Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a décidé de ne pas rendre aux Palestiniens le corps du prisonnier de sécurité Nasser Abu Hamid, l’un des fondateurs des bataillons des martyrs d’al-Aqsa, décédé d’un cancer mardi au centre médical Assaf Harofeh.
Dans sa déclaration de mercredi matin, Gantz a rejeté les allégations palestiniennes d’une quelconque implication israélienne dans la mort d’Abu Hamid. Selon Gantz, la décision de ne pas rendre le corps a été prise sur recommandation des responsables de la sécurité et "conformément à la décision du cabinet sur la question de la rétention des corps dans le but de rapatrier les captifs et les disparus israéliens."
Mardi, les Palestiniens ont annoncé une grève générale en Cisjordanie, et ont appelé à des processions de deuil suite à la mort d’Abu Hamid, tandis que les prisonniers de sécurité dans les prisons israéliennes ont également déclaré une grève de la faim. Les services pénitentiaires israéliens ont été mis en état d’alerte pour éviter les émeutes dans les prisons.
L’administration des prisonniers palestiniens a publié un communiqué déplorant la mort d’Abu Hamid, accusant Israël de négligence médicale, et appelant les pays à faire pression sur Israël pour qu’il restitue les corps des Palestiniens qu’il détient. Selon l’administration, Israël détient les corps de 118 Palestiniens qui ont été tués - dont beaucoup à la suite d’attaques contre des Israéliens - depuis 2016.
La famille d’Abu Hamid a déclaré qu’elle n’avait pas l’intention d’exercer des pressions sur les organisations palestiniennes afin de rapatrier le corps d’Abu Hamid. "Nous connaissons et sommes conscients de la conduite criminelle de l’occupation, et nous ne sommes pas surpris par la décision de Gantz" a déclaré le frère d’Abu Hamid, Naji, lors d’une conférence de presse à Ramallah. "Nasser est mort suite à une négligence médicale criminelle, et suite à la pression de la droite, ils disent maintenant que son corps sera retenu comme monnaie d’échange."
Des milliers de Palestiniens ont défilé en Cisjordanie pour commémorer la mort d’Abu Hamid. Selon un rapport, des militants masqués ont tiré des coups de feu en l’air lors d’une procession à Ramallah. Les magasins et les entreprises étaient également fermés.
D’autres rassemblements de deuil ont eu lieu à Naplouse, Hébron et dans la bande de Gaza. Le secrétaire général du comité exécutif de l’OLP, Hussein al-Sheikh, a appelé les "autorités d’occupation à remettre le corps du prisonnier martyr à sa famille afin qu’elle puisse lui rendre un dernier hommage."
Après la mort d’Abu Hamid, Hussein al-Sheikh - le secrétaire général du comité exécutif de l’OLP - a appelé Israël à libérer son corps. "Nous exigeons que les autorités d’occupation remettent le corps du martyr prisonnier", a tweeté al-Sheikh.
Le Président palestinien, Mahmoud Abbas, et le Premier ministre, Mohammad Shtayyeh, ont également publié une déclaration de deuil et appelé la Croix-Rouge et les organisations internationales de défense des droits de l’Homme à travailler avec le gouvernement israélien pour libérer les prisonniers de sécurité palestiniens malades.
Abu Hamid est considéré comme un proche confident de Marwan Barghouti, un dirigeant éminent du Fatah, et a été condamné sur la base du fait qu’il a admis sa responsabilité dans des attaques au cours desquelles sept Israéliens ont été assassinés, sur la base de 12 chefs d’accusation de tentative de meurtre ainsi que de conspiration de meurtre et d’activité dans une organisation terroriste. Les juges israéliens ont écrit dans la sentence d’Abu Hamid que les sept peines de prison à vie ont été imposées "pour chaque âme" qu’il a assassinée.
Traduction : AFPS