Palestine - 25/06/2013 - L’ancien prisonnier Abdel Nasser Ferwana, directeur du département des statistiques du ministère des prisonniers dans l’État de Palestine, a indiqué que la torture, à la fois physique et psychologique est devenu un élément essentiel du traitement quotidien des détenus palestiniens dans les prisons israéliennes.
Il a souligné que toutes les institutions internationales, régionales et locales n’ont pas réussi à mettre un terme à la torture pratiquée dans les prisons israéliennes, ou à poursuivre les auteurs de ces crimes et que les mécanismes de protections n’ont pas été à la hauteur des besoins de ces victimes.
Ferwana a fait part de ces remarques dans un rapport distribué à la presse à l’occasion de la Journée internationale contre la torture qui tombe le 26 Juin, jour qui a été choisi le 12 décembre 1997 par l’Assemblée générale des Nations Unies, comme la journée mondiale de soutien aux victimes pour célébrer le 26 juin 1987, date d’entrée en vigueur de la convention contre la torture.
Israël est le seul pays au monde qui a légalisé officiellement la torture dans ses prisons et ses camps de détention. En 1987, la Commission d’enquête dirigée par Moshe Landau, ancien président de la cour suprême, a émis des directives qui se sont traduites par la légalisation de la torture et en accordant l’immunité judiciaire pour ces auteurs, ce qui laissait les portes grandes ouvertes au service de sécurité intérieure (Shin Beth) et autre pour commettre plus de violations et de crimes et d’institutionnaliser ces pratiques criminelles.
Il poursuit en disant qu’il existe une corrélation entre la détention et la torture, tous ceux qui sont passés par l’expérience de la détention, indépendamment de leur sexe ou de leur âge ont été soumis à une forme de torture, physique ou psychologique, 100% de ceux qui ont été arrêtés ont été soumis à des traitements inhumains et dégradants, aux insultes, aux yeux bandés et aux mains menottées.
Il a ajouté que 93% des personnes arrêtées ont été secouées, giflées ou passées à tabac, 86% ont été soumis à la privation de sommeil, 92% maintenues debout pendant longtemps, 63% ont été enchainées en position du « Shabah », 97% n’ont pas reçu une alimentation saine et appropriée ou boire sainement et en temps opportun, 65% ont été exposées au froid et à la chaleur extrême, et que plus de 58% avaient été battues et ont subi des pressions sur les testicules.
En outre, les soldats et les enquêteurs ont utilisé des méthodes immorales pendant l’interrogatoire des prisonniers dans des proportions variables, en particulier avec les enfants en les dénudant de leurs habits, les harcelant sexuellement et les menaçant de viol. 90% des enfants détenus ont été victimes de violences inouïes et de tortures de la part des soldats israéliens, dans 18% des cas les enfants prisonniers ont été victimes de tentatives et de menaces sexuelles.
Les colonies se sont transformées en centres de tortures, d’extorsions et de marchandages, surtout avec les enfants, ce qui est devenu un phénomène courant au cours des quatre dernières années.
D’autres formes de torture ont été pratiquées à des degrés divers, tels que secouer violemment le détenu, l’enchainer en position du Shabah, l’obliger à se mettre à quatre pattes en imitant les cris d’animaux, l’obliger à boire de l’urine ou de l’eau chaude, le frapper à coups de matraques, de gaz lacrymogènes et parfois de le blesser à balles réelles, ou le battre sauvagement avec les crosses de fusils sur tout le corps.
Même les blessures sont mises à profit pour infliger des douleurs et des souffrances au détenu, l’électrocution, la privation de rencontrer un avocat ou la visite d’un parent, l’isolement, l’arrestation de l’épouse, de la sœur ou de la mère pour faire pression sur le détenu… Et d’autres méthodes qui sont le reflet de l’ampleur de la bassesse morale, culturelle et professionnelle de l’establishment israélien.
Ferwana à dénoncé le pouvoir judiciaire et les tribunaux militaires israéliens qui prennent compte d’informations et d’aveux extirpés par la force, sous la pression et la torture des détenus, même des enfants, pour les condamner ensuite à des peines allant jusqu’à la prison à vie.
Il a indiqué, d’après les statistiques disponibles, que 71 détenus sont morts sous la torture sur un total de 204 morts depuis 1967 jusqu’à aujourd’hui, en plus des dizaines de prisonniers décédés juste après leur libération suite aux maladies, à la torture subie et aux négligences médicales préméditées.
Yousef El-Jabali a été la première victime de la torture, mort le 4 Janvier 1968 à la prison de Naplouse, suivie par des dizaines d’autres, Qasem Abu Aker, Ibrahim Ra’ai, Abdul Samad Harizat, Attia Za’anin, Mostafa Akkaoui .. Arafat Jaradat, mort sous la torture dans la prison de Megiddo, le 23 Février de l’année dernière, et la liste est longue.
Il ajoute : « la torture dans les prisons et les centres de détention israéliens sont une violation fondamentale des droits de l’homme, une offense terrible et grotesque commise contre l’humanité, qui vise à détruire physiquement et moralement un être humain, détruire son caractère et changer son comportement, sa pensée et son style de vie ».
Ferwana lance à cette occasion un appel à toutes les organisations de droits humains et aux instances humanitaires internationales afin d’assumer leurs responsabilités envers ce qui se passe dans les prisons et les centres de détention israéliens comme tortures et mauvais traitements mortels , de travailler réellement et efficacement à l’échelle internationale pour mettre un terme à la torture avec ses formes multiples et diverses dont sont victimes des citoyens palestiniens dans les prisons israéliennes.
Aussi il appelle les institutions palestiniennes (organismes officiels et la société civile) à élaborer un plan stratégique pour faire face à la torture dans les prisons israéliennes et à ses effets dévastateurs sur la société palestinienne, aussi pour soutenir les détenus qui en sont victimes, de leur assurer des soins médicaux complets et libres pour une vie décente pour eux et leurs familles.
Traduction : Moncef Chahed
Groupe de Travail Prisonniers