Photo : Bombardement dans un quartier résidentiel de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza le 6 novembre 2023 - Crédit : Mohammed Zaanoun (Active Stills collective)
Victimes [1]
Gaza : 10 328 morts, dont 4 237 enfants ; près de 26 000 blessés
Cisjordanie et Jérusalem occupées : 163 morts
Faits principaux
– Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) indique que Gaza n’a reçu que 570 camions d’aide au cours du mois dernier, ce qui correspond à peu près à ce dont Gaza avait besoin quotidiennement avant le 7 octobre.
– Le ministère de l’intérieur de Gaza indique que près de 900 000 personnes se trouvent toujours dans le nord de la bande de Gaza, où se produisent la plupart des affrontements armés entre les résistants et les soldats israéliens.
– L’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique qu’Israël a mené 229 attaques contre des hôpitaux et des centres de soins de santé, qui ont entraîné la mort de 509 patients et membres du personnel médical et blessé 447 personnes.
– Israël détruit les panneaux solaires sur le toit de l’hôpital Shifa, le plus grand centre médical de la bande de Gaza, qui continue de fonctionner malgré le manque de personnel et de carburant nécessaire au fonctionnement des générateurs d’électricité.
– Près de 70 % de la population de Gaza est déplacée à l’intérieur du pays, 710 000 d’entre eux étant hébergés dans des installations de l’UNRWA.
– Au moins 163 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie et à Jérusalem. Quatre prisonniers palestiniens arrêtés après le 7 octobre sont morts en détention israélienne.
– Des centaines de Libanais participent au cortège funèbre de trois fillettes et de leur grand-mère dans le village de Blida, mardi matin.
– L’armée israélienne affirme avoir riposté à des tirs contre des sites du Hezbollah au Liban et avoir intercepté deux drones en Haute Galilée.
– Les États-Unis déploient un sous-marin nucléaire en mer Rouge dimanche, dernière démonstration de force en date dans la région.
Le chef de l’ONU : « Gaza devient un cimetière pour les enfants ».
La guerre d’Israël contre la bande de Gaza est entrée mardi dans son deuxième mois. Au moins 10 500 Palestiniens ont été tués et 24 000 blessés dans les frappes aériennes et les bombardements terrestres, qui ont visé des maisons, des écoles, des hôpitaux, des réservoirs d’eau, des panneaux solaires, des routes principales, des mosquées et des universités.
En moins d’un mois, on estime que 25 000 tonnes d’explosifs ont été larguées sur la bande de Gaza, une zone de 365 kilomètres carrés où vivent 2,3 millions de Palestiniens. La majorité d’entre eux sont des réfugiés dont les familles ont été expulsées ou ont fui leurs villes pendant la guerre de 1948.
Les bombardements israéliens sur Gaza ne laissent plus aucun espace sécurisé pour les Palestiniens. Le mois dernier, toutes les communications et Internet ont été coupés à Gaza, et les Palestiniens manquent toujours d’eau potable et de nourriture, tandis que les hôpitaux locaux continuent de pâtir de la pénurie de carburant et de fournitures médicales.
Avant la guerre, Gaza avait besoin de 500 camions d’aide humanitaire par jour pour soulager les effets de la crise et aider les hôpitaux à fonctionner. Un porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a déclaré à Al-Jazeera que Gaza n’avait reçu que 570 camions d’aide au cours du mois dernier. Le dernier convoi humanitaire entré dans l’enclave comprenait 92 camions, lundi dernier.
Au cours des dernières 24 heures, Israël a bombardé la maison de la famille Al-Astal à Khan Yunis, au sud de la bande de Gaza, tuant 12 personnes et en blessant 29 autres, a rapporté l’agence de presse Wafa. Les bâtiments voisins ont également été endommagés et des dizaines de personnes sont portées disparues sous les décombres.
Une autre maison appartenant à la famille Asref dans la zone de Maan, à l’est de Khan Yunis, a été visée par une frappe aérienne, tuant huit personnes des familles Jarghun et Barham.
La destruction de Gaza par Israël a contraint les Palestiniens dont les maisons ont été démolies à s’abriter chez des parents ou des voisins, ce qui a été le cas des Jarghuns et des Barhams. Mais cela ne les a pas protégés d’un nouveau bombardement.
Mardi matin, la maison de la famille Muqbel à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, a été attaquée, tuant au moins 25 personnes. Des dizaines de personnes ont également été blessées lorsqu’une série de raids aériens israéliens a attaqué cinq maisons à Rafah.
Israël a également bombardé massivement le quartier d’Al-Zaytoun, au sud de la ville de Gaza, et a détruit la mosquée Salah Din. Al-Zaytoun est d’une importance stratégique pour l’armée israélienne car il permet aux forces israéliennes d’atteindre le bord de mer de Gaza à l’ouest, divisant ainsi la bande de Gaza en deux parties, le nord et le sud.
Le ministère de l’intérieur de Gaza a déclaré que près de 900 000 personnes se trouvaient toujours dans la ville de Gaza et dans le nord de la bande de Gaza, malgré les bombardements intensifs et les menaces israéliennes de voir tous les habitants fuir vers le sud.
La plupart des affrontements armés entre les combattants de la résistance et les soldats israéliens ont lieu à Sheikh Radwan, dans la rue Rashid, à Beit Lahia, à Al-Zaytoun et dans les zones situées au nord de la ville de Gaza.
L’agence Wafa a rapporté que des maisons, des appartements, des jardins d’enfants, des routes et des infrastructures dans le quartier de Tal al-Hawa, au sud de la ville de Gaza, ont également été bombardés dans la nuit de lundi à mardi.
Le ministère de la santé de Gaza a indiqué que le nombre de morts dans la bande de Gaza s’élevait à 10 328 mardi après-midi. 4 237 d’entre eux sont des enfants et 2 800 personnes sont toujours portées disparues sous les décombres.
Le bureau des médias du gouvernement de Gaza a déclaré que 48 journalistes avaient été tués depuis le 7 octobre, dont Muhammad Abu Hasira, journaliste à Wafa, et Muhammad Abu Hattab, journaliste à Palestine TV, qui a été tué avec 11 membres de sa famille lors d’un raid aérien israélien sur leur maison à Khan Yunis la semaine dernière.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Israël a mené 229 attaques contre des hôpitaux et des centres de soins, qui ont causé la mort de 509 patients et membres du personnel médical et blessé 447 personnes.
Lundi, Israël a détruit les panneaux solaires situés sur le toit de l’hôpital Shifa, le plus grand centre médical de la bande de Gaza, qui continue de fonctionner malgré le manque de personnel et de carburant pour faire fonctionner les générateurs d’électricité.
Ghassan Abu Sitta, un médecin palestino-britannique de Médecins sans frontières, a écrit sur X : « Israël vient de détruire les panneaux solaires sur le toit de l’hôpital Shifa. Shifa DOIT s’éteindre. La nécropolitique d’Israël l’oblige à déclarer sa victoire sur un hôpital ».
Le Croissant-Rouge palestinien a déclaré lundi que l’hôpital Al-Quds, qu’il gère, a été contraint de fermer après qu’Israël a détruit 12 ambulances et que les routes menant à l’hôpital ont été coupées par des raids aériens. Il a également averti que l’hôpital Al-Quds pourrait cesser de fonctionner dans les 24 heures si les réservoirs de carburant s’assèchent.
Martin Griffiths, secrétaire général adjoint des Nations unies et coordinateur des secours d’urgence, a écrit sur X : « Nous avons besoin d’un cessez-le-feu humanitaire immédiat. Cela fait 30 jours. Trop c’est trop. Cela doit cesser maintenant. »
Mardi, M. Griffiths a déclaré que l’assassinat de 10 000 Palestiniens en un mois « met au défi l’humanité ».
Près de 70 % de la population de Gaza est déplacée à l’intérieur du pays. 710 000 d’entre eux sont actuellement hébergés dans les locaux de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).
L’UNRWA a indiqué dans un rapport publié lundi qu’elle avait perdu 79 membres de son personnel dans la guerre et 48 de ses bâtiments, dont des écoles, qui ont été endommagés par les bombardements israéliens.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a déclaré lundi que « le cauchemar de Gaza est plus qu’une crise humanitaire. C’est une crise de l’humanité ».
« Gaza est en train de devenir un cimetière pour les enfants. Des centaines de filles et de garçons sont tués ou blessés chaque jour. En quatre semaines, plus de journalistes auraient été tués que dans n’importe quel conflit depuis au moins trente ans. Plus de travailleurs humanitaires des Nations Unies ont été tués qu’au cours de n’importe quelle période comparable dans l’histoire de notre organisation », a déclaré António Guterres.
Le chef de l’ONU a également averti que la Cisjordanie et Jérusalem occupées sont « à un point d’ébullition ».
Le nombre de morts en Cisjordanie atteint 163 alors qu’Israël poursuit sa campagne d’arrestations
Lundi soir, sept Palestiniens ont été tués en Cisjordanie occupée, dont quatre dans la ville de Tulkarem.
Il s’agit d’Izz al-Din Awad, membre des Brigades Qassam, de Jihad Maharaj Shehadeh, chef du bataillon de réaction rapide à Tulkarem, de Qasim Rajab et de Moamen Balawi. Une force militaire israélienne a fait une incursion à Tulkarem tôt lundi et les a abattus alors qu’ils se trouvaient à l’intérieur d’un véhicule.
Mahmoud Taqatqa, 18 ans, a été tué lundi soir d’une balle dans la tête à Beit Fajjar, au sud de Bethléem. Les forces israéliennes ont tiré des balles réelles, des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes sur des manifestants à Beit Fajjar, blessant trois personnes.
Au moins 163 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie et à Jérusalem depuis le 7 octobre.
Mardi matin, des centaines de Palestiniens ont participé à la procession funéraire de Saad Nimr Al-Froukh, 24 ans, dans la ville de Sair, au nord-est d’Hébron.
Selon Wafa, Nimr Al-Froukh a été abattu par les forces israéliennes qui ont pris d’assaut la ville de Sair ce matin, et a blessé deux autres personnes. Son frère Mujahid Nimr Al-Froukh, 31 ans, a été tué il y a trois jours par des colons israéliens.
Le ministère de la santé de l’Autorité palestinienne (AP) a déclaré que depuis janvier, 371 personnes ont été tuées par les forces israéliennes ou des colons en Cisjordanie.
Lundi soir, Israël a annoncé la mort d’un officier de la police militaire, une unité de l’armée israélienne, après qu’elle a été poignardée par un Palestinien de 16 ans. Un autre officier israélien a été blessé lors de l’attaque à l’arme blanche au poste de police situé à l’extérieur de la vieille ville de Jérusalem.
Selon Wafa, Israël a arrêté 2 200 Palestiniens en Cisjordanie depuis le 7 octobre. Au cours des dernières 24 heures, 56 Palestiniens ont été arrêtés, dont 11 dans les villages d’Al-Mughayir, de Kafr Nima, d’Al-Bireh et de Beitunia à Ramallah.
Quinze personnes ont été arrêtées dans la partie occupée de Jérusalem et 22 dans les villes de Bani Naim, Dura et Al-Samu à Hébron.
La Commission des prisonniers et le Club des prisonniers de l’Autorité palestinienne ont averti que quatre personnes arrêtées après le 7 octobre étaient mortes en détention. Elle a accusé Israël de mener une « opération d’assassinat systématique et préméditée contre les prisonniers ».
Majed Ahmed Zaqoul, 32 ans, originaire de la bande de Gaza, est mort dans la prison militaire d’Ofer. Les forces israéliennes l’avaient arrêté en même temps que des milliers de travailleurs de Gaza qui se trouvaient en Israël et en Cisjordanie lorsque la guerre a éclaté le 7 octobre.
Zakul avait quitté la bande de Gaza pour s’installer en Cisjordanie il y a trois ans et travaillait en Israël depuis six mois. La Commission et le Club des prisonniers ont indiqué qu’un quatrième Palestinien est mort dans le camp d’Antot, mais son identité n’a pas encore été établie.
Il y a 7 000 Palestiniens dans les prisons israéliennes, dont 62 femmes. 2 070 prisonniers purgent des peines de détention administrative, une politique utilisée par Israël pour détenir indéfiniment des Palestiniens sans inculpation ni jugement.
Bisher al-Khasawneh, premier ministre jordanien, a mis en garde contre la poursuite des bombardements sur la bande de Gaza et les tentatives d’expulsion des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.
Il a déclaré qu’un tel acte de la part d’Israël serait considéré comme une « déclaration de guerre ».
Combats intenses avec le Liban alors que les États-Unis envoient un sous-marin nucléaire en guise de démonstration de force.
Des centaines de Libanais ont participé aux funérailles de trois fillettes et de leur grand-mère dans le village de Blida, mardi matin.
Samira Abdel Hussein Ayoub et ses petites-filles Remas, Talin et Layan Shor ont été tuées dimanche lors d’un raid israélien alors qu’elles tentaient de fuir à bord d’une voiture civile les bombardements sur le sud du Liban.
Depuis le 8 octobre, les combattants du Hezbollah et les forces israéliennes échangent des tirs le long de la frontière du nord de la Palestine occupée. Le Hezbollah a attaqué des radars et des bases militaires israéliens, tandis qu’Israël a lancé des raids et des tirs d’artillerie sur le Liban.
Lundi soir, l’armée israélienne a déclaré que des sirènes avaient retenti à Shtula, Shlomi, Ras al-Naqoura, Akka et Nahariyya après avoir été la cible d’obus et de roquettes en provenance du Liban. Elle a indiqué avoir recensé 14 attaques sur des sites situés au nord de la Palestine occupée.
Lundi, l’intensité des combats le long des frontières libanaises s’est accrue. Il a été conseillé aux derniers habitants de Kiryat Shmona d’évacuer les lieux. Le Hezbollah a signalé l’attaque de radars, de caméras de télévision en circuit fermé et de tours satellites dans les régions d’Al-Raheb, d’Al-Malikia et de Jall ed Deir.
La branche libanaise du Hamas a déclaré avoir tiré 16 roquettes sur Nahariyya et le sud de Haïfa.
L’armée israélienne a déclaré avoir riposté à des tirs contre des sites du Hezbollah au Liban et avoir intercepté deux drones en Haute Galilée.
La guerre en cours à Gaza menace d’étendre le conflit à l’ensemble de la région. Lundi, le Pentagone a annoncé que ses bases militaires et ses forces en Syrie et en Irak avaient été attaquées 38 fois en moins d’un mois, dont six fois au cours des deux derniers jours, blessant 46 militaires américains.
« Les blessures peuvent être des éclats d’obus, des maux de tête, des tympans perforés, des acouphènes, des chevilles roulées », a déclaré le secrétaire de presse du Pentagone, le brigadier-général Pat Ryder.
Lundi matin, deux attaques de drones ont été lancées contre la base aérienne d’Al-Asad, dans l’ouest de l’Irak, et un autre drone a visé la base d’Al-Tanaf, en Syrie. Les États-Unis ont accusé les milices soutenues par l’Iran en Irak d’être à l’origine de ces attaques.
Les États-Unis ont également déployé un sous-marin nucléaire en mer Rouge dimanche, dernière démonstration de force dans la région, après l’envoi de troupes et le déploiement de deux porte-avions et de plusieurs destroyers en Méditerranée orientale.
Des retombées diplomatiques en cours
La guerre coûte également à Israël sur le plan diplomatique.
L’Afrique du Sud est le dernier pays en date à avoir rappelé son ambassadeur et tous ses diplomates de Tel-Aviv.
Naledi Pandor, ministre des affaires étrangères [d’Afrique du Sud], a déclaré : « Nous sommes extrêmement préoccupés par la poursuite des meurtres d’enfants et de civils innocents dans les territoires palestiniens et nous pensons que la nature de la réponse d’Israël est devenue une punition collective ».
« Nous avons estimé qu’il était important de signaler l’inquiétude de l’Afrique du Sud tout en continuant à appeler à une cessation globale [des hostilités] », a ajouté Mme Pandor.
La Russie s’est également inquiétée des remarques faites par un ministre israélien sur la possibilité d’utiliser des armes nucléaires dans la bande de Gaza comme l’une des options dans la guerre.
Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, a déclaré mardi que le commentaire du ministre du patrimoine Amihai Eliyahu soulevait des questions.
« Nous entendons donc des déclarations officielles sur la présence d’armes nucléaires ? » a demandé Mme Zakharova. Elle a ajouté que l’Agence internationale de l’énergie atomique devrait procéder à des inspections.
Israël n’a jamais officiellement admis posséder des bombes nucléaires, bien que la question soit devenue un secret de polichinelle à la suite de la fuite de certains détails du réacteur de Dimona dans les années 1980 par Mordechai Vanunu, qui travaillait comme technicien au Centre de recherche nucléaire du Néguev de Shimon Peres.
Traduit par : AFPS