L’Association Addameer de Soutien aux Prisonniers et de défense des Droits de l’Homme, Al-Haq et les Médecins pour les Droits de l’Homme-Israël (PHR-IL) sont profondément inquiets pour la vie et la santé des trois grévistes de la faim palestiniens détenus par Israël. Préoccupations et inquiétudes concernent la vie et la santé des détenus administratifs : Samer al-Barq, qui a renouvelé sa grève est aujourd’hui à son 70e jour de grève de la faim, Hassan Safadi qui a repris sa grève est à son 40e jour de la grève de la faim. Samer dont la grève de la faim en cours est consécutive à sa précédente grève de 28 jours et dont la santé continue à se dégrader rapidement, ne prend que des sels et des vitamines et est toujours en cours de détention en isolement.
Suite au refus du Service des Prisons Israélien (SPI) d’un droit de visite d’un médecin indépendant aux grévistes de la faim Samer, Hassan et au prisonnier Akram Rikhawi, PHR-IL a présenté trois appels au tribunal de district de Petah Tekva demandant qu’ils puissent avoir immédiatement la visite d’un médecin indépendant. Le 23 juillet, le tribunal de district a ordonné au SPI d’autoriser un médecin indépendant à voir Samer le 1er août au plus tard et à voir Hassan et Akram dans un délai de deux jours après l’audience.
Malgré une concertation antérieure avec le SPI concernant une visite d’un médecin des PHR-IL au centre médical de la prison de Ramleh le 25 juillet pour examiner à la fois Akram et Hassan, le SPI a informé le médecin, lorsqu’elle est arrivée, que Hassan avait été emmené à une audience devant un tribunal et donc que seul Akram pouvait être examiné. En violation évidente de l’ordre du tribunal, le SPI ignore toujours la demande d’autoriser le médecin indépendant à rendre visite à Samer et Hassan.
Akram Rikhawi a mis fin à sa grève de la faim au bout de 102 jours après être arrivé à un accord avec le SPI. Selon l’accord, Akram sera libéré le 25 janvier 2013 pour regagner son foyer dans la Bande de Gaza, ce qui fait six mois avant la date originelle de sa libération.
Suite à la visite à Akram, le médecin des PHR-Il a rapporté que, bien que son état général se soit amélioré, il souffre encore de multiples affections qui ont été laissées sans traitement. L’asthme d’Akram continue d’être une cause d’inquiétude et il est gravement instable malgré un traitement aux stéroïdes. Le médecin a aussi mis l’accent sur le fait que l’asthme est une maladie, mettant la vie en danger, qui en cas de crise grave, pourrait mener à la mort. En outre, le médecin a aussi trouvé qu’Akram souffre d’un diabète instable et a recommandé le renouvellement de son traitement qui a été arrêté pendant sa grève de la faim.
Akram souffre aussi d’une grave faiblesse au pied gauche avec un manque d’entière sensation à la cuisse gauche. Comme son état de santé ne s’est pas amélioré depuis qu’il a fini la grève, cela indiquerait une motricité progressive et un dommage sensoriel à la cuisse gauche. Le médecin des PHR-IL a recommandé un renvoi immédiat vers un hôpital public pour établir son étiologie et pour effectuer un examen neurologique complet.
L’on doit remarquer que, lors des deux visites précédentes de médecins des PHR-IL, le 6 juin et le 5 juillet, ils ont tous deux recommandé un examen médical neurologique approfondi et averti du danger de dommage nerveux périphérique. Les médecins ont aussi recommandé un examen immédiat par un spécialiste des poumons. A cette date, ces recommandations n’ont pas été mises en œuvre.
Hassan Safadi en est à son 40e jour de sa grève de la faim recommencée, après avoir auparavant passé 71 jours en grève de la faim de longue durée. Son dernier ordre de détention administrative devait expirer le 29 juin et, selon l’accord mettant un terme à la grève de la faim de masse des prisonniers palestiniens, il était censé être libéré à cette date. Cependant le 21 juin, il a été informé du renouvellement de son ordre de détention administrative pour six mois de plus, en violation de l’accord.
Selon l’avocat des PHR-IL Mohamad Mahagni suite à sa visite à Hassan le 22 juillet, Hassan est actuellement détenu dans une cellule isolée. Hassan a fait état d’une pression croissante de la part du SPI pour qu’il mette fin à la grève de la faim. Hassan a en outre remarqué que son audience devant le tribunal le 25 juillet a été retardée de nouveau jusqu’au 7 août, en insistant sur le fait qu’il n’est pas en état de santé de faire 15 heures de voyage à chaque fois pour des audiences au tribunal. Il a aussi rapporté souffrir de problèmes rénaux, de problèmes de vue, d’une extrême faiblesse, d’une sévère perte de poids, de maux de tête, de vertiges et il a du mal à rester debout.
C’est aujourd’hui le 30e jour de la grève de la faim d’Ayman Sharawna. Ayman a été relâché comme partie au marché sur l’échange de prisonniers en octobre 2011, uniquement pour être ré-arrêté le 31 janvier 2012. Aucune accusation n’a été enregistrée contre lui. Ayman a été récemment transféré au centre médical de la prison de Ramleh en raison de la dégradation de sa santé.
Bien que la détention administrative soit autorisée par le droit humanitaire international, elle ne doit être utilisée que dans des circonstances exceptionnelles, comme elle viole les droits de l’homme fondamentaux, comprenant le droit à un procès équitable. A vrai dire, le refus d’un procès équitable constitue une “grave violation” de la Quatrième Convention de Genève. En outre, le Parlement européen a appelé Israël dans une résolution de septembre 2008 à “garantir que les normes minimales sur la détention soient respectées, à amener tous les détenus à être jugés, (et) à mettre un terme à l’usage des “ordres de détention administrative”. Le Comité des Droits de l’Homme des Nations Unies a constaté à plusieurs reprises que la détention administrative de longue durée a comme résultat probable d’exposer les détenus à la “torture, aux mauvais traitements et autres violations des Droits de l’Homme”.
A la vue de la dégradation supplémentaire de l’état de santé des prisonniers palestiniens demeurant en grève de la faim, Addameer, Al-Haq et PHR-IL exhortent la communauté internationale à intervenir immédiatement en leur faveur et exigent :
– Que les accords auxquels l’on a abouti les 14 et 15 mai 2012 soient respectés, comprenant la libération des détenus administratifs auxquels a été promise une libération à la fin de leurs ordres en cours, le rétablissement des visites familiales et la levée des mesures punitives utilisées contre les Palestiniens détenus par les Israéliens ;
– Un droit de visite sans restriction des médecins indépendants à tous les grévistes de la faim ;
– Le transfert immédiat d’Akram Rikhawi et de Samer al-Barq, ainsi que de tous les autres grévistes de la faim qui ont été en grève pendant plus de 40 jours vers des hôpitaux publics ;
– Qu’aucun gréviste de la faim ne soit enchaîné pendant son hospitalisation ;
– Que tous les grévistes de la faim –spécialement ceux à une étape avancée de la grève de la faim soit autorisés à avoir la visite de leur famille, pendant qu’ils sont encore lucides ;
– Que tous les renseignements concernant l’état de santé des prisonniers soient donnés à leur famille, en accord avec les normes de l’éthique médicale ;
– Que Hassan Safadi, Samer al-Barq et Omar Abo-Shalal, tout comme tous les autres détenus administratifs, soient immédiatement et inconditionnellement relâchés.
Traduit de l’anglais par Y. Jardin, Groupe de travail prisonniers