Elue au finish face au candidat qatari, Audrey Azoulay, accède à la direction générale de l’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) dans un contexte particulièrement difficile. Jeudi, à la veille de son élection, les Etats-Unis avaient en effet annoncé leur retrait de l’organisation, immédiatement suivis par Israël. Selon des sources bien informées, la décision américaine s’apparente surtout à un chantage exercé sur la directrice.
Les États-Unis ont mis en avant des raisons à la fois financières et politiques. Washington a une note d’arriérés de 457 millions d’euros, déjà accumulée sous l’administration Obama. Les raisons politiques viennent évidemment du soutien inconditionnel à Israël. La reconnaissance par l’Unesco de la Palestine comme État observateur avait déjà conduit à la décision d’Obama. Trump pousse aujourd’hui plus loin la logique pro-israélienne. Mais on fait observer de bonne source que le retrait des Etats-Unis ne sera effectif que fin décembre 2018.
En attendant, Washington, ramené au rang d’observateur, n’alourdira pas sa dette, et pourra faire miroiter un retour si la nouvelle direction marque un changement de politique dans le dossier israélo-palestinien. La part de la contribution américaine représentant 22 % du budget de l’Unesco, on mesure le poids du chantage exercé. Audrey Azoulay, ancienne ministre de la Culture de François Hollande, qui a devancé de deux voix son principal concurrent, le Qatari Hamad Bin Adulaziz Al-Kawari, saura-t-elle résister aux pressions américano-israéliennes ? C’est en fait une question qui se pose à toute la diplomatie française.