[1] voir le communiqué de l’Afps :
L’association France-Palestine Solidarité condamne avec la plus grande fermeté le raid mené ce 14 mars par l’armée israélienne contre la prison de Jéricho, dans une ville officiellement sous la responsabilité de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie occupée, et contre le rapt de cinq Palestiniens dont Ahmad Saadat, dirigeant du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP).
Appuyée par des chars et des hélicoptères, l’armée israélienne a assiégé, ce 14 mars, la prison de Jéricho où étaient détenus Ahmad Saadat et plusieurs autres résistants palestiniens. Après avoir tiré plusieurs obus et roquettes, puis détruit les murs du bâtiment au bulldozer, l’armée israélienne a kidnappé cinq résistants dont Ahmad Saadat.
Ce nouveau raid, meurtrier -deux Palestiniens ont été assassinés et dix-huit autres blessés- constitue à la fois une nouvelle escalade de violence décidée par les dirigeants israéliens à quelques jours des élections, une véritable provocation contre l’Autorité nationale palestinienne et le président Mahmoud Abbas, un acte de terrorisme d’Etat, une nouvelle violation du droit humanitaire, du droit international et des accords signés.
La situation qui prévalait à Jéricho jusqu’à ce raid résultait en effet d’un accord international conclu en 2002, incluant la protection des prisonniers politiques retenus dans cette prison et ce sous garde, en l’occurrence, américaine et britannique. Ahmad Saadat y était retenu à l’issue de l’assassinat du ministre israélien démissionnaire Rehavam Zeevi, à Jérusalem, le 17 octobre 2001, ministre connu pour ses thèses d’extrême droite et notamment pour sa volonté de transfert des Palestiniens hors de chez eux ; cet assassinat avait fait suite à celui d’Ali Abou Mustapha, secrétaire général du FPLP, par les forces israéliennes le 27 août 2001.
L’assaut israélien, ce 14 mars, a bénéficié de ce que les observateurs internationaux quittaient leur poste.
L’AFPS salue la résistance des gardes palestiniens de la prison de Jéricho dix heures durant, ainsi que la grève unitaire à laquelle ont appelé, dans le calme, l’ensemble des organisations palestiniennes de résistance, ce 15 mars, pour protester contre ce nouveau raid israélien et pour exiger la libération d’Ahmad Saadat et des prisonniers politiques palestiniens.
L’AFPS appelle le gouvernement français à faire enfin respecter par Israël le droit international et les accords signés, par de véritables sanctions contre cette politique de guerre dont les deux peuples, palestinien et israélien, ne peuvent que faire les frais sanglants.
Paris, le 15 mars 2006
http://www.france-palestine.org/article3332.html
[2] Ahmed Sa’adat, dirigeant du FPLP, a été kidnappé le 14 mars à Jéricho par l’armée d’occupation, ainsi que 5 autres résistants palestiniens. Il a pu faire parvenir par son avocate une lettre au peuple palestinien.
Le Réseau palestinien d’Informations (Palestine News Network) a reçu lundi la déclaration suivante du Groupe des Prisonniers Politiques Sumoud [1], reproduite ci-dessous.
"Le député palestinien Ahmed Sa’adat, Secrétaire Général du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), a refusé de reconnaître la légitimité d’une audience illégale du tribunal militaire d’Ofer [2] le 28 mars 2006."
Sa’adat a été enlevé avec cinq autres Palestiniens à l’issue du siège par l’armée israélienne de la prison de Jéricho le 14 mars.
Alors qu’il était amené, enchaîné, dans la salle du tribunal, Sa’adat a levé les poings en l’air et déclaré qu’il était un combattant contre l’occupation israélienne.
Son équipe juridique a demandé sa libération en arguant que la cour est illégitime et que la motivation du procès est politique.
L’avocate de Saadat, Sahar Francis, de Adameer, association de défense des prisonniers politiques, a déclaré lors d’une conférence de presse à Ramallah le 28 mars, ’Nous considérons que l’enlèvement des Six de Jéricho -en particulier Ahmad Saadat - est une violation de la souveraineté palestinienne.’
Elle a ajouté que, selon des accords officiels, l’Autorité Palestinienne a la responsabilité pleine et entière de son système judiciaire et que la capture des six prisonniers équivaut à un enlèvement.
Francis a exprimé sa préoccupation à propos de l’ordre de "refus de visite" émis par les autorités israéliennes pour trois des Six de Jéricho, d’autant plus qu’Israël est connu pour pratiquer la torture depuis des décennies.
Dans une lettre aux Palestiniens écrite de sa cellule de la prison de la Moscobiyeh à Jérusalem, Sa’adat a invité les Palestiniens à ne se faire aucune illusion sur les gouvernements américain et britannique. Les observateurs américains et britanniques avaient déserté la prison de Jéricho avant le siège israélien, démontrant ainsi qu’ils étaient parfaitement informés et complices de l’enlèvement.
Sa’adat a déclaré, "Le Quartet (Les Etats-Unis, l’Union Européenne, la Russie et l’ONU) fournissent une couverture à l’occupation. Ce qui s’est passé dans la prison de Jericho fait que les gouvernements américain et britannique sont devenus partie prenante au conflit et a enterré à jamais toutes les illusions qu’on pouvait avoir sur leur neutralité.’
Sa’adat a également condamné l’Autorité Palestinienne pour les avoir détenus illégalement dans la prison de Jéricho sans procès en bonne et due forme et malgré des appels répétés pour qu’on les libère.
Sa’adat a affirmé qu’il ne traitera pas avec le tribunal ou les interrogateurs israéliens parce qu’il est un combattant pour les droits des Palestiniens et qu’il n’est coupable d’aucun crime.
Il a demandé à ceux qui soutiennent le peuple palestinien d’être solidaires de sa juste lutte pour la libération et l’autodétermination, et exigé que les régimes arabes arrêtent d’essayer de contraindre le peuple palestinien à la soumission.
La lettre de Sa’adat conclut : "Je salue le peuple palestinien et sa lutte et je suis totalement convaincu que ce peuple atteindra ses objectifs de libération... notre vie, notre tâche, et notre lutte continuent. Où que je sois, je continuerai la lutte".
Le Groupe des Prisonniers Politiques, Sumoud, appelle à la libération immédiate des Six de Jéricho et s’associe à la condamnation internationale des gouvernements américain et britannique pour leur complicité totale dans l’enlèvement (des prisonniers) de la prison de Jéricho."
[1] Sumud veut dire résilience, capacité à tenir, malgré tout
[2] près de Ramallah, en territoire occupé, où les prisonniers sont aussi détenus dans des conditions inacceptables
Imemc 3 avril 2006
Source : Palestine News Network
Traduction, notes et intro : C. Léostic, Afps