Monsieur le ministre,
Ce lundi 20 juillet, le Conseil des Affaires étrangères de l’Union européenne aura à examiner la situation au Proche-Orient. Vous savez comme nous combien la persistance de conflits dans cette région du monde non seulement s’avère tragique pour les peuples concernés mais est devenue un abcès de fixation menaçant la sécurité de tout le bassin méditerranéen.
Vous-même, peu avant le vote des parlementaires concernant leur vœu que la France reconnaisse l’Etat palestinien, prôniez un changement de méthode dans ce qui ne peut plus guère s’appeler processus de paix israélo-palestinien.
Plus de vingt ans de ce « processus » nous enseignent en effet que des négociations directes soumettent la mise en œuvre des droits du peuple palestinien à l’accord préalable d’Israël. Or nous ne pouvons que constater le refus des dirigeants israéliens de voir établi et reconnu un Etat palestinien libre, indépendant, dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale, les réfugiés palestiniens jouissant également de leurs droits internationalement reconnus. Ce refus s’accompagne sur le terrain de la poursuite du siège meurtrier de la Bande de Gaza et d’une accélération provocatrice de la colonisation visant à rendre impossible la coexistence de deux Etats sur les bases des résolutions de l’ONU. A Susiya c’est tout un village palestinien qui est tout simplement menacé de disparition au profit des colons. Une politique non seulement illégale, mais dangereuse pour la paix dans le monde.
Monsieur le ministre, la France a su faire montre récemment de détermination en particulier auprès de ses partenaires européens sur plusieurs dossiers de politique étrangère.
La France s’honorerait de faire preuve de la même détermination pour contribuer à mettre enfin un terme au conflit israélo-palestinien. Elle peut convaincre ses partenaires d’adopter et de s’engager à mettre en œuvre une résolution qui :
- reconnaisse l’Etat palestinien dans ses frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale ;
- suspende l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, et mette fin à toute coopération militaire ou sécuritaire, tant que cet Etat ne respecte pas ses engagements internationaux et en particulier ne met pas un terme à la colonisation et au siège de Gaza ;
- s’engage à tout faire pour que les recommandations du Conseil des droits de l’Homme de l’Onu concernant la Palestine et l’action de la Cour pénale internationale à ce sujet, pour lesquelles la France a émis un vote favorable, soient le plus rapidement possible suivies d’effet, contre toute forme d’impunité génératrice de haine et de nouveaux conflits.
Monsieur le ministre, il s’agirait là non seulement d’honorer les principes qui fondent la politique étrangère de la France, mais aussi d’engager notre pays et l’Europe sur la voie de la paix et de la coopération dans toute la région.
Dans cette attente, je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en ma profonde considération.
Taoufiq Tahani,
Président de l’Association France Palestine Solidarité