Visite de Salah Hamouri à Bourg
Intervention de Salah le 10 avril aux Vennes
"Tout d’abord je veux vous remercier pour tout ce qui a été fait pour moi et pour les prisonniers politiques ; la confiance, elle est arrivée dans la voiture [en arrivant à Bourg] ; toute la mémoire a commencé à revenir ; je vous remercie pour le travail qui a été fait ;
Chaque personne qui a envoyé une carte, une lettre, qui a apporté quelque chose pour la cause des prisonniers politiques… toutes les choses qui ont été faites ensemble, elles nous ont bien soutenu… là-bas dans les prisons…la mobilisation qui a été faite ici, on l’a bien reçue malgré la distance en prison ; je vous remercie aussi au nom des prisonniers politiques de votre soutien, votre solidarité, votre mobilisation parce que votre lutte là, ici en France, elle arrive jusqu’à nous, loin là-bas… dans nos cellules fermées ; votre voix arrive jusque là-bas ; votre résistance elle arrive jusque là-bas… Je sais bien que ma liberté aujourd’hui, ma liberté [retrouvée] il ya 3 mois c’est grâce à vous, à vos efforts… ça m’a donné de plus en plus la conviction que votre solidarité votre mobilisation, votre lutte collective sur des bases communes, ont unifié notre lutte vers la liberté l’indépendance. C’est le but sacré, c’est le droit de tout le monde, et aussi les droits du peuple palestinien…
Merci au nom de ces prisonniers qui se trouvent encore là-bas…
Jean-Claude l’a déjà dit, on parle de 4600 prisonniers qui se trouvent encore dans les prisons, de 123 prisonniers qui y ont passé plus de 25 ans et ils continuent jusqu’à aujourd’hui… On parle des enfants de 8 ans 9 ans 10 ans qui se trouvent dans les prisons israéliennes sous un prétexte sécuritaire… Moi je me demandais toujours, comment un enfant de 8, 10 ans il va faire quoi devant un État qui a 250 bombes nucléaires… Alors je crois que seulement la prison est un moyen de destruction de la société palestinienne ; c’est pas comme ils disent un moyen de défense de l’État d’Israël... Aussi on vous parle de prisonniers qui se trouvent dans un isolement total, qui passent 23 heures sur 24 isolés tout seuls dans leurs cellules ; ils ont droit de sortir seulement 1 heure par jour ; le prisonnier doit choisir s’il va être menotté aux mains ou aux pieds quand il va sortir tout seul dans la cour ! il n’a droit à aucun contact avec l’extérieur : alors là c’est la mort lente pour les prisonniers qui se trouvent dans de telles situations ;
Aussi je veux parler des prisonniers de la Bande de Gaza – on parle là d’un vrai drame - qui se trouvent depuis l’année 2006 jusqu’à aujourd’hui – privés de tout contact – aucune visite des parents …
L’occupant refuse de leur donner le droit de visite.. Il y avait la guerre en 2008 [à Gaza] ; il y a des prisonniers qui ont pu seulement savoir que leurs proches ou leurs parents étaient morts seulement 1 mois ou 2 mois après la guerre ; ils n’avaient aucun contact avec l’extérieur… On parle d’hommes âgés il y a aussi des prisonniers malades qui ont besoin d’opérations qu’Israël refuse de leur faire ; 18 prisonniers malades du cancer qu’Israël refuse de libérer. Ils libèrent seulement les prisonniers quand le docteur de la prison a dit : il reste à ce prisonnier là 1 ou 2 mois à vivre ; surtout il y a plusieurs personnes que moi j’ai déjà vues, un du plateau du Golan, un de Cisjordanie qui a passé 23 ans en prison… il avait un cancer… après une opération, le docteur a dit : ce prisonnier il a 2 mois à vivre ; après il va mourir… il est parti heureusement mais il n’est pas mort dans les 2 mois… il a survécu 6 mois mais alors le 5e mois, les israéliens ont voulu le remettre en prison parce qu’il n’était pas mort ! il est pas retourné ! il est mort juste après… ça, c’est un nettoyage ethnique d’une population parce que quand on parle d’un prisonnier , on ne parle pas seulement de lui, on parle de sa famille, de ses proches qui sont aussi détenus avec lui… Il n’y a pas une famille qui peut vivre avec son enfant en prison ; un enfant avec son père en prison alors on parle de la détention d’une société toute entière…
Je crois bien qu’une société [la société israélienne] qui reçoit l’appui des grandes forces du monde, elle va pas arrêter ses crimes ; elle va pas arrêter ses massacres ! Alors je crois bien que notre mobilisation, notre tension , elle doit être faite sur le gouvernement français et sur les grands États pour les obliger d’arrêter leur occupation, de respecter l’application de toutes les résolutions internationales. J’espère bien que nous, ensemble, maintenant et dans le futur, on pourra faire quelque chose pour aider ces gens là et pour continuer la lutte avec le peuple palestinien."
(Script Michel Sarbach)