualifié, dans un communiqué diffusé samedi soir, de "disproportionnée" la réponse de l’armée israélienne aux "provocations irresponsables du Hamas" et a appelé à "l’arrêt immédiat de la violence".
l’Europe mobilisée
A Paris, deux manifestations distinctes ont rassemblé près d’un millier de personnes [1]. L’un des défilés avait été organisé à Barbès dans le 18e arrondissement à l’appel d’EuroPalestine et de l’Union générale des étudiants de Palestine.
Une autre manifestation a eu lieu place de l’Etoile. "Nous sommes tous Palestiniens", "Shoah à Gaza", "Israël terroriste, Europe complice", scandaient notamment les manifestants, dont certains brandissaient le drapeau du Hezbollah libanais.
A Londres également, un rassemblement a eu lieu devant l’ambassade d’Israël. Trois personnes ont été arrêtées pour "trouble à l’ordre public". La manifestation, qui a rassemblé quelque 700 personnes, a été organisée en urgence par la coalition Stop the War.
50.000 manifestants en Egypte
Plus de 50.000 personnes ont d’autre part manifesté dans une dizaine de villes d’Egypte.
La plus importante manifestation s’est déroulée à Assiout, dans le sud du pays, où 8.000 personnes ont défilé dans les rues, selon un responsable de ces services.
Dans la capitale, 4.000 personnes se sont rassemblées devant les locaux de l’ordre des médecins pour protester contre les attaques israéliennes contre la bande de Gaza, 8.000 personnes ont manifesté devant l’université du Caire et 5.000 autres devant l’université Ein Shams, en banlieue.
Selon les services de sécurité, de nombreux manifestants appartiennent à la Confrérie des Frères musulmans, principal groupe d’opposition en Egypte.
Le guide de la Confrérie avait condamné samedi les attaques israéliennes, les qualifiants de "crime sans aucune comparaison dans l’histoire".
Environ 4.000 personnes ont manifesté à Alexandrie (nord) et 3.000 à Minya (Haute-Egypte).
Dérapage à Beyrouth
Un sit-in devant l’ambassade d’Egypte à Beyrouth a dégénéré lorsque plusieurs centaines de manifestants ont lancé des pierres en direction du bâtiment, entraînant l’intervention des forces de l’ordre libanaises.
Les manifestants, en majorité des jeunes, étaient tenus à l’écart de l’ambassade par des barbelés.
Plusieurs jeunes, la tête et le visage masqués par un keffieh, ont brûlé des pneus et jeté des pierres en direction du bâtiment. Des policiers anti-émeutes déployés en nombre derrière les barbelés ont riposté en utilisant des canons à eau et du gaz lacrymogène.
Quelques personnes ont été légèrement blessées, dont certaines qui se sont évanouies.
L’ambassade d’Egypte est située dans le secteur de Bir Hassan, à proximité de la banlieue sud de Beyrouth contrôlée par le Hezbollah chiite, et près de l’autoroute menant à l’aéroport international.
Dispositif de sécurité autour de l’ambassade US à Damas
Des milliers de Syriens ont également manifesté dans le centre de Damas.
Ils brandissaient des drapeaux aux couleurs palestiniennes et syriennes et les drapeaux du Hamas et du Hezbollah libanais. Les étudiants de Syrie dénoncent l’agression sioniste barbare sur Gaza", "Levez le blocus sur Gaza", indiquaient des pancartes.
La télévision d’Etat syrienne a montré des manifestants en train de brûler les drapeaux israélien et américain. Un enfant avait autour de la tête un bandeau à l’effigie des brigades d’Ezzedine al-Qassam, le bras armé du Hamas.
Un important dispositif de sécurité a été mis en place autour de l’ambassade des Etats-Unis à Damas, située à environ deux kilomètres du lieu de la manifestation.
La télévision a qualifié les raids aériens israéliens de "guerre d’extermination qui illustre la véritable idéologie sioniste".
Procession à Gaza
Une manifestation de solidarité avec Gaza a par ailleurs été dispersée dans la ville de Hébron en Cisjordanie. Les forces de l’ordre ont tiré en l’air pour disperser la protestation après avoir essuyé des jets de pierres. Au moins trois manifestants ont été blessés, selon des témoins.
Les manifestants étaient partis dans deux marches séparées, l’une à l’appel du Hamas et la seconde à l’appel d’autres factions palestiniennes, avant de se joindre.
La bande de Gaza a également été le théâtre d’une procession funèbre géante rassemblant du nord au sud des dizaines de milliers de Palestiniens pleurant la perte de leurs proches.
Selon le Monde et AFP dimanche soir 28 décembre,
De Sanaa à Damas, les manifestations se multiplient dans le monde arabe contre les raids menés par Israël dans la bande de Gaza, tandis que les dirigeants de la région, profondément divisés, se concentrent pour le moment sur l’envoi d’aide humanitaire.
Lors de ces manifestations, des critiques ont fusé à l’encontre de certains pays arabes, en particulier de l’Egypte, accusée de "complicité" avec l’Etat hébreu. Dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban, le président égyptien Hosni Moubarak a été qualifié de "traître", tandis que l’ambassade d’Egypte à Beyrouth était dimanche la cible de pierres lancées par des centaines de manifestants, entraînant l’intervention des forces de l’ordre libanaises. Le Hamas lui-même, par la voix de son porte-parole, a estimé que les raids israéliens étaient "un complot orchestré" avec l’Egypte après la rencontre, jeudi, entre M. Moubarak et la ministre des affaires étrangères israélienne Tzipi Livni
Dimanche, plus de 50 000 personnes ont manifesté dans une dizaine de villes d’Egypte, alors que plusieurs dizaines de milliers de Yéménites défilaient à Sanaa. Dans le centre de Damas, des milliers de Syriens ont protesté contre "l’agression israélienne" et le "silence" des pays arabes, alors que des centaines de Palestiniens manifestaient dans l’enceinte de leur consulat à Dubaï. Dans le nord de l’Irak, un Irakien a été tué et seize ont été blessés dans un attentat suicide au vélo piégé à Mossoul, lors d’une manifestation.
Des manifestations ont également eu lieu en Cisjordanie. Dans plusiers villes du territoire, des heurts ont éclaté et un manifestant palestinien a été tué par des tirs israéliens.
Aide humanitaire
Les dirigeants arabes, eux, n’ont toujours pas officiellement arrêté la date d’un sommet de la Ligue arabe proposé par la Syrie et le Qatar. De source diplomatique, on affirmait samedi qu’il aurait lieu vendredi prochain à Doha.
Le numéro un libyen Mouammar Kadhafi a fustigé les réactions "lâches et défaitistes" des pays de la région face à l’offensive israélienne, et annoncé d’emblée qu’il n’assisterait pas à un "sommet qui fait jouer un disque rayé depuis longtemps".
Si les dirigeants arabes sont divisés concernant le Hamas, c’est en raison des tensions persistantes entre les pays dits "modérés", comme l’Arabie saoudite et l’Egypte, soutenus par les Etats-Unis, et les pays qui prônent la "résistance" contre Israël, notamment la Syrie et son principal allié non arabe, l’Iran.
Pour l’heure, les gouvernements se pressent pour offrir des aides humanitaires : deux avions qataris transportant 50 tonnes de matériel médical étaient attendus à l’aéroport égyptien d’Al-Arish, à 40 km de Rafah, tandis le roi Abdallah d’Arabie saoudite a également décidé d’envoyer trois avions d’aide et proposé d’évacuer les blessés par avion.