On savait le fameux « deal ultime » de Donald Trump pour la paix au Proche-Orient mal embarqué depuis la reconnaissance de Jérusalem comme capitale israélienne par Washington, les Palestiniens excluant désormais toute participation à des négociations qui se tiendraient sous le patronage des Etats-Unis, lesquels tentent de les faire revenir à la table en sabrant dans leur aide humanitaire. Mais voici que le dernier à y croire, c’est-à-dire le président américain, exprime à son tour des doutes.
Dimanche, dans le quotidien gratuit Israël Hayom, Trump semblait avoir fait une croix sur tout le processus : « Pour le moment, je dirais que les Palestiniens ne cherchent pas à faire la paix. Et je ne suis pas complètement sûr qu’Israël la veuille aussi », a-t-il déclaré, alors qu’il se murmure que le plan concocté par ses émissaires devrait être dévoilé sous deux mois. Autre nouveauté : le président américain considère que les colonies en Cisjordanie « compliquent la tâche » et que l’Etat hébreu « doit agir avec précaution sur ce sujet ».
Nétanyahou a-t-il pris le temps de lire Israël Hayom ? Lundi, « Bibi » annonçait qu’il avait commencé à négocier l’application de la souveraineté israélienne dans les colonies - en d’autres mots, une annexion partielle des Territoires occupés - avec les Américains. La base du Likoud en a fait une priorité. Fin décembre, dans la foulée de la reconnaissance de Jérusalem, le conseil central du parti a même voté, à l’unanimité, pour qu’une telle mesure soit une revendication centrale dans les prochaines campagnes électorales. Selon le journaliste star Barak Ravid, Nétanyahou tenterait de contenir les ardeurs de ses troupes à ce sujet depuis des semaines. Il aurait même expliqué que le mieux était d’attendre que le plan Trump échoue pour introduire une telle loi à la Knesset. En le déclarant publiquement, Nétanyahou a peut-être cru apaiser sa coalition, mais il ne s’attendait sûrement pas à se faire recadrer aussi vertement par Washington, qui a publié un communiqué cinglant assurant que de telles négociations n’avaient jamais eu lieu.
Nétanyahou pourra se réconforter en se disant qu’il n’est pas le seul à avoir essuyé une douche froide. Lundi, Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, rencontrait Vladimir Poutine à Moscou. Le « raïs » espère faire du président russe un médiateur entre Israël et la Palestine. Un sac de nœuds dont Poutine n’a visiblement que faire : à peine Abbas arrivé au Kremlin, il lui a expliqué qu’il sortait d’un entretien téléphonique avec… Trump, qui « lui envoyait ses meilleurs vœux ». Et c’est tout. Un camouflet pour Abbas, qui n’a plus que l’Europe vers qui se tourner.
Il y a quelques semaines, un éditorialiste du quotidien centriste Yediot Aharonot ironisait sur le plan Trump en le comparant au monstre du Loch Ness : « Des millions de personnes en parlent, une dizaine assurent l’avoir vu et une poignée jurent avoir des preuves de son existence. Mais il est fort probable qu’il n’existe pas. » Avec de tels couacs, la liste des sceptiques ne peut que s’allonger.