Les positions françaises sur le Proche-Orient plongent notre pays dans l’impuissance et portent gravement atteinte à son image, notamment dans le monde arabe, où pourtant une position ambitieuse et déterminée de sa part sur cette question est attendue. Premier acte : Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, écrit le 19 août dernier que Paris prendra ses responsabilités concernant l’admission de la Palestine à l’Organisation des Nations Unies, si les négociations ne reprennent pas avant septembre entre Palestiniens et Israéliens.
Deuxième acte : le président de la République déclare le 31 août devant la conférence des ambassadeurs que, sur la candidature de la Palestine aux Nations unies, la France recherchera l’unanimité de l’Union européenne. Autant dire, puisque c’est impossible, que Paris prend un virage à 180 degrés et ne votera pas en faveur de l’admission.
Troisième acte : devant l’Assemblée générale, le 21 septembre, Nicolas Sarkozy présente la demande palestinienne comme unilatérale et propose à la Palestine un strapontin d’Etat non-membre, qui de surcroit devrait renoncer par avance à recourir à la justice internationale. La priorité est nettement donnée à la reprise des négociations. De fait, le Quartet s’engagera dans cette voie que l’intransigeance israélienne rend impraticable.
Quatrième acte : le 4 janvier 2012, Israéliens et Palestiniens reprennent contact en Jordanie. Le Quai d’Orsay s’en félicite aussitôt. Sauf que, le même jour, Tel-Aviv annonce la construction de nouveaux logements dans les colonies israéliennes de Jérusalem-Est. Et le ministère français des Affaires étrangères de condamner une fois de plus cette décision en la qualifiant de contraire au droit international.
Voilà où en est la diplomatie française : le matin, elle célèbre la reprise de négociations que l’après-midi elle reconnaît impossible. Y aurait-il des divergences au sommet de l’Etat ? Cette valse-hésitation cautionne la politique du pire : MM. Sarkozy et Juppé cherchent à gagner du temps au seul profit des Israéliens, qui accélèrent la colonisation et menacent de mettre la région à feu et à sang en déclenchant une nouvelle guerre contre Gaza, le Liban ou l’Iran.
Rien n’est plus dangereux que cette manière hypocrite de laisser pourrir la situation. Ce manège n’a que trop duré. Tournant le dos à ces tergiversations indignes d’elle, la France doit prendre acte de la réalité de la politique israélienne. Au lieu de faire semblant de croire que les contacts en cours pourraient déboucher d’ici au 26 janvier sur des négociations, elle doit reconnaître sans attendre l’Etat de Palestine et annoncer qu’elle votera au Conseil de sécurité en faveur de son admission à l’ONU.
C’est la seule position possible pour quiconque veut une paix fondée sur la justice et donc sur le droit.