Ramallah-Jaffa, 2 septembre 2012 – Addameer, Association de Soutien aux Prisonniers et des Droits de l’Homme, Al-Haq et les Médecins pour les Droits de l’Homme-Israël (PHR-IL) s’inquiètent pour les vies des trois Palestiniens, restant en grève de la faim, détenus par Israël. Les plus vives inquiétudes sont causées par l’état de santé des détenus administratifs Samer Al-Barq, aujourd’hui à son 104e jour de sa grève de la faim renouvelée faisant suite à sa grève de la faim précédente de 30 jours et Hassan Safadi, aujourd’hui à son 74e jour de sa grève de la faim renouvelée faisant suite à sa grève de la faim antérieure de 71 jours.
Selon l’avocat d’Addameer, Fares Ziad, à la suite de sa visite à la clinique médicale de la prison de Ramleh le 30 août, Samer était trop faible pour le rencontrer et ne pouvait pas sortir du lit. M. Ziad a rencontré Hassan et son compagnon gréviste de la faim, Ayman Sharawna, qui en est aujourd’hui à son 64e jour de grève de la faim. Pendant qu’il leur rendait visite, Hassan a dit à M. Ziad, qu’eux deux, lui et Samer, avaient été récemment transportés à l’hôpital Assaf Harofeh pendant quelques jours en raison de la détérioration supplémentaire de leur état de santé et que les médecins les avaient informés de la menace imminente qui pesait sur leur vie.
Hassan éprouve une fatigue si extrême qu’il est incapable de dormir et qu’au lieu de cela il tombe dans l’inconscience 2 à 3 fois par jour. En raison d’un rythme cardiaque lent et d’une grave déficience en potassium, Hassan a été emmené à Assaf Harofeh pour des examens du 27 au 29 août. De façon inquiétante les médecins de l’hôpital ont dit à Hassan que son niveau d’immunité était devenu dangereusement bas ; il a un liquide dans les poumons ; et il a contracté des problèmes au foie et aux reins, y compris des calculs rénaux. Il ressent aussi des douleurs chroniques au-dessus de la ceinture et aux articulations.
Pendant son séjour à l’hôpital, Hassan était entièrement attaché par les quatre membres au lit d’hôpital. Il a remarqué que quatre soldats étaient tout le temps dans sa chambre, qu’ils faisaient autant de bruit que possible et qu’ils mangeaient et buvaient dans la chambre. Quand il leur a demandé d’être plus silencieux, ils se sont simplement moqués de lui. Après avoir reçu les résultats de ses examens, les médecins de l’hôpital ont dit à Hassan que l’entière responsabilité de son état de santé incombait à Hassan puisqu’il refuse d’interrompre sa grève. Addameer, Al-Haq et PHR-Il tiennent catégoriquement Israël pour responsable de l’état de santé actuel d’Hassan et des autres grévistes de la faim.
Pendant sa visite à Ayman Sharawna, M. Ziad a appris que les docteurs de la prison ont informé Ayman que sa vie aussi était menacée. Ayman a constaté qu’en plus de niveaux immunitaires très faibles et d’une cirrhose au foie il éprouve de terribles douleurs aux articulations et dans le dos provenant d’un état de santé chronique antérieur et que les médecins du SPI refusent de lui donner des médicaments contre la douleur jusqu’à ce qu’il arrête sa grève de la faim. Selon Ayman, la douleur est si vive qu’il a été incapable de se tenir debout tout seul depuis le milieu d’août.
Pendant la visite de l’avocat d’Addameer, Muhammad Mahajne, le 28 août, Ayman a rapporté éprouver des vertiges constants, de graves maux de tête, une tension artérielle élevée et une extrême perte de poids de l’ordre d’environ 28 kilos par rapport à son poids d’origine. Ayman a aussi rapporté qu’il a été emmené trois fois à l’hôpital Assaf Harofeh pendant sa grève de la faim et qu’il lui a été dit qu’il commençait à éprouver un problème rénal.
En outre, Ayman a rapporté que pendant chaque hospitalisation il était attaché au lit d’hôpital par trois membres, un traitement humiliant qui est aussi extrêmement inconfortable et empêche Ayman de bouger librement dans son lit. Ayman se voit toujours refuser d’avoir la visite d’un médecin indépendant tout comme des visites familiales. Les trois grévistes de la faim sont maintenant détenus dans la même cellule d’isolement à Ramleh.
Akram Rikhawi a mis un terme à sa grève de la faim le 22 juillet au bout de 102 jours, après être parvenu à un accord avec le SPI d’être libéré en janvier 2013. Suite à une visite à Akram le 25 juillet, le médecin de PHR-Il a recommandé qu’Akram soit immédiatement transféré vers un hôpital public et qu’il soit immédiatement examiné par un pneumologue. A la date d’aujourd’hui cette recommandation n’a pas été mise en œuvre. De façon encore plus alarmante, Akram a rapporté que le le SPI a augmenté sa dose de stéroïdes, qui lui sont prescrits comme traitement de son asthme. L’asthme d’Akram continue à être une cause d’inquiétude et est gravement instable malgré le traitement aux stéroïdes. Le docteur a insisté sur le fait que l’asthme est une maladie mettant la vie en danger qui en cas de crise majeure pourrait conduire à la mort.
Samer est maintenant le gréviste de la faim de la plus longue durée dans l’histoire palestinienne. Lui et Hassan ont atteint des stades très critiques dans leur grève de la faim de longue durée, qui selon les constatations des médecins les mettent en danger de mort immédiate. Israël n’en continue pas moins non seulement à s’en tenir à l’injustice de les priver de leur droit à un procès équitable, mais aussi continue aussi à les maltraiter gravement sous les formes d’une brutalité physique et d’une torture psychologique qui est employée par le Services des Prisons israélien (SPI) pour les amener à interrompre leur grève.
Malgré leur grave état de santé, Samer et Hassan se voient tous deux refuser les visites de leur famille et l’accès à un médecin indépendant et à des soins médicaux indépendants. Addameer, Al-Haq et PHR-IL sont indignés de la pratique du SPI de n’autoriser les visites de médecins indépendants seulement après que ne soient délivrés des ordres par des tribunaux et par la mauvaise volonté du Tribunal israélien de District de Petah Tikva à ordonner au SPI d’autoriser des visites fréquentes et conséquentes aux grévistes de la faim par des médecins indépendants.
A la lumière de la grave détérioration de l’état de santé des détenus palestiniens restant en grève de la faim, Addameer, Al-Haq et PHR-Il pressent la communauté internationale à intervenir immédiatement en leur faveur et exigent :
– que les accords obtenus les 14 et 15 mai 2012 soient respectés, y compris la libération des détenus administratifs à qui l’on a promis d’être libérés à la fin de leurs ordres (de détention) en cours ;
– que des médecins indépendants puissent approcher sans restriction tous les grévistes de la faim ;
– le transfert immédiat de Samer Al-Barq et Hassan Safadi, tout comme des autres grévistes de la faim, vers des hôpitaux publics ;
– qu’aucun gréviste de la faim ne soit attaché pendant son hospitalisation ;
– que les visites familiales soient autorisées pour tous les grévistes de la faim pendant qu’ils sont encore lucides ;
– que Hassan Safadi et Samer Al-Barq, avec tous les autres détenus administratifs, en plus de Ayman Sharawna et des autres détenus relâchés en tant que partie à l’accord d’échange de prisonniers en octobre 2011, soient immédiatement et inconditionnellement libérés.
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, Groupe de travail prisonniers
Voir aussi le communiqué du club des prisonniers sur le même sujet
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